Accueil Actu

Saut à skis: Kobayashi, l'ex-gamin paresseux qui touche les étoiles

A 22 ans, Ryoyu Kobayashi est devenu grand! Ce sauteur à skis naguère regardé comme un gamin paresseux surclasse cette saison la prestigieuse Tournée des Quatre Tremplins, et n'est plus qu'à un pas d'un historique Grand Chelem.

A la veille du quatrième et dernier concours dimanche à Bischofshofen en Autriche, le Japonais écrase la concurrence avec trois victoires en trois épreuves: à Oberstdorf et Garmisch-Partenkirchen en Allemagne, et vendredi à Innsbruck en Autriche.

Deux sauts seulement (de plus de 120 mètres tout de même!) le séparent encore d'un Grand Chelem que seuls deux hommes ont réussi avant lui en 66 éditions de cette épreuve mythique: l'Allemand Sven Hannawald en 2002 et le Polonais Kamil Koch la saison dernière.

"Tous les deux étaient des sauteurs si extraordinaires, je ne suis pas encore à leur niveau", répond modestement ce poids plume de 60 kg pour 1,74 m, lorsqu'on lui demande s'il pense à la passe de quatre: "Ca ne me préoccupe pas. Je ne pense qu'à Bischofshofen, et là on verra. Je prend les sauts les uns après les autres".

- "Perfection pure" -

"La perfection pure...", souffle cependant Hannawald lorsqu'il regarde l'homme du pays du soleil levant flotter sur l'air, skis en V et bras tendus le long du corps, dans un style d'une pureté étonnante.

"J'ai rarement vu sur les tremplins de cette planète quelque chose de mieux que le premier saut de Kobayashi (vendredi). Chapeau bas!", ajoute, estomaqué, l'entraîneur de l'équipe d'Allemagne Werner Schuster.

Chez lui, le natif de Hachimantai (nord) est aussi en passe de devenir un héros. Car il faut remonter au XXe siècle pour trouver l'unique victoire d'un Japonais dans la Tournée, avec Kazuhoshi Funaki en 1998. Kobayashi avait deux ans.

Avant cette saison, il n'avait pourtant jamais remporté la moindre victoire en Coupe du monde. D'un seul coup, il vient d'un engranger sept en dix épreuves!

Cette éclosion doit beaucoup à son entraîneur finlandais Janne Väätainen, qui a eu fort à faire pour transformer ce dilettante doué mais brouillon en athlète complètement concentré sur son sport.

"Lorsque Ryoyu Kobayashi a compris qu'il devait faire plus que seulement piloter sa Porsche, il est devenu bon", dit Väätainen sans langue de bois. "J'ai beaucoup insisté pour qu'il s'entraîne plus, mais jusqu'à présent ça ne lui plaisait pas. Il profite de la vie. Quoi qu'il fasse, il a toujours ce sourire coquin de petit gamin sur le visage".

Ce sourire, qui va si bien à son look branché décontracté et à son attitude "cool", à son amour des voitures puissantes et à son hobby de DJ.

- "Il va nous enquiquiner" -

Depuis le début de saison, Kobayashi a fait oublier sa réputation de cossard. Le soir du Nouvel An, toute l'équipe du Japon était au lit à 22h00, et à minuit, le nouveau petit prince du saut à ski dormait à poings fermés. Le lendemain 1er janvier, tout à fait réveillé, il remportait sa deuxième victoire dans la Tournée à Garmisch-Partenkirchen.

L'entraîneur allemand Schuster voit en lui un surdoué qui s'est longtemps ignoré: "On pouvait en effet redouter qu'un jour ou l'autre, il s'aperçoive de son potentiel. Il va encore nous enquiquiner un bon moment", pronostique-t-il.

Les foules qui se passionnent pour la Tournée (6,65 millions de téléspectateurs rien qu'en Allemagne le 1er janvier) lui pardonneraient sûrement de battre les enfants du pays dimanche, si c'est pour écrire une nouvelle page de l'épopée des "Quatre Tremplins".

À lire aussi

Sélectionné pour vous