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Scènes de joie en Ukraine et en Russie: un échange de prisonniers inédit permet à des familles de se retrouver

Les portes des avions se sont ouvertes, et ils sont descendus libres sur les tarmacs ensoleillés. L'Ukraine et la Russie ont effectué un échange sans précédent de 70 prisonniers, un "premier pas", selon Kiev, vers la fin de la guerre dans l'est du pays.

Deux avions transportant 35 prisonniers chacun, dont notamment le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, ont atterri simultanément en milieu de journée à Moscou et à Kiev. "Nous avons fait le premier pas", s'est félicité le président ukrainien après avoir serré la main sur la piste de l'aéroport principal de Kiev à chacun des Ukrainiens rendus par Moscou. "Nous devons faire tous les autres pas pour mettre fin à cette horrible guerre", a-t-il ajouté devant un parterre de journalistes. "Je félicite tout le monde pour la libération de nos héros!"

A côté de lui, des dizaines de personnes, dont beaucoup d'enfants, se sont rués vers leurs proches pour les serrer dans les bras. Beaucoup pleuraient, parmi eux des journalistes et le commandant des forces navales ukrainiennes, Igor Vorontchenko.

Un signe d'espoir

Les capitales occidentales ont aussitôt salué l'échange, "peut-être un premier pas de géant vers la paix" selon le président américain Donald Trump et "signe d'espoir" pour la chancelière allemande Angela Merkel, qui a appelé à la poursuite du processus de la paix avec les séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron a pour sa part salué la libération d'Oleg Sentsov. "C'est un pas décisif dans la reprise d'un dialogue constructif qui doit être poursuivi dans les prochaines semaines", a ajouté la présidence française.

L'Otan, tout en saluant l'évènement, a souligné, par le biais de sa porte-parole Oana Lungescu, "continuer d'appeler la Russie à (...) la libération de tous les prisonniers".

De son côté, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a salué un "pas très important", soulignant la "nécessité de maintenir cette volonté à résoudre les problèmes".

Le président russe Vladimir Poutine avait récemment estimé qu'un échange de prisonniers serait "un grand pas vers la normalisation des relations" avec Kiev.

Un réalisateur de cinéma ukrainien contre un témoin-clé du crash du vol MH17

Le plus célèbre des prisonniers échangés, Oleg Sentsov, a appelé à son arrivée à la libération "des prisonniers restants" en Russie. "Notre lutte ne s'achève pas", a-t-il lancé, serrant dans ses bras sa fille adolescente en larmes.

Oleg Sentsov, 43 ans, avait été arrêté en 2014 en Crimée après avoir protesté contre l'annexion par la Russie de cette péninsule ukrainienne. Il avait été condamné ensuite à 20 ans de camp pour préparation "d'attaques terroristes".

En échange, l'Ukraine a notamment relâché Volodymyr Tsemakh, 58 ans, un ex-chef militaire des séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine, qui figure dans l'enquête sur le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu il y a cinq ans par un missile russe au-dessus de la zone de guerre. Dans une lettre au président Zelensky, quarante députés européens ont qualifié cette semaine M. Tsemakh de "suspect clé" dans cette affaire.


Les Pays-Bas ont tenté d'annuler l'échange du dirigeant séparatiste

La décision de le remettre à Moscou a crispé les Pays-Bas dont 196 ressortissants ont péri dans cette catastrophe et qui a fait au total 298 morts.

Le gouvernement néerlandais regrette "profondément" cette décision et a consulté Kiev "à plusieurs reprises et au plus haut niveau" afin d'empêcher qu'il soit remis à la Russie, a écrit le ministre néerlandais des Affaires étrangères Stef Blok dans une lettre à la Chambre basse. Moscou rejette farouchement son implication dans la catastrophe du MH17.

M. Blok a néanmoins indiqué que le parquet néerlandais avait pu interroger M. Tsemakh avant son départ pour la Russie.


Vers un sommet entre plusieurs chefs d'Etats?

Parmi les autres prisonniers relâchés, figurent 24 marins ukrainiens capturés par la Russie au large de la Crimée en novembre dernier.

Après l'échange de samedi, Kiev demande la libération des quelque 90 Ukrainiens détenus en Russie et en Crimée. Jusqu'à 220 Ukrainiens sont aussi retenus dans les territoires séparatistes, selon une ONG ukrainienne.

Il s'agit du premier échange de prisonniers de cette envergure entre l'Ukraine et la Russie depuis le début en 2014 du conflit dans l'est de l'Ukraine, précédé par l'annexion de la Crimée.

Kiev et l'Occident accusent Moscou de soutenir militairement les séparatistes dans cette une guerre qui a fait près de 13.000 morts. Le Kremlin dément toute implication.

Un sommet réunissant les chefs d'Etat ukrainien, russe, allemand et français pourrait être organisé ce mois-ci, pour la première fois depuis plusieurs années.

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