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Sages-femmes: journée de mobilisation pour plus de reconnaissance

"On vous fait naître, il faut nous reconnaître": une journée de mobilisation a réuni mercredi plusieurs dizaines de sages-femmes dans plusieurs villes de France pour dénoncer le manque de reconnaissance de la profession, et des salaires jugés trop bas.

Les manifestantes ont répondu à l'appel à la grève des deux principales organisations syndicales de la profession (ONSSF et UNSSF) à Bordeaux, Toulouse et Paris notamment, à l'occasion d'une réunion de travail au ministère de la Santé.

"Dans beaucoup de grandes maternités, on a compté 100% de grévistes", a affirmé Caroline Combot, secrétaire générale de l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF), même si la majorité ont travaillé puisqu'elles étaient assignées.

A Bordeaux, une cinquantaine de sages-femmes et étudiantes se sont rassemblées en centre-ville, exécutant notamment un flash mob sur la chanson "Mesdames" de Grand Corps Malade. Derrière elles, une grande banderole laissait apparaître "Code Rouge", expression qui désigne le déclenchement d'une césarienne en extrême urgence pour sauver la mère et/ou l'enfant.

"Nous souhaitons être reconnues comme profession médicale par l'administration", explique Marina, sage-femme à la Maison de Santé protestante de Bordeaux-Bagatelle, à Talence. "Après le Ségur de la Santé, où nous n'étions pas représentées, nous avons été augmentées comme des secrétaires médicales, à hauteur de 183 euros."

Pour Sarah, également sage-femme à Talence, le risque de reconversions massives plane sur la profession. "Si seulement 10% le faisaient, le système s'écroulerait", s'inquiète-t-elle. "Il y a un burn-out de la profession", qui se sent "invisible" alors que ses compétences sont larges.

Cette dévalorisation s'exprime également dans le manque de moyens accordés au secteur, selon les syndicats.

Sandrine Bensi, porte-parole du collectif Sages-femmes de Haute-Garonne, demande plus de personnel: "Il est dangereux de laisser une sage-femme suivre toute seule deux, voire trois accouchements en même temps", affirme-t-elle, réclamant "une sage-femme par femme en train d'accoucher". A Toulouse, le rassemblement a réuni une quarantaine de sage-femmes.

Si le métier est peu considéré, c'est parce que "c'est une profession de femmes, pour les femmes", soupire Betty, qui travaille à la maternité publique du Kremlin-Bicêtre, à Paris, où une quinzaine de sages-femmes ont manifesté. "On reste une société patriarcale, donc ça ne fait pas trop parler."

Une mission de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) a été lancée à l'issue de la réunion de travail au ministère de la Santé, mais les échanges ont été jugés "décevants" par l'ONSSF.

Une nouvelle mobilisation est prévue à Paris le 8 mars, pour la journée internationale des droits des femmes, et s'étendra peut-être à d'autres villes, indique le syndicat.

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