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Sierra-Leone: participation importante aux élections présidentielle et législatives

Les Sierra-Léonais se sont déplacés en nombre mercredi pour élire leur nouveau président et les principaux candidats ont promis le changement des pratiques politiques et des conditions de vie dans ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest, gangrené par la corruption.

Tout au long de la journée, de longues files d'électeurs ont attendu patiemment leur tour dans la capitale, Freetown.

Les quelque 2.700 bureaux de vote ont fermé comme prévu à partir de 17H00 (GMT et locales) pour des scrutins présidentiel, législatif et communal, où plus de 3,1 millions d'inscrits étaient appelés aux urnes. De premiers résultats partiels sont attendus dans les 48 heures.

Si aucun candidat n'obtient 55% des voix, un second tour sera organisé dans un mois, une hypothèse d'autant plus probable que le président sortant, Ernest Bai Koroma, ne peut se représenter, après deux mandats de cinq ans. Son ancien ministre des Affaires étrangères, Samura Kamara, 66 ans, assume l'héritage et porte les couleurs du parti au pouvoir, l'APC.

Face à lui, le SLPP, principale formation de l'opposition, présente de nouveau l'ancien général Julius Maada Bio, battu par M. Koroma en 2012.

"Jusqu'à présent, les opérations se déroulent pacifiquement et je suis satisfait de l'organisation", a déclaré M. Bio après avoir voté, prévenant qu'il n'accepterait "que des élections libres, justes et crédibles".

Il risque cette fois de perdre des électeurs au profit d'un ancien dirigeant de son parti, Kandeh Yumkella, qui se présente à la tête d'une nouvelle formation, la Grande coalition nationale (NGC). Ce "troisième homme" pourrait jouer le rôle de faiseur de roi en cas de second tour.

Vers 18H00, la résidence de Julius Maada Bio a été encerclée par la police à laquelle on avait refusé d'entrer, selon les policiers.

Après une intervention de l'ancien président du Ghana et d'un observateur du scrutin, John Dramani Mahama, la police a été autoriséee à entrer dans la résidence, selon la même source. Les policiers ont examiné plusieurs ordinateurs portables et sont sortis de la ré&sidence vers 20H00.

Selon un porte-parole du SLPP, il s'agit "d'un acte d'intimidation" visant a nuire à la régularité du scrutin.

Le vote s'est généralement déroulé dans le calme, mais deux personnes ont été arrêtées à la suite d'une altercation entre partisans de l'APC et du SLPP à Freetown, a indiqué la police et le NGC a dénoncé des "tentatives de votes multiples" et des "bulletins de vote manquants" à Port Loko et Tonkolili, fiefs du parti au pouvoir.

- 'Argent roi' -

Plus de 250 observateurs de l'Union africaine, de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, de l'Union européenne et du Commonwealth ont été déployés. Dans un communiqué conjoint, ils ont appelé les forces de l'ordre à "faire preuve de professionnalisme" et les candidats à "s'abstenir de toute acte de violence ou d'intimidation".

"C'est une journée calme, les gens peuvent exprimer leur vrai choix", a déclaré la chef des observateurs de l'UE, Jean Lambert.

Electeur pour la première fois, Joseph Kargbo, 18 ans, a voté pour le SLPP, comme sa mère le lui a ordonné. "Elle ne peut pas payer les frais de scolarité et le SLPP a dit qu'il rendrait gratuite l'éducation primaire et secondaire".

Arthur Taillu, un enseignant à la retraite, estime qu'il sera difficile à l'opposition de l'emporter. "Le gouvernement actuel a beaucoup d'influence. Ils ont beaucoup d'argent. Et dans les pays très pauvres comme la Sierra Leone, l'argent est roi".

Le bilan de l'administration sortante est contrasté.

Si elle est parvenue à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays dévasté par la guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120.000 morts, l'économie reste dans un état préoccupant après les chocs de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016, de la chute des cours mondiaux des matières premières et la corruption a continué à prospérer.

Les conditions de vie de la plupart des habitants restent précaires alors que le sous-sol regorge de richesses, notamment de fer et de diamants.

La Chine est par ailleurs soupçonnée d'avoir pesé sur le résultat final en finançant des projets phare du pouvoir, dont un nouvel aéroport et une autoroute.

Comme dans beaucoup de pays d'Afrique de l'Ouest, les divisions politiques recoupent souvent les divisions ethniques et géographiques, sauf dans la capitale, plus diversifiée démographiquement, où vit un tiers de la population.

Mais "il y a une volonté croissante de l'électorat de se déterminer plus selon les programmes que sur une base ethnique", souligne le centre de recherche sierra-léonais IGR.

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