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Plus de deux millions de musulmans à La Mecque pour le "hajj": l'un des piliers de l'islam inspiré de l'époque d'Abraham

Plus de deux millions de musulmans entament ce vendredi le pèlerinage annuel à La Mecque en Arabie saoudite. Les autorités mettent en garde contre toute tentative de politisation de ce rassemblement religieux sur fond de tensions persistantes dans le Golfe.

Le pèlerinage annuel à La Mecque, ville sainte de l'ouest de l'Arabie saoudite, est l'un des cinq piliers de l'islam que tout fidèle est censé accomplir au moins une fois dans sa vie, s'il en a les moyens.

Le hajj s'effectue une fois par an au début du mois lunaire musulman "dhou al-hajja". En revanche, le petit pèlerinage, ou Omra, peut être accompli tout au long de l'année.

Les autres obligations rituelles définies par la loi islamique, les "piliers de la religion", sont la profession de foi, la prière, le jeûne et la zakat (aumône).


Le hajj comporte plusieurs étapes codifiées

- "Ihram" (sacralisation):

Quand il arrive dans un périmètre fixé autour de La Mecque, le fidèle doit être purifié et ne porter que des pièces de tissu blanc non cousues pour les hommes, alors que les femmes portent des habits couvrant entièrement le corps, à l'exception des mains et du visage.

Les pèlerins ne doivent pas se parfumer, ni se couper les cheveux ou les ongles. Ils doivent s'abstenir de toute querelle et de toute relation sexuelle.


- "Tawâf":

A son arrivée à La Mecque, le pèlerin fait sept fois le tour de la Kaaba autour de laquelle a été construite la Grande mosquée, et en direction de laquelle les musulmans prient cinq fois par jour. S'il le peut, il touche et embrasse la pierre noire incrustée dans l'un des coins de la Kaaba.


- "Sa'i":

Le fidèle doit ensuite faire à sept reprises le chemin entre Safa et Marwa, distants de 400 mètres et proches de la Grande mosquée, sur les pas de Hajar, épouse du prophète Abraham. Selon la tradition, elle avait couru entre ces deux lieux pour chercher de l'eau pour son fils, le prophète Ismaïl, jusqu'à ce que la source de Zamzam jaillisse à ses pieds.

Une fois ce rituel accompli, le fidèle se rend dans la vallée de Mina, à cinq kilomètres à l'est de la Grande mosquée, pour y passer la nuit.


- Mont Arafat

Au petit matin, les fidèles convergent vers le mont Arafat ou Jabal al-Rahma, mont de la Miséricorde, temps fort du pèlerinage. L'étape au mont Arafat est dédiée aux prières et aux invocations.

C'est sur le mont Arafat que le prophète Mahomet a prononcé, selon la tradition musulmane, son prêche d'adieu aux musulmans qui l'avaient accompagné pour le pèlerinage à la fin de sa vie.


- Lapidation des stèles

A la tombée de la nuit, les pèlerins refluent sur la plaine de Mouzdalifa pour se préparer le lendemain à l'Aïd al-Adha qui consiste à sacrifier une bête à la mémoire d'Abraham. Ce dernier avait failli immoler son fils Ismaïl avant que l'ange Gabriel ne lui propose in extremis de sacrifier un mouton à sa place, selon la tradition.

Les fidèles se consacrent ensuite à la lapidation des stèles représentant Satan à Mina. Il faut jeter sept pierres le premier jour sur la grande stèle, et 21 pierres le lendemain ou le surlendemain sur les trois stèles (grande, moyenne, petite).

C'est pendant le rituel de lapidation, qu'une bousculade avait coûté la vie à quelque 2.300 pèlerins en 2015.
 
Le pèlerinage se termine par de nouvelles circonvolutions autour de la Kaaba.


Origines du hajj

Le pèlerinage s'inspire d'une tradition antérieure à l'islam, qui remonte à Abraham, patriarche biblique vénéré par les musulmans comme par les juifs et les chrétiens. La Kaaba abritait des centaines d'idoles anté-islamiques, détruites en 630 par Mahomet lors de son retour triomphal à La Mecque.



Eviter un nouveau drame

Gérer les flux ininterrompus de pèlerins et garantir leur sécurité lors du hajj, l'un des plus grands rassemblements religieux au monde, représentent un énorme défi logistique pour le royaume saoudien.

Des dizaines de milliers de membres des forces de l'ordre sont mobilisés pour éviter tout nouveau drame lors du pèlerinage, endeuillé dans le passé par des bousculades sanglantes, la plus meurtrière ayant fait en 2015 près de 2.300 morts lors du rituel de la lapidation de Satan.

On se sent purifié en accomplissant le hajj, un pilier de l'islam

En tout, quelque 2,5 millions de fidèles, étrangers ou vivant en Arabie saoudite, doivent accomplir cette année le hajj, selon la presse locale.

"Toutes les institutions de l'Etat sont mobilisées" et "nous sommes fiers de servir les 'hôtes de Dieu'", a déclaré à la presse le porte-parole des forces de sécurités Bassam Attia.

Selon un responsable du ministère du hajj, Hatem ben Hassan Qadi, "plus de 1,8 million de visas ont été délivrés en ligne, sans passer par les consulats. C'est une réussite".
 
Venus du monde entier, des flots de fidèles ont afflué vers la Mecque dans l'ouest de l'Arabie saoudite pour accomplir le hajj, l'un des cinq piliers de l'islam que tout musulman est censé accomplir au moins une fois dans sa vie s'il en a les moyens.

"On se sent purifié en accomplissant le hajj, un pilier de l'islam, et on rencontre des gens du monde entier. C'est grandiose", s'exclame Mohamed Jaafar, un Egyptien de 40 ans.

"C'est un sentiment indescriptible. Il faut le vivre pour comprendre", murmure une Algérienne quinquagénaire qui accomplit le hajj pour la première fois. "C'est une occasion en or", dit une femme qui l'accompagne.


La Kaaba, structure cubique sacrée

Construite sur une vallée désertique et interdite aux non-musulmans, La Mecque abrite la Kaaba, une structure cubique drapée dans une étoffe noire brodée d'or, au coeur de la Grande mosquée.

C'est vers elle que les musulmans du monde entier se tournent pendant leurs cinq prières quotidiennes. Les pèlerins doivent effectuer sept tours de la Kaaba.
 
Le hajj est un ensemble de rites codifiés qui se déroulent au coeur de la ville sainte de l'islam et ses environs.

Ce vendredi, les pèlerins assisteront à la prière hebdomadaire dans la Grande mosquée.


Des centaines de milliers de tentes

Les processions d'hommes et de femmes afflueront ensuite à Mina près de la Mecque, à pied ou dans des bus mis à disposition par les autorités.

Mina, une étroite vallée surplombée de montagnes rocailleuses, est transformée chaque saison du hajj en un immense camp de tentes blanches destinées à abriter les pèlerins.

Quelque "350.000 tentes climatisées ont été dressées", a déclaré un responsable saoudien.

Samedi, les fidèles entameront l'ascension du mont Arafat, appelé aussi Mont de la Miséricorde, pour prier et se recueillir avant de remettre le cap sur Mina pour le rituel de la lapidation de Satan.

Ce rituel marque le début de l'Aïd Al-Adha ou la fête du sacrifice célébrée dimanche. Les pèlerins doivent se rendre une dernière fois à la Grande mosquée pour un "tour d'adieu" à la Kaaba.


Sur fond de tensions dans le Golfe

Le hajj se déroule cette année dans un contexte de vives tensions dans le Golfe, marquées en mai et juin par une série d'attaques contre des pétroliers, un drone abattu et des tankers arraisonnés.

Grand rival de l'Iran, l'Arabie saoudite et son allié américain accusent Téhéran, qui dément, d'être derrière les attaques.

Selon l'agence iranienne Tasnim, quelque 88.550 Iraniens participent au hajj cette année, en dépit de la rupture des relations diplomatiques entre Ryad et Téhéran.

Comme tous les ans, les autorités saoudiennes mettent en garde contre toute tentative de politisation du hajj.

L'Arabie saoudite et le Qatar, son voisin, ont rompu leurs relations diplomatiques en 2017 et la crise a abouti à une restriction des mouvements de citoyens qataris vers le royaume. Ryad affirme que cette crise ne concerne pas le hajj.

Cependant, "très peu de Qataris sont arrivés à La Mecque pour le pèlerinage", a dit le responsable au ministère saoudien du hajj.

Le ministère a accusé le "régime qatari de politiser le hajj et de mettre des obstacles devant les pèlerins du Qatar".

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