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RTL INFO a suivi les militaires belges au Mali (1/3): quelle est leur mission sur place?

Depuis plus de 4 ans, les militaires nous protègent dans les rues des grandes villes. Mais leur travail ne s'arrête pas là... Exceptionnellement, RTL INFO a pu accompagner des soldats belges en mission au cœur d'un théâtre d'opération au Mali. "De la rue au Mali", c'est une série de reportages à haut risque à découvrir sur toutes les plateformes de RTL INFO.

Sur le marché de Bamako, la capitale, il n’y a aucun touriste. Cela fait au moins cinq ans qu’ils ne viennent plus. Les échoppes de vêtements et d’objets divers côtoient les étals de fruits et de poissons frais. Cela sent le mazout. L’odeur est enivrante et le bruit assourdissant. Les rues sont bondées. Au rythme des klaxons et des cris en bambara (la deuxième langue du pays après le français), les motos se faufilent entre les piétons, les voitures et de vieilles camionnettes transformées en minibus. Les Nations Unies estiment que, cette année, plus de 3 millions de Maliens auront besoin d’assistance.

Sur ce marché, ils sont nombreux à rêver d’ailleurs, à rêver de l’eldorado européen. Ignorent-ils que les eaux turquoise de la Méditerranée ont déjà englouti des milliers de personnes ou l’Europe leur apparaît-elle comme une dernière chance ?



"La mission de l’ONU, ça amène la faillite du pays !"

Au sommet d’un immeuble qui abrite des ateliers de couture, nous rencontrons Ibrahim. Il a 42 ans. Il accepte de se confier : "Il y a beaucoup de gens qui veulent aller à l’extérieur pour traverser la Méditerranée, pour essayer de développer leur pays, pour revenir et construire le Mali. Il y a beaucoup de jeunes qui ont besoin de travail". Nous lui faisons remarquer que, l’an dernier, les Nations Unies ont dépensé plus d’un milliard de dollars pour aider le Mali. "La mission de l’ONU, ça amène la faillite du pays !", répond-il, virulent.


Cette mission de l’ONU, c’est la MINUSMA, la "Mission multidimensionnelle intégrées des Nations Unies pour la stabilisation au Mali". Objectif : ramener la stabilité dans le pays en collaboration avec le gouvernement malien. Un véritable défi… Plus de 13.000 casques bleus sont déployés dans ce pays grand comme 40 fois la Belgique.



Un pays militairement coupé en deux

Le Mali est militairement coupé en deux. Le sud du pays, comme ici, à Bamako, est relativement stable.


 

La majorité des opérations militaires se déroule dans le nord et à l’est du pays. C’est dans cette zone, à Gao exactement, que sont installés des soldats belges. Mais il est très compliqué de se rendre dans cette partie du pays : les routes sont quasi inexistantes. La mission de l’ONU est confrontée à un véritable problème d’acheminement de matériel : tout doit se faire par les airs.

Nous allons rapidement découvrir que la Belgique joue un rôle capital  dans la logistique et le transport de troupes…

"On peut atterrir sur les pistes non-asphaltées"

Depuis mai 2018, la Belgique a mis à disposition de la MINUSMA un C130-Hercule et son équipage. Cet avion a longtemps été le seul moyen de transport de troupe et de matériel par les airs. Un engagement salué par l’ONU. "On vole sur les aéroports qui sont plutôt grand mais, vu les capacités du C130, on peut aussi atterrir sur des pistes non asphaltées", se félicite le Major Nicolas. L'avion est également prévu pour faire de l’évacuation médicale d’urgence.

Une soixante de personnes compose l’équipage de cet avion. Le personnel est armé, mais vu les dangers de la mission, pour la première fois, il est en permanence protégé par une unité des forces spéciales de l’armée, la "Aircraft Mobile Protection Team". Que ce soit de la base au tarmac, en vol ou pendant le déchargement, cette unité ne quitte jamais l’équipage. "Nos snipers sont capables d’atteindre leur cible à 800 m. Nous sommes leader dans le domaine", affirme un responsable de l’armée de l’air.


Un trajet en véhicule blindé: un engin explosif pourrait avoir été placé sur le trajet

Après avoir passé une nuit dans une villa de transit, dans un lieu tenu secret, nous pouvons embarquer à bord d’un avion pour nous rendre dans la zone militaire.

Au milieu de nulle part se dresse la ville de Gao. Autour de la piste d’atterrissage, plusieurs camps militaires sont installés. Il y a notamment le camp de l’ONU, appelé "Super Camp", et le "Camp Castor", un camp ultra sécurisé. C’est là que sont installés les Belges. Même s’il n’y a que quelques centaines de mètres entre la piste et le camp, le trajet doit se faire en véhicule blindé. À tout moment, en échange de quelques francs CFA, un enfant ou un berger pourrait avoir placé une mine ou un IED (engin explosif improvisé) sur le trajet. Depuis janvier 2018, près de 200 attentats ont eu lieu dans le pays.


"Le but est de recueillir un maximum d’informations"

A notre arrivée, nous sommes accueillis par le Commandant Didier. C’est le responsable du détachement belge à Gao. La Belgique est intégrée au sein de la Force, le pilier militaire de la mission des casques bleus.

Son rôle est d’aider à comprendre la situation dans cette région sensible. "Le but est vraiment de recueillir un maximum d’informations auprès de la population pour essayer de cartographier et de comprendre la situation", nous explique le Commandant. "L’objectif est de pouvoir aider au mieux la prise de décision au niveau du commandement militaire. Nous sommes une unité spécialisée dans le recueil de l’information. "On s’entraîne pour cela en Belgique. On peut clairement mettre notre entrainement à profit, dans des conditions réelles", poursuit le Commandant.


Lutter, à la source, contre le terrorisme et la migration clandestine

La Belgique est membre de diverses organisations internationales (ONU, OTAN, Union européenne). Elle agit donc en partie par solidarité. Mais, l’objectif est aussi de tenter de lutter, à la source, contre le terrorisme et la migration clandestine. La responsabilité de la Belgique est d’être solidaire dans des coalitions internationales pour assurer la sécurité chez nous et la stabilité aux frontières de l’OTAN et de l’Europe, nous confie-t-on.

Pour accomplir cette mission, plusieurs fois par semaine, les militaires sortent du camp et partent en patrouille dans les villages. Un travail indispensable, mais un travail risqué. Nos soldats n’oublient jamais qu’ils sont une cible de choix pour les rebelles et les terroristes.

La MINUSMA est l’une des missions les plus meurtrières de l’ONU. 191 membres du personnel des Nations Unies ont déjà perdu la vie au Mali. 

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