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Pour les JO de 1964, Tokyo se métamorphose

En 1964, Tokyo accueille du 10 au 24 octobre les tout premiers Jeux olympiques organisés en Asie, l'occasion pour le pays de montrer au monde ses prouesses technologiques et de se doter d'infrastructures modernes.

Voici le récit à partir des dépêches de l'AFP de l'époque de ces Jeux, qui symbolisent pour les Japonais le redressement économique d'après-guerre et leur retour dans le concert des nations, moins de vingt ans après la défaite à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.

"Une semaine historique débute pour le Japon. Jamais il n'aura souhaité la bienvenue à tant d'étrangers", relate l'AFP, à six jours du coup d'envoi. Le pays attend 20.000 touristes, 6.348 athlètes étrangers, 1.500 officiels, 2.000 journalistes... et d'après Interpol, 400 pickpockets.

- 36 sites olympiques -

Pour les recevoir, l'équipement hôtelier de la capitale, plus grande ville du monde avec 10,6 millions d'habitants, a été augmenté de moitié et porté à 30.000 chambres avec une dizaine de nouveaux hôtels, dont quatre super-palaces.

La construction de 36 sites olympiques a été achevée une semaine avant la cérémonie d'ouverture. Parmi les sites emblématiques, le Nippon Budokan, construit pour abriter le judo, le sport national nippon qui fait son entrée parmi les sports olympiques.

Le toit incurvé de ce bâtiment octogonal, tout proche du Palais impérial, évoque le Mont Fuji.

Egalement bâti pour l'occasion, le Gymnase national de Yoyogi, oeuvre de l'architecte japonais Kenzo Tange, futur prix Pritzker (l'équivalent du Nobel pour l'architecture), ainsi qu'un stade olympique.

Pour symboliser le Japon pacifique d'après-guerre, le choix du dernier relayeur de la flamme olympique s'est porté sur Yoshinori Sakai, un athlète japonais né le 6 août 1945, jour du largage de la bombe atomique sur Hiroshima.

- Visage de Tokyo bouleversé -

En amont des JO, c'est toute la ville qui a été transformée pendant plusieurs années en "un immense chantier".

"Partout on se mit à creuser, piocher, détruire pour reconstruire (...) certains n'hésitèrent pas à prédire un +énorme fiasco+ pour les jeux d'octobre 1964, mais quand ils revinrent à Tokyo cette année, ils constatèrent que tout était prêt, et remarquablement prêt", relève une dépêche à l'issue des Jeux.

"Pour faire +respirer+ ce qui n'était jusqu'à présent en grande partie qu'un immense assemblage de villages menacé d'étouffement par les difficultés de circulation, un vaste réseau de voies routières, totalisant 113 kilomètres, tantôt surélevées à la hauteur d'un deuxième étage au-dessus des voies existantes, tantôt plongeant dans le sous-sol, a été ouvert à travers les usines ou les immeubles à carcasse métallique qui remplacent progressivement les petites maisons de bois", explique une autre dépêche, à la veille de l'événement.

Ont également été construits une autoroute de 27 km qui relie le village olympique à l'aérodrome de Haneda en passant par le quartier de Ginza, ainsi que trois nouvelles lignes de métro, donnant naissance à la plus grande station souterraine, longue de deux kilomètres.

- Savoir-faire technologique -

Les Jeux permettent aux Japonais de montrer au reste du monde leur savoir-faire technologique, via la télévision: cérémonies et plusieurs épreuves diffusées en couleur, transmission par satellite en direct aux Etats-Unis, copie sur bande pour l'Europe, utilisation de système de ralenti d'image, emploi de micros de proximité insensibles au brouhaha environnant, suivi intégral du marathon en direct...

Au centre d'achat du village olympique, les caméras et les appareils photo s'arrachent.

Le 1er octobre, neuf jours avant le début des Jeux, le Japon avait inauguré en présence de l'empereur Hirohito son "Super Express". Le train le plus rapide au monde, communément appelé "Shinkansen", relie Tokyo à Osaka à 160 km/h en moyenne, après cinq ans et demi de travaux.

- Humiliation au judo -

Sur le plan sportif, les Jeux de Tokyo sont marqués par la seconde victoire de l'Ethiopien Abebe Bikila, le premier athlète à remporter deux marathons olympiques, le troisième succès consécutif de la nageuse australienne Dawn Fraser sur 100m nage libre et les trois médailles d'or de la Tchécoslovaque Vera Caslavska en gymnastique.

Les Japonais se classent troisièmes en nombre de médailles, derrière les intouchables Américains et Soviétiques.

Pour le public japonais, c'est toutefois l'humiliation lorsque la médaille d'or de judo "toutes catégories" échappe à un enfant du pays, Akio Kaminaga, immobilisé dans les dernières secondes de la finale par le Néerlandais Anton Geesink.

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