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Les enfants palestiniens reprennent l'école malgré les coupes budgétaires américaines

Des dizaines de milliers d'enfants palestiniens ont repris mercredi le chemin des écoles de l'ONU dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée, sans certitude de finir l'année en raison des coupes dans l'aide américaine.

Les Etats-Unis, historiquement le principal pays donateur de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), ont drastiquement réduit leurs versements, tombés à 60 millions de dollars en 2018 alors qu'ils étaient de 350 millions en 2017.

La rentrée des quelque 526.000 élèves répartis dans les écoles de l'agence onusienne à travers les Territoires, mais aussi au Liban, en Syrie et en Jordanie est donc placée sous le signe des graves incertitudes de financement.

L'Unrwa a néanmoins assuré que la totalité de ses 711 écoles ouvriraient entre mercredi et les prochains jours.

Des foules d'enfants en tenue à carreaux se sont pressés cartable sur le dos à l'ouverture de leurs écoles dans la bande de Gaza, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mais, "actuellement, nous n'avons pas assez d'argent pour maintenir les écoles ouvertes au-delà de fin septembre", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'Unrwa Chris Gunness.

"Fin septembre, l'Unrwa n'aura plus un sou, y compris pour les écoles et les centres médicaux", a-t-il martelé.

L'administration américaine du président Donald Trump avait annoncé fin janvier qu'elle conditionnerait le versement aux Palestiniens de "centaines de millions de dollars" d'aide à leur retour à la table des négociations en vue d'un règlement du conflit israélo-palestinien.

La direction palestinienne basée à Ramallah a suspendu tous les contacts avec les responsables américains depuis décembre 2017, après la reconnaissance par M. Trump de Jérusalem comme la capitale d'Israël.

Cette décision unilatérale, rompant avec des décennies de consensus international, a ulcéré les Palestiniens qui y voient la négation d'une de leurs revendications les plus essentielles: que Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël, soit la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

- "Apprendre encore plus" -

La semaine passée, l'administration Trump a annoncé l'annulation de plus de 200 millions de dollars supplémentaires d'aide aux Palestiniens.

"Nous avons peur que les écoles ferment", a confié Soha Abou Hasara, une Palestinienne qui amenait ses enfants dans une école de la ville de Gaza.

"Personne n'a le droit de fermer les écoles", abonde Hala Mouhanna, 11 ans. "Même s'ils nous prennent nos écoles, nous apprendrons encore plus que dans n'importe quel autre pays", affirme la fillette de l'enclave sous blocus dont près de 80% de la population est tributaire d'une aide.

Etablie en 1949, l'Unrwa apporte son aide à plus de trois millions de Palestiniens, sur les quelque cinq millions enregistrés comme réfugiés. Ils sont les survivants ou descendants des centaines de milliers de Palestiniens jetés sur les routes lors de la première guerre israélo-arabe en 1948 qui a suivi la création de l'Etat d'Israël.

Outre les écoles, l'Unrwa fournit aussi des soins et des financements. Elle emploie plus de 20.000 personnes au Proche-Orient, des Palestiniens dans une vaste majorité.

Pour le gouvernement israélien et l'administration Trump, l'agence perpétue la crise israélo-palestinienne en entretenant chez les Palestiniens l'idée d'un "droit au retour" sur les terres qu'ils ont quittées.

L'administration Trump dénonce notamment la transmission d'un statut de réfugié palestinien de génération en génération et donc l'amplification de leur nombre, le sort spécial réservé aux Palestiniens par rapport aux autres réfugiés à travers le monde ou encore la mauvaise gestion des fonds de l'Unrwa. L'agence onusienne s'inscrit en faux contre ces reproches.

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, grande défenseure d'Israël, a déclaré mardi que la question des réfugiés palestiniens était perpétuée pour maintenir "un couteau pointé vers la gorge d'Israël".

Elle a réclamé un "décompte juste" du nombre de réfugiés palestiniens. Elle a aussi approuvé une remise en question du "droit au retour", pourtant une autre revendication palestinienne primordiale.

"Absolument, je pense que nous devons examiner le droit au retour", a-t-elle dit.

Le président palestinien Mahmoud Abbas n'a donné aucun signe de fléchissement. Il a dénoncé mercredi à Ramallah "l'effet dévastateur" des agissements de l'administration Trump, "médiateur partisan" disqualifié pour parrainer des négociations.

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