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Shiffrin: il est "important de se battre" pour la place des femmes dans le ski alpin

Mikaela Shiffrin domine outrageusement le ski alpin avec deux gros globes de cristal, deux titres olympiques, trois Mondiaux et 48 victoires en Coupe du monde, mais l'Américaine âgée de 23 ans pense qu'il est "important de se battre" pour que les femmes y soient mieux reconnues, a-t-elle expliqué à l'AFP jeudi, à la veille du slalom géant de Courchevel.

Q: Vous avez déclaré, "je ne veux pas être une femme objet parce que je porte un bikini", après être apparue en tenue de ski dans le magazine pour hommes Maxim, au milieu de modèles en maillot de bain. Que vouliez-vous prouver?

R: "La vérité, c'est que Maxim a choisi la photo. En faisant partie de cette liste des 100 femmes les plus +Hot+, je voulais prouver que vous pouvez venir d'horizons différents, vous n'avez pas besoin d'être une top-modèle en bikini pour être +hot+ ou sexy. Mais aussi que, être intelligente, authentique, aimable et dure au mal rend sexy, peut-être de façon différente."

Q: Pensez vous que les femmes dans le sport de haut niveau manquent de reconnaissance pour leurs performances plutôt que pour leur physique?

R: "Oui, clairement. Personnellement, j'ai toujours plaisir à m'apprêter pour être jolie. Je ne suis pas la fille la plus belle du circuit mais je suis une des plus rapides et je suis très fière de ce que j'accomplis dans le sport. C'est certainement l'une des premières choses que j'aimerais que les gens reconnaissent en premier chez moi."

Q: Dans le milieu du ski la plupart des entraîneurs, des dirigeants et des techniciens sont des hommes. Est-ce un milieu trop masculin ou macho?

R: "C'est un milieu dominé par les hommes, c'est sûr. C'est parfois un milieu chauvin aussi. Je pense être protégée de ça parce que mon équipe est très professionnelle. Mes entraîneurs me respectent énormément, mon technicien aussi, donc, je ne ressens pas cela directement. Ma mère le vit (elle a été son entraîneure et fait partie de son équipe). Quand elle voyage dans le circuit c'est l'une des seules femmes (...) De plus en plus de femmes arrivent dans le milieu, mais pour je ne sais quelle raison, elles restent très peu nombreuses par rapport aux hommes. Je pense qu'il est important de se battre pour cela, tout simplement de dire +respectez les femmes+."

Q: Aimeriez vous voir plus de femmes entraîner au plus haut niveau?

R: "Je pense que de nombreuses femmes seraient tout à fait compétentes pour cela (...) Mais j'estime que c'est aussi un choix personnel, peut-être que ces femmes ne voient pas qu'elles peuvent entraîner en Coupe du monde. Il y a beaucoup de femmes coach dans les jeunes catégories. S'il y a une bonne entraîneure, qu'elle a envie d'être coach en Coupe du monde, alors qu'elle fonce!"

Q: Votre compatriote Lindsey Vonn a demandé plusieurs fois à skier en compétition avec les hommes, sans être exaucée. Ca vous intéresserait?

R: "Ce n'est pas l'un de mes objectifs. Je trouve toujours drôle de m'entraîner avec les garçons et je pense que ce serait fun de concourir avec eux mais ce serait peut-être dans un type de course différent. Clairement, je ne me vois pas courir une descente avec les hommes, ni même un géant, un slalom ou un super-G contre eux. Il y a un important mouvement pour les droits des femmes et l'égalité des sexes en ce moment, mais dans certains sports, comme le ski alpin, la force est un facteur très important de la performance, et les hommes ont un avantage naturel à ce niveau. J'ai déjà été plus rapide que des garçons parmi les plus forts de la Coupe du monde à l'entraînement. Mais c'est différent, ce n'était pas en compétition."

Propos recueillis par Robin GREMMEL

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