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Quatre grands chantiers, un Congrès divisé: Washington n'a pas la tête à la fête

D'ici un peu moins d'un an, les Américains seront appelés aux urnes pour des élections de mi-mandat, un scrutin aux allures de référendum pour le président Biden et les démocrates qui sont actuellement aux commandes du Congrès.

Si tout se passe comme il l'entend, Joe Biden pourra faire peser dans la balance la promulgation de trois projets de loi historiques, et ce malgré une infime majorité au Sénat. Une réussite législative comparable au New Deal de Franklin Roosevelt ou aux réformes des droits civiques de Lyndon Johnson.

Dans son opération séduction, le président peut déjà compter sur un plan de 1.900 milliards de dollars passé en mars pour lutter contre la pandémie.

Il est aussi conforté par le fait que le Congrès a évité ces derniers jours un gel des finances du gouvernement et la menace d'un défaut de paiement potentiellement catastrophique pour la première économie mondiale.

Pour l'instant.

En vérité, ces deux problèmes n'ont pas été complètement surmontés -- juste repoussés de quelques mois.

- La tête haute -

A l'approche des fêtes de fin d'année, traditionnellement lancée par Thanksgiving fin novembre aux Etats-Unis, le Congrès se retrouve à débattre sur quatre chantiers, et non des moindres: il lui faut éviter la paralysie de l'Etat fédéral (surnommée "shutdown") et le défaut de paiement de la dette, faire passer un gigantesque projet de loi sur les infrastructures et adopter le programme de dépenses sociales encore plus colossal de Joe Biden, baptisé "Build Back Better" ("Reconstruire en mieux").

Mais les parlementaires ont repoussé les trois premières de ces questions épineuses à plus tard. Et la dernière fait encore l'objet de nombreuses tractations

"Ils ont eu des mois et des mois pour avancer, et ils n'ont pas réussi à concrétiser leurs efforts", a tancé sur MSNBC Brendan Buck, ancien conseiller de ténors du parti républicain. "Donc je pense qu'ils ne sont pas au bout de leurs peines."

Suivant les âpres négociations sur la colline du Capitole et voyant la cote de popularité de Joe Biden dégringoler sous la barre des 40%, la Maison Blanche s'efforce de garder la tête haute.

"Je peux vous assurer que nous ne sommes jamais trop moroses par ici, même quand les situations peuvent paraître difficiles", a balayé Jen Psaki, la porte-parole du président lors d'une conférence de presse mardi.

Joe Biden -- qui a été sénateur durant plus de 35 ans -- compte bien ne pas être bridé par l'obstacle d'un Congrès divisé, même si les confrontations entre élus des deux partis risquent de se corser à mesure que les élections de mi-mandat approchent.

- "En temps voulu" -

Mais c'est bien son propre parti, pas l'opposition, qui donne pour le moment des sueurs froides aux conseillers de la Maison Blanche: les relations s'enveniment entre les factions progressistes et modérées des démocrates, autour des deux grands projets avec lesquels Joe Biden entend réformer l'Amérique.

La gauche s'insurge contre le fait que les centristes cherchent à faire baisser la facture du volet social de Joe Biden - un projet de 3.500 milliards de dollars, qui prévoit un accès renforcé à l'éducation, la santé, les soins et les gardes d'enfants, mais aussi des investissements massifs dans la lutte contre le changement climatique.

Elle refuse en retour d'examiner le projet de loi sur l'infrastructure censé réparer les routes, ponts et ports d'Amérique tant qu'elle n'aura pas obtenu un accord sur le projet social.

En face, les élus plus centristes -- confrontés pour certains à des élections de mi-mandat très disputées -- sont déterminés à remporter toute victoire législative qu'ils pourront ensuite faire valoir en campagne, et ne soutiendront pas le volet social de Biden tant que les dépenses pour les infrastructures n'auront pas été promulguées.

Un casse-tête.

Mais il y a malgré tout un principe sur lequel tous les démocrates s'accordent: il sera pratiquement impossible de conserver leur contrôle sur l'une ou l'autre des chambres du Congrès l'année prochaine s'ils rentrent bredouilles des batailles législatives actuelles.

"Je ne demande pas aux élus de voter pour quelque chose qui n'a aucune chance d'être voté au Sénat", a soutenu Nancy Pelosi à la presse mardi.

Et de préciser. "Je suis optimiste que nous arriverons là où nous avons besoin d'être." "En temps voulu."

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