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Présidentielle en Iran: le dépôt des candidatures s'ouvre officiellement

L'inscription des candidats à la présidentielle iranienne du 18 juin pour élire un successeur au modéré Hassan Rohani a commencé mardi à Téhéran, un scrutin aux lourds enjeux dans un contexte de pourparlers à Vienne pour sauver l'accord sur le nucléaire de 2015.

Le dépôt des candidatures, qui doit s'étaler sur cinq jours, s'est déroulé mardi entre 08h00 (03H30 GMT) et 18H00 au ministère de l'Intérieur, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les candidatures doivent être validées par le Conseil des gardiens de la Constitution, organe non élu contrôlé par les conservateurs. La liste définitive des candidats sera rendue publique les 26 et 27 mai, selon le calendrier officiel. Le lendemain débute la campagne électorale qui durera vingt jours.

L'ayatollah Ali Khamenei, premier personnage de l'Etat et décideur ultime dans les principaux dossiers, a appelé ces derniers mois à une participation importante à la présidentielle, après une abstention record aux législatives de février 2020, marquées par la disqualification massive de candidats réformateurs et modérés et remportées par la mouvance conservatrice.

Mardi, au moins quatre noms issus des rangs militaires de différentes tendances politiques ont déposé leurs candidatures pour succéder au président Rohani (72 ans), à qui la Constitution interdit de se représenter après deux mandats consécutifs.

Le candidat le plus connu de la journée est le général Hossein Dehqan, ministre de la Défense dans le premier gouvernement Rohani (2013-2017) et actuel conseiller de l'ayatollah Khamenei.

- "Voisins" d'abord -

Peu après avoir déposé sa candidature, M. Dehqan a annoncé devant des journalistes que s'il devenait président, son gouvernement échangerait "avec tous les pays" du monde "sauf Israël", en accordant la "priorité à tous les voisins" dans le but de "garantir les intérêts nationaux" de l'Iran.

Le général de brigade Saïd Mohammad, ex-responsable des Gardiens de la révolution et conseiller actuel du commandant de cette armée idéologique de la République islamique, a lui aussi inscrit sa candidature.

Il a choisi pour sa campagne le slogan "voisins d'abord", s'agissant des échanges commerciaux, et dit vouloir oeuvrer à un "équilibre" dans les relations de son pays avec l'Orient et l'Occident.

L'amiral Rostam Ghassemi, ancien ministre du Pétrole et adjoint chargé des questions économiques auprès du chef de la Force Qods, unité d'élite des Gardiens, s'est présenté également mardi.

Le premier des militaires à déposer sa candidature mardi est le général de brigade Mohammad Hassan Nami, membre de l'armée régulière et ancien ministre des Télécommunications.

Selon le journal Hamchahri, quotidien de la mairie de Téhéran, M. Nami a été attaché militaire en Corée du Nord et est également titulaire d'un doctorat en gestion de l'Université Kim Il-sung à Pyongyang.

Plus d'une vingtaine de personnalités publiques ont annoncé officiellement leur intention de présenter leur candidature à la présidence.

Mais des figures de premier plan, comme l'ancien président du Parlement Ali Larijani (conservateur modéré), son successeur Mohammad Bagher Ghalibaf (conservateur) ou encore le chef de l'Autorité judiciaire Ebrahim Raïssi (ultraconservateur) laissent planer le doute sur leurs intentions.

A la tête de la diplomatie depuis 2013, Mohammad Javad Zarif, figure modérée qui mène les négociations concernant l'accord international sur le nucléaire iranien, ne s'est pas non plus exprimé clairement sur ses intentions.

- Critères -

Précisant les conditions requises pour se présenter au scrutin, le Conseil des gardiens a indiqué récemment que ne pourraient concourir que des personnes âgées "de 40 à 70 ans", titulaires "au moins d'un diplôme de mastère ou équivalent" pouvant justifier d'une "expérience d'au moins quatre ans à des postes de direction" et au "casier judiciaire vierge".

Toutefois le gouvernement Rohani n'a pas donné suite, déclarant lundi que l'inscription devait se poursuivre "sur la base des lois existantes".

Les critères annoncés par le Conseil des gardiens pourraient disqualifier d'emblée des candidats potentiels ou déclarés, comme l'actuel ministre des Télécommunications, Mohammad-Javad Azari-Jahromi, trop jeune, ou le réformateur Mostafa Tajzadeh, condamné par la justice.

Selon le journaliste de l'AFP sur place, le ministère de l'Intérieur a autorisé mardi l'inscription notamment d'une motarde se disant prête à "servir la nation" et d'un homme vêtu d'un linceul portant un masque aux couleurs du drapeau iranien.

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