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Syrie : première évacuation de rebelles dans la Ghouta, où les bombardements continuent

Un premier convoi de combattants rebelles a évacué jeudi son fief de la Ghouta orientale, une première depuis le déclenchement d'une offensive du régime syrien, déterminé à reconquérir les derniers territoires aux mains des insurgés aux portes de Damas.

Après une journée d'attente, des autobus transportant des combattants et des civils de Harasta sont partis en début de soirée en direction de la province d'Idleb (nord-ouest), conformément à un accord parrainé par la Russie, selon des images de la télévision d'Etat syrienne et le témoignage d'un correspondant de l'AFP.

Tout au long de la journée, quelque 1.500 personnes, dont plus de 400 combattants, s'étaient rassemblées autour de trente bus garés sur une ligne de démarcation entre la poche rebelle de Harasta et les troupes du régime.

En attendant le départ, des insurgés ont prié en rang serré, tandis que femmes et enfants effectuaient quelques pas ou se reposaient sur le bas-côté.

Les soldats syriens encadrant le convoi et les rebelles se sont côtoyés sans animosité apparente, en dépit des vifs combats qui les ont opposés.

Le pouvoir syrien et son allié russe ont passé un accord avec le groupe rebelle islamiste Ahrar al-Cham pour l'évacuation de Harasta, la plus petite et la moins peuplée des trois poches rebelles qui subsistent dans la Ghouta orientale, cible d'une offensive meurtrière du régime depuis le 18 février.

Raids aériens et tirs d'artillerie ont continué jeudi sur d'autres localités et ont entraîné la mort de 39 civils, dont 25 ont péri dans des frappes aériennes sur la ville de Zamalka, a déclaré l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Un correspondant de l'AFP sur place a vu d'importants panaches de fumée se dégager des bâtiments touchés.

De leur côté, les rebelles tirent obus et roquettes sur Damas et quatre personnes sont mortes dans la capitale jeudi, selon la télévision d'Etat.

- Cessez-le-feu -

A Harasta, l'évacuation pourrait durer plusieurs jours, selon le porte-parole d'Ahrar al-Cham, Munzer Fares.

Au total, quelque 1.500 combattants et 6.000 membres de leur famille doivent quitter la poche en plusieurs vagues, d'après l'agence officielle de presse syrienne Sana.

Ces sorties interviennent au cours d'une offensive implacable et dévastatrice : en plus d'un mois de bombardements aériens et de combats au sol, l'enclave rebelle s'est réduite comme peau de chagrin et les forces du régime en ont déjà reconquis plus de 80%.

Le déluge de feu quotidien a provoqué la mort de plus de 1.500 civils, selon l'OSDH.

Et le sort des territoires rebelles semble définitivement scellé : la faction islamiste Faylaq al-Rahmane, qui contrôle une poche sud dans la Ghouta, a annoncé jeudi l'entrée en vigueur, à partir de minuit, d'un cessez-le-feu qui doit permettre des "négociations finales" avec la Russie.

L'objectif : "trouver une solution et une issue, garantissant la sûreté des civils et la fin de leurs souffrances et garantissant l'arrêt de cette guerre et de ces bombardements", selon le porte-parole du groupe Waël Olwane.

Il a précisé que l'accord préliminaire pour un cessez-le-feu avait été trouvé grâce aux Nations unies, qui n'avaient pas dans l'immédiat fait une telle annonce.

Jeudi, au moins 38 civils ont péri dans des raids ayant visé plusieurs localité de la poche rebelle contrôlée par Faylaq al-Rahmane, a annoncé l'OSDH.

L'évolution dans la Ghouta rappelle ce qui s'est passé dans d'autres fiefs rebelles reconquis ces dernières années par le régime, dont celui dans la ville d'Alep (nord) fin 2016.

A l'issue de bombardements intenses et de sièges très durs, les insurgés présents dans ces zones et les civils les soutenant avaient été mis dans des cars, direction Idleb. Amnesty International avait dénoncé des déplacements forcés de populations.

Même dans cette province d'Idleb, la dernière à encore échapper entièrement au régime, les avions sèment la mort : des raids aériens "probablement russes" ont entraîné jeudi la mort d'au moins 28 civils, dont 11 enfants, sur un marché à Harem, une localité frontalière de la Turquie aux mains d'un groupe jihadiste, selon l'OSDH.

- Plus de 80.000 déplacés -

Appuyé par ses alliés russe et iranien, le régime de Damas a multiplié les victoires face aux rebelles, mais aussi face aux jihadistes, et a reconquis plus de la moitié de la Syrie.

Dans la Ghouta, l'offensive meurtrière des forces gouvernementales a obligé plus de 80.000 personnes au total à partir, a fait savoir l'OSDH.

Pour la seule journée de jeudi, plus de 4.000 civils ont quitté la grande ville contrôlée par les rebelles de Douma, selon l'OSDH.

Ces civils n'ont jusqu'à présent pas eu d'autre choix que de rejoindre des secteurs gouvernementaux, malgré la crainte de représailles pour certains.

La guerre en Syrie, déclenchée en 2011 avec la répression dans le sang par le régime de manifestations en faveur de la démocratie, a fait plus de 350.000 morts et conduit des millions de Syriens à l'exil.

Au fil des ans, le conflit s'est transformé en une guerre complexe, impliquant de multiples belligérants qui s'affrontent sur plusieurs fronts, avec parfois l'intervention directe de puissances étrangères.

Dans le nord-ouest de la Syrie, l'armée turque a déclenché le 20 janvier une offensive pour chasser de la frontière avec la Turquie la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), prenant le contrôle total de l'enclave d'Afrine.

Plus de 250.000 civils ont fui l'avancée des forces turques, d'après l'OSDH.

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