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Syrie: Damas dit commencer à appliquer le plan de Kofi Annan, qui dément

Damas a affirmé avoir retiré des troupes de certaines villes, conformément au plan de l'émissaire international Kofi Annan, mais ce dernier l'a accusé de simplement déplacer ses chars pour mener d'autres opérations, qui ont fait selon une ONG de nouveaux morts mardi.

Sur le terrain, les rebelles, censés, selon le plan Annan, cesser également le feu d'ici jeudi matin, ont donné 48 heures au régime pour arrêter ses opérations et retirer ses troupes sous peine de reprendre leurs attaques.

"Pendant 48 heures, nous nous défendrons seulement. Si les bombardements ne cessent pas et que les chars ne sont pas retirés, nous passerons à l'attaque et intensifierons nos opérations militaires", a prévenu le colonel Kassem Saadeddine, porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL) en Syrie, joint par l'AFP.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a également dénoncé une "violation" du cessez-le-feu de la part du régime, estimant par ailleurs que les nouvelles conditions posées par Damas au plan Annan étaient "inacceptables" et "irréalisables".

Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a par exemple estimé que "le cessez-le-feu doit commencer avec l'arrivée d'observateurs internationaux", alors que l'ONU conditionne l'envoi de ces observateurs à l'arrêt des violences, a souligné Bassma Kodmani, porte-parole du CNS.

De fait, sur place, aucun retrait des forces n'a été constaté, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), en faisant état de 17 morts à travers le pays.

A Moscou, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rapporté que les autorités syriennes l'avaient informé du retrait d'une partie de leurs troupes de Homs (centre), où l'OSDH a pourtant recensé sept morts mardi, notamment dans des bombardements.

M. Lavrov a par ailleurs appelé son allié à être "plus actif" et "plus ferme" dans son application du plan Annan, lors d'une conférence de presse avec son homologue Walid Mouallem.

Il a ensuite appelé l'émissaire international pour lui demander d'intensifier la pression sur l'opposition syrienne.

"L'armée syrienne se retire de certains endroits mais se déplace dans d'autres qui n'étaient pas visés auparavant", a de son côté déclaré M. Annan depuis la Turquie où il a visité un camp de réfugiés syriens.

Il a également appelé toutes les parties syriennes à cesser la violence sans "conditions préalables", alors que le régime a accepté son plan, avant d'exiger comme préalable des garanties écrites sur l'arrêt des violences commises selon lui par les rebelles, qu'il assimile à des "terroristes".

Après sa visite d'un camp de réfugiés, M. Annan doit envoyer un courrier au Conseil de sécurité de l'ONU concernant son plan, a annoncé son porte-parole.

Pour Londres, Damas semble "n'avoir aucune intention de tenir ses engagements", tandis que Paris a qualifié les affirmations de Damas de "nouvelle expression d'un mensonge flagrant et inacceptable".

La communauté internationale avait déjà accusé le régime de ne pas tenir ses promesses, les ambassadeurs français et allemand à l'ONU appelant le Conseil de sécurité de l'ONU à dénoncer cet état de fait.

Les Frères musulmans syriens, influents au sein de l'opposition, ont estimé que le plan Annan accordait un "permis de tuer illimité" au régime, ajoutant: "Notre peuple a payé 1.000 martyrs (...) comme prix pour le plan (Annan) dont le monde entier connaissait d'avance les résultats".

Selon les opposants, un millier de personnes ont trouvé la mort en Syrie depuis le 2 avril, date à laquelle l'ONU avait annoncé l'acceptation par Damas du plan de paix en six points.

Toujours à Moscou, M. Mouallem a de nouveau accusé Ankara de soutenir les rebelles, alors que la tension est brusquement montée lundi entre les deux voisins après que des tirs en provenance de Syrie ont fait des blessés en Turquie.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays accueille 25.000 réfugiés syriens, a haussé le ton mardi, estimant qu'"il s'est produit une très claire violation de la frontière". "Nous prendrons évidemment les mesures nécessaires", a-t-il ajouté, sans préciser lesquelles.

"La Turquie soutient les groupes armés illégaux syriens (...) et contribue à la pénétration illégale de militants en Syrie", a rétorqué M. Mouallem, estimant que "cela contredit le plan Annan".

Près de la frontière avec l'Irak, dans le nord-est, "les autorités ont arrêté des dizaines de soldats syriens, en majorité des Kurdes qui tentaient de rejoindre l'Irak", a annoncé l'OSDH, affirmant craindre que ces soldats ne soient "exécutés sommairement comme cela s'est déjà produit".

Selon l'OSDH, les violences ont fait plus de 10.000 morts depuis la mi-mars 2011 et plus de 100.000 personnes sont ou ont été détenues pendant cette période.

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