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Noël: une parenthèse de "joie" à l'Opéra pour des personnes âgées isolées

Elles sont venues pour "se sentir en famille" en ce jour de fête. Accueillies à l'Opéra Garnier pour le déjeuner de Noël, près d'une centaine de personnes âgées, accompagnées par les Petits frères des pauvres, se réjouissaient mardi de cette parenthèse de "joie" dans leur vie solitaire.

Sous le manteau noir et la doudoune dans lesquels elle est encore pelotonnée par ce matin frisquet, Monique, 77 ans, a mis un pull brillant, noir et doré. "C'est une fête", dit-elle pour expliquer sa tenue.

Installée dans un fauteuil roulant, cette ancienne laborantine en hôpital, qui vit seule à Paris, participe "pour la première fois" au déjeuner de Noël organisé tous les ans par les Petits frères des pauvres. "Une joie" pour elle qui "(sort) très peu". "Le plus important, c'est de sortir", ajoute-t-elle.

Pour les accueillir, elle et tous les autres convives - 90 personnes attendues, en majorité des femmes -, 50 bénévoles s'affairent. Dès 10H30, les premiers invités arrivent. Venus de chez eux, d'une maison de retraite ou d'un hôpital. Martine Savary, 62 ans et bénévole depuis trois ans, pousse un fauteuil ou aide une personne à marcher à pas menus vers le lieu de la fête.

"Il y a des personnes isolées, abandonnées par leur famille, des misères terribles", observe Marie de Goustine, 70 ans, venue pour partager "un peu de (son) énergie" comme bénévole, et qui évoque aussi le rire de "gens fabuleux, des êtres qui vous élèvent".

Pour les Petits frères des pauvres, qui organisent cette année quatre déjeuners dans la capitale, sans compter les colis distribués à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se déplacer, il s'agit de "recréer ce que ces personnes n'ont plus, une famille, une convivialité". Leur offrir aussi "le superflu" avec le cadre du Palais Garnier pour cette "fête particulière" de Noël.

Sur les tables, aux deux étages, de minuscules paires de chaussons de danse roses et des rubans, rose pastel aussi, aux noms de "La flûte enchantée" ou "La belle au bois dormant" donnent le ton. Mais Elisabeth, 75 ans, ne les verra pas. Elle est quasi aveugle.

"Toujours coquette" comme "quand (elle était) jeune", avec sa jolie robe droite, ses boucles d'oreilles et sa broche, cette frêle dame se souvient être déjà venue à l'Opéra pour une représentation du Lac des cygnes. Aujourd'hui, elle est là pour "être avec tous".

- Notes de musique -

Occupée à régler les problèmes logistiques de dernière minute, Noëlie Merlo, coordinatrice des actions de Noël pour la région de Paris, doit se résoudre à abandonner ses plans de table. Pour des raisons de sécurité, le maximum de personnes en fauteuil doivent être installées dans la salle du bas.

"J'avais fait des super plans mais on ne va pas les suivre. On s'adapte!", s'amuse la jeune femme, désormais salariée de l'association après y avoir été bénévole.

À l'étage, Elizabeth, 84 ans, cherche la place qui lui conviendra, à elle et sa voisine d'immeuble. Cette Lorraine, qui vit depuis 50 ans à Paris, y est seule. Elle n'a "plus les moyens" d'aller au Havre où habite son frère, ou à Forbach où vivent ses sœurs. "On a des petites retraites qui tiennent à peine", explique-t-elle. Là, "c'est notre Noël", "ça permet de se sentir en famille".

Alors que les premières notes de musique s'élèvent dans la salle, accompagnées de la voix d'une chanteuse en robe de soirée bleue, dehors, un couple de touristes japonais repart bredouille. Il vient de comprendre que le lieu était privatisé.

Vers midi, l'apéritif, un kir à la mûre, est servi. Au menu, saumon fumé bio et daïkon mariné, suprême de volaille, camembert et tiramisu au marron. "C'est alléchant", se réjouit Monique, heureuse aussi du rayon de soleil qui la réchauffe enfin.

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