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Stockholm dénonce l'enlèvement "brutal" d'un libraire suédois en Chine

La Suède a dénoncé lundi l'enlèvement "brutal" en Chine du libraire et éditeur suédois d'origine chinoise Gui Minhai, commis alors qu'il était accompagné de diplomates suédois, et a exigé sa libération.

Gui, 53 ans, a été arrêté dans un train en direction de Pékin il y a un peu plus de quinze jours alors qu'il était assisté de deux diplomates suédois. C'est la deuxième fois que le libraire et éditeur disparaît ainsi en Chine dans des circonstances troubles pour y être détenu.

"L'intervention brutale" survenue en janvier contre l'assistance consulaire suédoise de Gui Minhai intervient "en dépit des assurances répétées de la Chine" qu'il "était un homme libre à ce moment", a déclaré la ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallstrom dans un communiqué, exigeant la libération du libraire.

"Cette action chinoise est en contradiction avec les régles internationales fondamentales sur le soutien consulaire", a ajouté Margot Wallstrom, pour qui cette affaire "soulève des questions sur "l'application de l'Etat de droit" et sur "l'interdiction des détentions arbitaires".

Gui Minhai est l'un des cinq libraires basés à Hong Kong qui publient des titres accrocheurs sur la vie privée des dirigeants chinois et qui sont interdits en Chine continentale.

Il avait disparu une première fois en 2015 alors qu'il était en vacances en Thaïlande. Gui avait refait surface plus tard dans un endroit non précisé de Chine, où il reconnaissait avoir été impliqué dans un accident mortel de la circulation et avoir passé des ouvrages en contrebande.

- 'scénarios horribles' -

Les autorités chinoises ont assuré qu'elles l'avaient relâché en octobre mais selon sa fille, Angela Gui, 23 ans, interrogée par l'AFP, Gui Minhai était assigné à résidence dans la ville de Ningbo, dans l'est du pays, où vivent encore certains de ses proches.

"Il y a toute sorte de scénarios horribles qui sont envisageables", s'est inquiétée l'étudiante qui vit en Angleterre.

La répression s'accroît sur la société civile depuis la prise de fonctions en 2012 du président chinois Xi Jinping, avec l'interpellation de centaines d'avocats et de militants.

Les Etats-Unis et l'Union européenne avaient demandé la libération immédiate de Gui Minhai et sa disparition avait suscité un scandale diplomatique entre Stockholm et Pékin.

Gui Minhai a été interpellé le 20 janvier par des policiers en civil, alors qu'il voyageait en train entre Ningbo et Pékin, où il avait un rendez-vous médical.

"Nous exigeons que notre ressortissant puisse être en mesure de rencontrer le personnel diplomatique et médical suédois, et qu'il soit libéré pour pouvoir rejoindre sa fille et sa famille", a poursuivi Margot Wallstrom.

Aucune explication publique à cette arrestation n'a été fournie par les autorités chinoises.

Angela Gui s'est inquiétée que son père soit déféré devant un tribunal et n'écope d'une longue peine, mettant en danger sa santé.

Quand il a été arrêté, Gui Minhai se rendait à Pékin pour consulter un médecin spécialiste suédois, redoutant d'être atteint de la maladie de Charcot.

"S'il a cette maladie, il n'a peut-être plus beaucoup de temps à vivre", se désole sa fille.

La Chine avait été sévèrement dénoncée après la mort en juillet dernier d'un cancer du foie du prix Nobel de la Paix et militant des droits de l'Homme Liu Xiaobo. Le régime lui reprochait notamment d'avoir corédigé un manifeste, la Charte 08, prônant des élections libres en Chine. Pékin était resté sourd aux appels occidentaux à le laisser partir à l'étranger pour se soigner.

La fille de Gui Minhai a appelé la communauté internationale à sortir de sa "paralysie" sur l'affaire de son père, se désolant qu'il n'ait pas été fait davantage pour qu'il puisse quitter la Chine.

"Il n'aurait pas dû être enlevé à nouveau (...) Il aurait dû y avoir un moyen de le ramener à la maison. Ou alors il aurait fallu s'assurer qu'il était en sécurité lors de ses déplacements", a-t-elle ajouté.

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