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Retrouvailles Merkel-Poutine après le coup d'éclat de Trump sur l'Iran

Pour leur premier tête-à-tête depuis un an, Vladimir Poutine et Angela Merkel veulent avancer vendredi sur les dossiers explosifs de l'Iran et de l'Ukraine, des retrouvailles favorisées par la profonde crise de confiance américano-européenne.

La reprise d'un dialogue pragmatique est l'objectif affiché par ces deux vétérans qui se côtoient depuis une douzaine d'années et parlent chacun la langue de l'autre.

Pour la chancelière allemande, la rencontre vendredi après-midi à Sotchi avec le chef de l'Etat russe doit avant tout faciliter la quête européenne de pistes pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien. Un texte que le président américain Donald Trump a jeté aux orties contre l'avis des autres signataires - Paris, Londres, Berlin, Moscou, Pékin - et malgré le risque d'une course aux armements accrue au Moyen-Orient.

Le temps presse. Téhéran réclame des garanties aux Européens pour continuer de respecter ce compromis de 2015 par lequel il renonce à fabriquer une bombe nucléaire en échange d'une levée de sanctions économiques. Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Zarif s'est ainsi réjoui du "bon départ" mardi de discussions avec l'UE, tout en disant attendre d'eux "des retombées économiques".

Mais Washington menace ses alliés de mesures punitives s'ils commercent avec l'Iran.

- Rapprochement ? -

Allié de Téhéran, notamment au côté de Bachar al-Assad dans le conflit syrien, Vladimir Poutine est un passage obligé pour Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron qui doit aussi aller fin mai en Russie.

Le chef de l'Etat russe, pourfendeur de l'unilatéralisme américain, a déjà pu se réjouir des propos récents de la chancelière qui a estimé que l'Europe ne pouvait plus compter sur les Etats-Unis pour la "protéger".

"Un rapprochement entre l'Allemagne et la Russie pourrait devenir un conséquence inattendue de la décision de Trump de sortir de l'accord sur le nucléaire avec le Iran", relève la chaîne allemande de radio-télévision publique Deutsche Welle.

Mais comment avancer sans céder sur d'autres thèmes cruciaux, comme le programme balistique iranien, la Syrie ou encore les sanctions imposées à Moscou en raison du conflit ukrainien?

A ces litiges s'ajoutent l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergeï Skripal et les campagnes déstabilisatrices de cyberattaques et de désinformation que les Européens attribuent à Moscou malgré des dénégations répétées.

Autre gros sujet de la rencontre de vendredi, le conflit en Ukraine opposant le gouvernement pro-occidental et les rebelles pro-russes. Les accords de paix de Minsk de 2015, dont Paris et Berlin sont garants, sont au point mort et les combats quasi-quotidiens.

La chancelière et le maître du Kremlin vont essayer, selon Moscou, de s'accorder sur une rencontre à quatre avec le président français et le chef d'Etat ukrainien Petro Porochenko pour avancer sur une éventuelle mission de maintien de la paix de l'ONU. Le dernier sommet quadripartite d'octobre 2016 avait été peu concluant.

"On verra bien quels arrangements seront trouvés, c'est difficile à prédire", a tempéré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine.

- Amitié énergétique -

Les deux dirigeants devraient avoir plus de facilité à s'entendre sur le terrain énergétique, Moscou et Berlin soutenant la construction d'un deuxième gazoduc sous-marin Nord Stream reliant les deux pays via la mer Baltique.

Pour le gouvernement allemand, il s'agit de mettre ses approvisionnements à l'abri des tensions russo-ukrainiennes. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s'est d'ailleurs réjoui du "soutien continu de l'Allemagne à la construction de Nord Stream 2" qui doit entrer en service en 2019, contournant l'Ukraine.

Alors que plusieurs pays de l'Union européenne, Pologne en tête, réclament l'arrêt d'un projet jugé trop favorable aux ambitions russes, Berlin demande à Moscou un mécanisme préservant quelque peu les intérêts ukrainiens en passe de perdre la manne des droits de transit terrestre du gaz russe.

Enfin, à l'approche du Mondial, le football pourraient aussi s'inviter dans les discussions entre le président du pays hôte et la chancelière des champions en titre.

Un premier point de discorde a été écarté mercredi, Moscou ayant renoncé, après des protestations allemandes, à bannir un journaliste qui avait révélé l'ampleur du dopage en Russie. Mais le Comité d'enquête du parquet russe a prévenu: s'il vient au Mondial il sera interrogé.

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