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Chlordécone: retour au calme à Fort-de-France après des heurts

Le calme est revenu mardi à Fort-de-France, au lendemain des heurts entre des forces de l'ordre, des manifestants antichlordécone et des jeunes encagoulés près du tribunal, a constaté une correspondante de l'AFP.

Ces affrontements ont eu lieu lundi après-midi et dans la soirée aux abords du tribunal correctionnel où devait se tenir un procès sous haute tension de sept militants antichlordécone, ce pesticide qui a durablement pollué les Antilles. Ce procès a finalement été renvoyé au 3 juin en raison des violences.

Le procureur de la République Renaud Gaudeul a annoncé sur la radio RCI, que quatre personnes avaient été interpellées lundi soir, sans plus de précisions.

Mardi matin, les abords du tribunal où des voitures avaient été incendiées la veille ont été entièrement nettoyés. Le feu avait également pris dans une station-service voisine.

"Suite aux nombreux heurts (...), je tiens à lancer un appel au calme et condamne sans ambiguité toute les formes de violences", a déclaré le maire de Fort-de-France Didier Laguerre, selon lequel "un drame a été évité de justesse". Il a condamné "fermement les détériorations volontaires contre les portes d'entrée de la mairie ainsi que les tentatives d'incendies des services d'état civil".

Les sept militants avaient été interpellés fin novembre pour violences en réunion sur personne dépositaire de l’autorité publique et dégradations, après une manifestation qui avait mal tourné devant un centre commercial du Robert (centre-ouest).

Depuis plusieurs semaines, des manifestants bloquent des centres commerciaux en Martinique, accusant leurs propriétaires, souvent de grandes familles locales, d'être à l'origine de la pollution au chlordécone, un pesticide utilisé dans les bananeraies de 1972 à 1993, qui a infiltré les sols antillais pour des centaines d'années et est suspecté d'être à l'origine de cancers de la prostate.

Dans un communiqué, le "Komité 13 janvié 2020" qui avait appelé à soutenir les militants antichlordécone, a dénoncé "le blocage de l’entrée du palais de justice (...) en vue d’empêcher l’entrée de la majorité des manifestants venus apporter leur soutien aux militants", évoquant une "provocation du Procureur et de la justice coloniale", "serviteurs de la caste békée et des empoisonneurs".

Le procureur général Pierre-Yves Couilleau et le premier président de la cour d'appel de Fort-de-France Christophe Straudo ont, dans un communiqué, précisé que "le procès s'était déroulé en présence du public et que les entrées du tribunal n'avaient été limitées "pour des raisons de sécurité que par les capacités de la salle d'audience".

Le procureur Renaud Gaudeul a évoqué sur RCI une "poussée plus que massive" pour "envahir la juridiction", par des "personnes qui sont de toute évidence de mon point de vue venues pour en découdre".

Le préfet Franck Robine avait appelé dès lundi soir à "l'apaisement", dénonçant "une petite minorité violente".

"La population de Martinique est très légitimement désemparée et révoltée par cette situation (de pollution au chlordécone, ndlr) qui constitue un scandale d'État", a estimé la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, réclamant "la création urgente d’un comité interministériel (...) afin de mettre en place un Plan d'urgence", pour que "cesse l’empoisonnement de nos compatriotes".

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