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Syrie: accord sur l'évacuation des deux dernières localités assiégées

Des milliers de personnes pourront sortir des deux dernières localités assiégées de Syrie, encerclées depuis trois ans par des rebelles, en échange de la libération de centaines de prisonniers détenus par le régime, au terme d'un accord conclu mardi.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'accord a été passé entre la Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad, et la Turquie, soutien des rebelles, deux acteurs incontournables du conflit syrien.

Situées dans la province d'Idleb (nord-ouest), les villages de Foua et Kafraya, en majorité de confession chiite et acquis au régime, sont assiégés par des rebelles et le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, ancienne branche d'Al-Qaïda en Syrie, qui contrôlent aujourd'hui une très grande majorité de la province.

L'accord "prévoit l'évacuation totale des habitants des deux villages vers le territoire sous contrôle du régime dans la province proche d'Alep" (nord), a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. "En échange, des centaines de détenus seront libérés des prisons du régime".

Une source au sein de Hayat Tahrir al-Cham a confirmé l'accord, disant à l'AFP que plus de 100 bus allaient évacuer 6.900 personnes, civils et combattants. De l'autre côté, 1.500 détenus seront libérés des geôles du régime.

Des médias d'Etat ont confirmé un accord sur l'évacuation de "milliers de personnes" de Foua et Kafraya.

Mais aucune de ces sources n'a précisé de date pour ces évacuations.

- Quel sort pour Idleb ? -

En avril 2017, des dizaines d'habitants évacués de Foua et Kafraya avaient été tués sur la route dans un attentat suicide, près d'Alep (nord).

Un drame qui a laissé des traces.

"Je prie pour que tout aille bien. Nous n'avons toujours pas oublié ceux qui sont morts dans l'explosion", a confié à l'AFP un habitant de Kafraya de 42 ans sous le couvert de l'anonymat.

"Qu'allons-nous faire de nos terres et nos propriétés ?", s'est-t-il également inquiété.

Selon Nawar Oliver, spécialiste de la Syrie au centre de réflexion Omran, basé en Turquie, cet accord pourrait contribuer à une entente sur le sort de l'ensemble de la province d'Idleb.

"Un changement se profile incontestablement pour Idleb mais des problèmes doivent encore être résolus (...), avant la conclusion d'un accord final", a-t-il dit à l'AFP.

- "Raids russes intensifs" -

Après avoir repris la quasi-totalité de la province méridionale de Deraa, les forces du régime tentent actuellement de reconquérir la région voisine de Qouneitra.

Un accord dit de "réconciliation" négocié le 6 juillet par la Russie a, de fait, entraîné une capitulation des rebelles dans la province de Deraa.

Dimanche, le régime a ouvert le nouveau front dans la province de Qouneitra, qui borde la ligne de démarcation sur le plateau du Golan, en majeure partie occupé et annexé par Israël.

Au moins 15 civils ont péri mardi dans des frappes sur deux localités des provinces de Deraa et Qouneitra, a indiqué l'OSDH, sans être en mesure d'indiquer s'il s'agissait de raids russes ou du régime. Une partie des victimes étaient des déplacés qui avaient trouvé refuge dans un immeuble abandonné, après avoir fui des combats.

"Depuis mardi matin, des raids russes intensifs et des barils d'explosifs largués par le régime visent un secteur à cheval entre Qouneitra et Deraa,", selon l'OSDH.

Déclenché en 2011, après la répression par le régime de manifestations pacifiques demandant des réformes démocratiques, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.

Il a fait plus de 350.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.

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