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Syrie: l'ultime enclave rebelle dans la Ghouta dans le viseur du régime

Le régime syrien a promis samedi de poursuivre les combats pour reprendre l'ultime poche insurgée dans la Ghouta orientale, après la fin de l'évacuation négociée de plus de 45.000 rebelles et civils de cette région aux portes de Damas.

Le dernier convoi transportant des rebelles et des civils dans le cadre de ces évacuations négociées a quitté la ville d'Arbine, au sud de la Ghouta, abandonnant un paysage apocalyptique d'immeubles dévastés par une offensive meurtrière du régime de Bachar al-Assad.

La poche sud qui comprend entre autre la ville d'Arbine est désormais "vidée" de ses combattants insurgés, a annoncé l'agence de presse officielle syrienne Sana, au terme de huit jours d'évacuations successives.

Cette nouvelle reconquête intervient après la reprise par le régime de la poche rebelle de Harasta (ouest) la semaine dernière, au terme d'un déluge de feu suivi d'un premier accord d'évacuation dans la Ghouta avec le groupe rebelle Ahrar al-Cham.

Les insurgés ne sont désormais plus présents que dans une seule poche, autour de la grande ville de Douma.

Samedi, l'armée syrienne a promis de "continuer à combattre pour délivrer du terrorisme" cette ultime poche rebelle où les discussions avec la Russie pour une évacuation négociée des insurgés piétinent. Damas qualifie de "terroriste" les rebelles.

- Poursuite des négociations -

"Les négociations se poursuivent, elles ne se sont pas arrêtées", a toutefois indiqué samedi soir à l'AFP le chef du bureau politique du groupe insurgé Jaich al-Islam qui contrôle Douma, Yasser Delwane.

"Des propositions sont faites de part et d'autres mais nous n'avons toujours pas abouti à un accord. En revanche, l'atmosphère est positive", a-t-il ajouté.

La reprise totale de la Ghouta, que le régime contrôle désormais à 95% selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), marquerait une victoire retentissante pour le président Assad dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011.

"Il s'agit d'une victoire stratégique (...) et d'un tournant (dans le cours du conflit, ndlr). La victoire dans la Ghouta est un clou dans le cercueil des terroristes", a déclaré à la télévision d'Etat un officier de l'armée syrienne déployé dans cette région qui fut une des premières à se mobiliser dans les manifestations réclamant des réformes au régime en 2011.

A la faveur d'une offensive dévastatrice lancée le 18 février qui a tué plus de 1.600 civils selon l'OSDH, les forces de Bachar al-Assad ont reconquis la quasi-totalité de l'ancien fief rebelle, assiégé depuis cinq ans.

Seule la poche de Douma fait encore l'objet de négociations entre l'armée russe et le groupe rebelle Jaich al-Islam, mais elles semblent engluées depuis des jours.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les pourparlers ont porté sur un possible maintien de la faction islamiste à Douma en échange de son désarmement et du déploiement de la police militaire russe.

Mais Moscou réclame désormais le départ de Jaich al-Islam et ne veut pas négocier un accord différent de ceux passés avec les autres groupes rebelles: les habitants peuvent rester sur place, les combattants et ceux qui le souhaitent sont eux évacués vers le nord-ouest de la Syrie.

Vendredi, le porte-parole du groupe rebelle islamiste, Hamza Bayraqdar, avait démenti des informations de l'armée russe selon laquelle le groupe avait accepté d'évacuer Douma. "Nous refusons catégoriquement de partir", avait-il insisté.

Pour faire pression sur les insurgés, les forces du régime ont consolidé leur présence aux portes de Douma.

"La Ghouta est le coeur battant de la rébellion syrienne, aux portes de la capitale d'Assad. Jaich al-Islam a survécu à presque cinq années de siège et de famine, refusant obstinément toute idée de reddition. Quitter Douma serait la fin de leur raison d'être", souligne l'analyste Nicolas Heras, du Centre de réflexion enter for New American Security.

- Plus de 150.000 déplacés -

Inquiets devant la tournure des événements, des milliers d'habitants de Douma ont fui ces derniers jours, empruntant des corridors ouverts par le régime.

Plus de 45.000 rebelles et membres de leur famille, mais aussi des civils, ont évacué la Ghouta depuis le 22 mars, selon les autorités syriennes, pour être relocalisés dans la province d'Idleb (nord-ouest), dont le contrôle échappe presque entièrement au régime.

Au total, plus de 150.000 personnes ont fui les combats dans la région, d'après Sana.

Grâce au soutien militaire russe, le pouvoir de Damas a pu renverser la donne dans la guerre, multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reconquérir plus de la moitié du pays.

En début d'année, il a fait de la Ghouta orientale sa priorité. Les rebelles de ce secteur tiraient obus et roquettes meurtriers sur la capitale.

La guerre en Syrie a fait plus de 350.000 morts et s'est transformée en un conflit complexe impliquant des belligérants syriens et étrangers, ainsi que des groupes jihadistes.

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