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Retour massif de déplacés dans le sud syrien

Des dizaines de milliers de déplacés sont rentrés dimanche chez eux dans le sud syrien, qui connaît un calme relatif deux jours après l'annonce d'un accord entre rebelles et régime même si de nouveaux bombardements meurtriers ont été signalés.

Les rebelles de la province de Deraa avaient finalement accepté vendredi de céder aux autorités de Damas les territoires qu'ils contrôlaient, au terme de deux semaines de pilonnage.

Négocié par Moscou, allié indéfectible du régime Assad, l'accord impose le désarmement des rebelles, l'évacuation de ceux qui le souhaitent vers des secteurs insurgés ailleurs en Syrie et le retour des institutions étatiques dans la région.

Il a permis de rétablir un calme précaire.

Depuis le début du 19 juin de l'offensive gouvernementale, 325.000 personnes avaient dû fuir leurs foyers selon l'ONU, une partie trouvant refuge près de la frontière avec la Jordanie ou de la ligne de démarcation sur le plateau du Golan, occupé en partie par Israël.

Depuis vendredi, l'accalmie a encouragé "plus de 60.000 déplacés à rentrer chez eux", a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

"Il ne reste plus qu'entre 150 et 200 personnes" à proximité immédiate de la frontière, a noté en conférence de presse le coordinateur humanitaire de l'ONU en Jordanie, Anders Pedersen. Ces derniers jours, des dizaines de milliers de déplacés avaient trouvé refuge dans ce secteur.

Le responsable a fait état par ailleurs d'un "nombre élevé de déplacés à travers le sud-ouest" syrien, évoquant notamment le plateau du Golan.

- Civils tués -

Une perte de Deraa représente un revers pour la rébellion, incapable de résister à la puissance de feu du régime qui, grâce au soutien militaire de ses alliés russe et iranien, a repris le contrôle de plus de 60% du pays, en guerre depuis 2011.

L'aviation du régime a d'ailleurs repris dimanche matin ses raids, contre les quartiers rebelles de la ville de Deraa et le secteur limitrophe, après des tirs des rebelles près d'Oum al-Mayazin sur un convoi du régime, qui ont fait des morts parmi les militaires, a indiqué l'OSDH, sans pouvoir fournir un bilan.

"D'intenses frappes aériennes" ont notamment visé la localité d'Oum al-Mayazin, au nord du poste-frontière de Nassib, aux portes de la Jordanie, a rapporté l'OSDH, faisant état de trois morts parmi les civils.

La localité a finalement été reconquise par les forces gouvernementales, a précisé l'agence officielle Sana.

Par le passé, l'application des accords conclus entre rebelles et régime a été parfois lente et laborieuse en raison de violations des belligérants et le refus de certains combattants de déposer les armes.

Samedi, plusieurs petites factions rebelles du sud avaient annoncé dans un communiqué commun qu'elles poursuivraient les combats.

"L'intervention militaire à Oum al-Mayazin a eu lieu après que des combattants rebelles ont refusé l'accord", a affirmé le directeur de l'OSDH. "Toute localité de Deraa qui rejette l'accord sera prise pour cible".

Les forces du régime ont également repris une base aérienne au sud-ouest de la ville de Deraa après des combats et des bombardements, selon l'Observatoire.

"Le régime et les Russes agissent en vainqueurs, ils progressent et appliquent les termes de l'accord à leur guise", a déploré le porte-parole du commandement rebelle, Hussein Abazeed.

- Évacuations reportées -

L'application de l'accord doit se dérouler en trois étapes: la première a commencé dans l'est de la province, la deuxième se déroulera dans la ville éponyme, chef-lieu de la province, et la dernière dans l'ouest de la province, selon la même source.

En vertu de l'accord, la région devait connaître dimanche les premiers départs de combattants rebelles souhaitant rejoindre avec leur famille la province d'Idleb (nord-ouest), qui échappe au contrôle du régime.

Mais les évacuations ont été ajournées, après la reprise des hostilités, a indiqué à l'AFP un dirigeant rebelle.

"Cent bus devaient venir, mais (l'opération) a été reportée à une date ultérieure, dans deux jours environ. Il y a eu des échanges de tirs des deux côtés et la (première) vague a été reportée", a-t-il précisé.

Le régime est déterminé à rétablir son pouvoir sur toute la Syrie, ravagée depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts, et désormais morcelée.

Les insurgés contrôlent encore des pan de territoire dans le nord, où ils sont protégés par le voisin turc. Le nord-est est lui contrôlé par des combattants kurdes appuyés par Washington, tandis que la province d'Idleb est dominée par des jihadistes de l'ex-branche d'Al-Qaïda.

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