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Pologne : manifestations pour le droit à l'avortement en Pologne

Les Polonais sont descendus dans la rue par milliers vendredi pour des manifestations de "vendredi noir", contre un projet de loi destiné à durcir la loi anti-avortement, déjà parmi les plus restrictives d'Europe, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A Varsovie, des jeunes femmes vêtues de noir brandissaient, dans un mouvement coordonné, des grandes paumes rouges en carton portant l'inscription "Stop". D'autres des placards avec des slogans tels que "Vos chapelles, nos utérus", "Nous voulons avoir le choix, pas la terreur". manifestations pour

Plus tôt dans la journée, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Nils Muižnieks, a averti la Pologne que ce projet interdisant l'avortement en cas de malformation du fœtus était incompatible avec les engagements du pays en matière des droits de l'homme.

Les manifestants - environ 55.000 femmes et hommes selon la mairie libérale de Varsovie - ont répondu à l'appel d'organisations féministes, à l'origine de ce "vendredi noir", pour entamer devant le parlement une marche qui a abouti devant le siège du parti conservateur Droit et Justice (PiS), favorable à ce projet, avant de se disperser sans incidents. Le bâtiment était entouré par un très important dispositif policier.

Une autre manifestation a débuté parallèlement devant le siège de l'archevêché de Varsovie, s'arrêtant au passage devant toutes les églises, pour dénoncer la pression exercée par l'épiscopat catholique de Pologne sur les hommes politiques concernant cette question.

"Je suis là parce que je suis en rage. (…) Les hommes politiques rentrent avec leurs bottes dans les affaires qui les regardent pas, qui sont mes affaires personnelles, intimes! (...) Je dis non!", a déclaré à l'AFP Joanna Olech, écrivaine participant à la manifestation. "Nous prenons nos décisions dans notre conscience et ne voulons pas que les évêques ou d'autres hiérarques le fassent à notre place!", a-t-elle ajouté.

Des rassemblements ont été organisés dans plusieurs autres villes du pays : Poznan (ouest), Wroclaw (sud-ouest), Cracovie (sud), Gdansk (nord) et Szczecin (nord-ouest).

Si le texte présenté par le comité Stop Avortement est adopté par le Parlement, l'IVG ne sera plus autorisée que dans deux cas : risque pour la vie ou la santé de la mère et grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste.

Il "supprimera la possibilité de mettre fin à la grossesse en cas de sévère malformation du fœtus, y compris dans les cas où une telle malformation est à issue fatale", a écrit le commissaire aux droits de l'homme. "Une telle disposition serait incompatible avec les obligations de la Pologne envers la loi internationale sur les droits de l'homme".

M. Muiznieks a pressé le parlement polonais de "rejeter cette proposition législative et toute autre proposition qui vise à limiter encore l'accès des femmes à leurs droits concernant la sexualité et la procréation".

Selon l'animatrice du comité Stop Avortement, Kaja Godek, cette loi "représente chaque jour la vie de trois êtres humains". Selon elle, les malformations ont été en 2016 à l'origine de 1.046 - soit 96% - des avortements légaux pratiqués en Pologne.

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