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Pour le Nouvel An, Paris met à l'honneur ses militaires engagés contre l'EI

La ministre française des Armées Florence Parly a fêté lundi en Jordanie le Nouvel An avec les militaires engagés dans la lutte contre le groupe Etat islamique, en martelant la nécessité d'"achever le travail" avant le retrait annoncé de Syrie de l'allié américain.

"A votre arrivée (en 2014), le mandat était clair: détruire Daech (acronyme arabe de l'EI, ndlr). Il n'a pas changé. Nous avons une mission à terminer", a-t-elle déclaré devant un parterre d'aviateurs, sur la base aérienne projetée "H5" depuis laquelle des avions de combat français opèrent contre l'EI dans la Syrie voisine, dans le cadre de l'opération Chammal (volet français de l'opération internationale contre le groupe ultraradical en Irak et Syrie).

"Je suis venue ici pour le redire: la France continue le combat contre le jihadisme" et "dès demain, je compte sur vous pour poursuivre la tâche", a-t-elle fait valoir, en rappelant la série d'attentats commandités par l'EI qui ont ensanglanté la France depuis 2015.

Mi-décembre, Donald Trump a pris de court ses alliés en annonçant le départ des 2.000 soldats américains stationnés en Syrie.

"C'est une décision brutale, unilatérale" de la part du pays qui dirige la coalition anti-EI, a déploré la ministre devant les troupes françaises, dont elle a salué "l'engagement exemplaire, courageux, essentiel".

Lundi, le président américain a semblé temporiser en évoquant un retrait "lent". Une déclaration via Twitter accueillie avec prudence. "+Lent+ ne veut pas forcément dire un nombre de semaines très précis, nous verrons", a réagi Mme Parly auprès de quelques journalistes en rappelant que "les modalités de ce retrait sont encore en discussions".

- 'encore beaucoup de travail' -

"Nous ne partageons pas complètement l'analyse du président Trump: nous considérons que cette lutte contre Daech n'est pas tout à fait finie", a-t-elle répété. Mais "j'ai l'espoir que ce travail puisse être achevé. Il faut utiliser de façon efficace le laps de temps qui nous sépare d'un retrait effectif, dont nous ne connaissons pas encore la date".

Après avoir conquis de vastes territoires en 2014 en Syrie, l'EI a essuyé de nombreux revers ces deux dernières années sous le coup d'offensives distinctes menées par l'armée syrienne et ses alliés ainsi que par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde soutenue par la coalition internationale emmenée par Washington.

Mais le groupe jihadiste conserve quelques réduits dans l'est de la Syrie et demeure capable de commettre des attentats meurtriers à travers le monde.

"Il reste encore beaucoup de travail pour récupérer la moyenne vallée de l'Euphrate", confirme sur la base jordanienne le capitaine français Guillaume, devant son Rafale armé de quatre bombes A2SM, prêt à partir en mission au petit matin pour appuyer les troupes qui se battent au sol en Syrie.

Il paraît très difficile d'éradiquer pour de bon l'organisation ultraradicale sans le concours des Etats-Unis, auteurs à seuls de près de 90% des frappes contre l'EI, admet le gouvernement français.

Paris mobilise de son côté 1.200 militaires au profit de la coalition, via des opérations aériennes (5 à 10% des frappes), des forces spéciales en Syrie, de l'artillerie et des sessions de formation de l'armée irakienne.

"Les Etats-Unis jouent un rôle très important (...), permettant à nos propres moyens de guider nos tirs. Il n'est pas évident qu'il soit réaliste ou efficace" de continuer sans eux, reconnaît Mme Parly.

"Les Américains ont mis une part très importante des moyens critiques, qu'il s'agisse du renseignement, des capacités de ciblage, de ravitaillement aérien etc", détaille-t-on dans l'entourage de la ministre.

Mais "le calendrier de retrait américain n'est peut-être pas incompatible avec le fait de s'emparer des dernier territoires de Daech, s'il est suffisamment long et l'avancée des forces kurdo-arabes suffisamment rapide", avance un haut gradé français.

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