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Réforme des retraites: des profs fiers d'être "la locomotive du mouvement"

"Perdre du salaire aujourd'hui plutôt qu'au moment de la retraite": plusieurs dizaines de professeurs de l'est parisien, "plus motivés que jamais", s'étaient donné rendez-vous mardi pour cette deuxième journée de manifestation.

"Ca fait plaisir de se retrouver entre collègues pour aller manifester ensemble, ça motive, on se sent plus fort", lance Odile, professeure d'anglais au lycée Elisa-Lemonnier, dans le XIIe arrondissement de Paris.

Il est midi, Place de la Nation. La manifestation contre la réforme des retraites débute dans moins de deux heures aux Invalides. Emmitouflés dans des doudounes, bonnets, chapkas et grosses écharpes, tous ont décidé de prendre ensemble la ligne 1 du métro pour rejoindre le "cortège éduc".

Seule leur banderole, qui a "cassé hier", manque à l'appel, mais une collègue qui a passé une partie de la soirée à en fabriquer une nouvelle est en train d'arriver.

"Malgré les chiffres de participation du ministère (12,41% dans le primaire et 19,41% dans le secondaire), on est persuadés que la mobilisation est forte aujourd'hui, ça fait tâche d'huile", assure Claire Huygevelde, professeur documentaliste au lycée Elisa-Lemonnier affirmant que ses troupes sont "plus motivées et unies que jamais".

A ses côtés, Florent Thiebault, professeur de mathématiques dans le même établissement n'enseigne que depuis trois mois, après une reconversion professionnelle. "C'est un choix de faire un métier utile après 15 ans passés dans le privé mais à 1.500 euros par mois, oui je pense que c'est choquant et ce n'est pas abusé de faire grève", dit cet ancien contrôleur de gestion.

"Jeudi, vendredi, lundi, mardi... les jours de grève sans salaire s'additionnent mais tels qu'on est partis, on ne va pas s'arrêter maintenant, et s'il faut aller jusqu'aux vacances de Noël, on le fera", martèle Cédric, son collègue prof de maths.

L'idée "c'est de perdre du salaire aujourd'hui plutôt qu'au moment de la retraite, c'est maintenant que ça se joue, on a tout à y gagner", ajoute-t-il.

- "Un mouvement qui s'enracine" -

Il explique "être comme tous, opposé au système de retraite à points. Parce que dans ce cas, pourquoi pas une retraite en bitcoin aussi tant qu'on y est?!", ironise le professeur.

A quelques mètres de là, dans un autre petit groupe, Alain Leveneur, professeur de mathématiques au lycée Paul-Valéry dans le XIIe arrondissement ne cesse de motiver ses collègues pour la suite du mouvement.

"C'est un mouvement qui prend et qui s'enracine mais il est fragile, chaque jour il faut s'assurer que tout le monde reste motivé", dit-il, soulignant que "la grève est un sacrifice financier réel".

Isabelle Ferrari, psychologue de l'éducation nationale à la retraite depuis septembre, a tenu à être aux côtés des "anciens collègues" de l'est parisien. "Je ne cherche pas une médaille mais ce n'est pas parce que je suis passée entre les mailles du filet au niveau de la retraite que je ne peux pas soutenir la profession", lance-t-elle.

Après une marche de 20 minutes à la sortie du métro Tuileries, ces enseignants ont retrouvé des collègues de diverses villes d'Ile-de-France, à Proximité des Invalides.

"Je pense qu'on n'attendait pas +l'éduc+ comme locomotive du mouvement. Là, les enseignants eux-mêmes ont pris conscience de leur force", affirme Renaud, jeune prof de sciences-économiques et sociales dans un lycée de Mitry-Mory en Seine-et-Marne, qui a fait deux heures de marche depuis Pantin pour rejoindre le cortège.

Et pour la suite? "Nous n'attendons absolument rien du discours d'Edouard Philippe demain (mercredi) car les seules pistes envisagées ne sont pas les bonnes et pour ne pas baisser nos pensions, il faudrait mettre plus que le paquet sur les revalorisations et on doute que ce soit le cas", regrette Alain Leveneur.

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