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Sri Lanka: nouvelles émeutes malgré l'état d'urgence

De nouvelles émeutes ont éclaté mercredi dans le centre du Sri Lanka, malgré l'état d'urgence instauré la veille pour 10 jours en raison d'une vague de violence contre la minorité musulmane, a annoncé la police.

Les émeutiers ont incendié de nouveaux commerces musulmans, alors que le couvre-feu décrété lundi a été prolongé jusqu'à jeudi matin dans la région touristique et multi-ethnique de Kandy, foyer de violences qui ont causé la mort de deux personnes et la destruction en quelques jours de plus de 150 habitations, commerces et véhicules appartenant à des musulmans.

Au moins trois policiers ont été blessés dans des affrontements avec des émeutiers à Menikhinna, une banlieue de Kandy, a précisé Ruwan Gunasekera, porte-parole de la police. La police a indiqué avoir eu recours à des gaz lacrymogènes.

Sept personnes ont été arrêtées mercredi pour avoir bravé le couvre-feu qui avait été décrété lundi. Elles sont accusées d'avoir provoqué des troubles dans cette région connue pour ses plantations de thé et ses sites bouddhistes.

Les fournisseurs d'accès ont reçu l'ordre de bloquer Facebook dans tout le pays et de suspendre l'accès à internet dans la région de Kandy, après que la police a affirmé que les réseaux sociaux étaient utilisés pour attiser les violences.

Les écoles de Kandy, à 115 kilomètres à l'est de Colombo, restaient fermées mercredi.

Le porte-parole du gouvernement, Rajitha Senaratne, a souligné que les organisateurs des violences seraient punis.

"C'est une violence organisée", a-t-il déclaré à Colombo. "Nous avons identifié quatre individus qui sont à l'origine des émeutes, et ils vont être bientôt arrêtés", a-t-il ajouté.

Il a également indiqué que la police avait reçu l'ordre d'arrêter toute personne incitant à la haine contre les musulmans via les réseaux sociaux.

Les gouvernements étrangers, dont celui des Etats-Unis, ont émis des mises en garde déconseillant à leurs citoyens de se rendre au Sri Lanka depuis l'instauration de l'état d'urgence.

Les Nations unies ont condamné les violences et pressé Colombo de s'assurer que "des mesures appropriées soient prises rapidement afin de restaurer la normalité dans les zones concernées".

Le gouvernement a décidé d'instaurer l'état d'urgence, une première depuis sept ans, face à l'échec de la police à faire cesser la violence dans cette région où des militaires et des forces spéciales de la police lourdement armées ont été déployés pour rétablir l'ordre.

Les violences ont éclaté durant le week-end à la suite de la mort d'un Cinghalais bouddhiste battu par une foule la semaine dernière.

Les Cinghalais, majoritairement bouddhistes, constituent les trois quarts des 21 millions d'habitants de l'île. Les musulmans représentent environ 10% de la population et les Tamouls, majoritairement hindous, environ 18%.

Le Sri Lanka connaît une montée de l'extrémisme bouddhiste, attisé par des moines radicaux.

L'état d'urgence donne aux autorités des pouvoirs accrus pour déployer des forces, arrêter des suspects et les maintenir plus longtemps en détention.

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