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Syrie: des divisions entre rebelles bloquent les évacuations dans la Ghouta

Les évacuations de combattants et civils de l'ultime poche rebelle aux portes de Damas, ont été interrompues jeudi sur fond de divisions internes au sein du camp insurgé à Douma, selon les médias d'Etat syriens.

Environ 20 bus affrétés par le régime de Bachar al-Assad ont pénétré dans la zone de Douma mais ont rebroussé chemin et sont stationnés, avec d'autres, aux abords de la dernière enclave rebelle dans la Ghouta orientale, a constaté un correspondant de l'AFP.

Selon l'agence de presse officielle syrienne Sana, le "retrait des bus de la ville de Douma" s'explique par la nécessité "de s'éloigner des divergences entre les terroristes et de les laisser régler leurs différends par eux-mêmes". Le régime syrien qualifie de "terroristes" les rebelles.

L'accord d'évacuation, parrainé par la Russie, alliée de Damas, "n'a pas pris fin", a toutefois assuré Sana.

Le groupe rebelle islamiste Jaich al-Islam, qui tient encore Douma, n'a jamais confirmé avoir conclu d'accord d'évacuation.

Environ 4.000 combattants et leurs familles ont pourtant déjà été transférés vers le nord de la Syrie depuis lundi, mais la faction rebelle est restée murée dans un silence total, tiraillée entre les partisans et opposants à ce départ organisé.

Selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, "l'ancien accord avec la Russie a été suspendu" jeudi, et des négociations "se poursuivent pour définir une nouvelle mouture".

"Il s'est avéré que sur les 10.000 combattants de Jaich al-Islam, plus de 4.000 refusent catégoriquement de sortir", a indiqué à l'AFP M. Abdel Rahmane.

- "Rien n'est clair" -

En attendant, les habitants de cette dernière poche rebelle vivent dans l'expectative.

"Rien n'est clair. Nous attendons l'issue des négociations. Certains habitants veulent partir tandis que d'autres préfèrent rester", a affirmé à l'AFP un habitant de Douma.

"Les marchés ont ouvert aujourd'hui, les gens ne peuvent plus vivre dans des sous-sols mais après le retrait des bus, des avions ont sillonné l'espace dans le but de terroriser les habitants", ajoute-t-il.

Un correspondant de l'AFP à Damas a confirmé le survol des avions de chasse syriens.

Après avoir pilonné sans relâche durant cinq semaines les zones rebelles de la Ghouta orientale, tuant plus de 1.600 civils, le régime syrien avait obtenu des accords d'évacuation avec deux groupes rebelles, Ahrar al-Cham et Faylaq el Rahmane. Face aux réticences de Jaich al-Islam, il avait massé des renforts autour de Douma, n'excluant pas une reprise de l'offensive militaire pour faire plier les insurgés.

De leur côté, les parents de personnes détenues par les rebelles qui attendaient de pied ferme jeudi la sortie du quatrième convoi qui devait s'accompagner de la probable libération de leurs proches, ont vécu une longue journée marquée par la déception.

"Cela fait trois jours que je viens ici en espérant voir ma fille et son mari enlevés il y a cinq ans et dont je garde les trois enfants. Je commence à perdre espoir", affirme à l'AFP Najah Ali, 60 ans.

"J'espérais qu'il y ait une évacuation aujourd'hui car mon frère et mes cousins sont détenus ici et je n'ai pas de nouvelles d'eux depuis leur enlèvement. Je me sens totalement démoralisée", ajoute Oum Rida, 36 ans.

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