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Premier opéra étranger au Turkménistan après 19 ans d'interdiction

Le Turkménistan, pays autoritaire et reclus d'Asie centrale, a accueilli mardi son premier opéra étranger, une représentation de Pagliacci, après une interdiction de près de 19 ans qui voyait cette forme d'art "incompatible avec la mentalité turkmène".

Le théâtre d'Etat d'Achkhabad, la capitale, était noir de monde pour la représentation de ce célèbre opéra du compositeur italien Ruggero Leoncavallo. D'autres événements ont également eu lieu dans le cadre d'un "festival international de la culture".

"Pendant près de deux décennies, il nous manquait tout un pan de la culture. J'ai attendu ce jour tellement longtemps", a déclaré à l'AFP une spectatrice, Anna Krasnova, 59 ans.

"Avant, nous avions de bonnes premières, j'y allais régulièrement. Si l'on veut être considéré comme une nation cultivée, il faut restaurer l'opéra et le ballet", a abondé Mekan Biachimov, enseignant de 54 ans.

Pour Aïna Chiriaïeva, étudiante de 20 ans, il s'agissait du premier opéra : "La musique et les artistes! Tout était merveilleux, je suis ravie", a-t-elle lancé, tout en regrettant de n'avoir compris aucun des dialogues.

Le directeur du spectacle, Daniele de Plano, a précisé que Pagliacci était joué dans le cadre d'un "programme d'échange culturel" entre l'Italie et cette ex-république soviétique.

Il s'est dit "honoré d'être le premier metteur en scène à ramener l'opéra" au Turkménistan.

"J'espère que c'est le début d'une nouvelle voie faite de liens plus étroits entre le Turkménistan et l'opéra, en particulier l'opéra italien", a-t-il ajouté.

L'un des deux rôles principaux dans le spectacle à Achkhabad a été joué par un soliste italien, accompagné de chanteurs turkmènes.

Le baryton Amangeldi Amanov jouait pour sa part pour la deuxième fois de sa carrière Silvio, amant assassiné par un mari jaloux. La première fois, c'était en mars 2001, juste avant l'interdiction des opéras étrangers dans son pays.

"C'est un moment historique. Notre jeunesse vient en contact avec la culture européenne", a-t-il déclaré à l'AFP avant la représentation.

Le fantasque premier président du Turkménistan indépendant, Saparamourat Niazov, décédé en 2006, avait banni en 2001 les opéras et ballets étrangers dans ce qu'il a présenté comme un effort pour protéger la culture turkmène.

Les autorités n'ont cependant donné aucun signe laissant entendre que le ballet allait être réintroduit dans le pays, l'un des plus fermés au monde.

Le successeur de Niazov, Gourbangouly Berdymoukhamedov, a maintenu de nombreuses politiques restrictives adoptées avant son arrivée au pouvoir en 2006 et jouit lui aussi d'un puissant culte de la personnalité.

Dans les esprits turkmènes, ces formes d'arts sont intimement liées aux périodes de domination russe et soviétique.

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