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Le régime syrien poursuit son offensive, masse des renforts à Idleb

Le régime syrien a massé samedi des renforts à Idleb pour poursuivre son offensive contre les jihadistes et les rebelles dans cette province et d'autres secteurs adjacents, qui échappent à son contrôle dans le nord-ouest de la Syrie en guerre.

Après avoir repris cette semaine la ville clé de Khan Cheikhoun et d'autres secteurs du sud de la province d'Idleb, les forces gouvernementales semblent vouloir remonter plus au nord, en direction de Maaret al-Noomane, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'offensive est d'autant plus importante que la province d'Idleb est l'une des dernières régions en Syrie à être aux mains des jihadistes et des rebelles et à échapper au régime de Bachar al-Assad.

Samedi à Khan Cheikhoun, des volutes de fumée ont continué de s'élever au milieu des destructions provoquées par les bombardements, trois jours après la reconquête de la ville désertée par ses habitants, selon une équipe de l'AFP qui a participé à une visite de presse organisée par l'armée.

Sur certaines artères, des chars ou des camionnettes chargées de soldats, déployés par dizaines, sont stationnés.

Le drapeau national syrien, frappé de deux étoiles vertes, a été hissé près d'une école, devant laquelle des soldats montent la garde. L'équipe de l'AFP n'a pu croiser que deux familles civiles.

Soutenu par l'aviation de l'allié russe, le pouvoir a lancé le 8 août une offensive au sol, après quatre mois de bombardements contre la province d'Idleb et les secteurs adjacents dans les provinces voisines de Hama, Alep et Lattaquié, dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda).

"Le régime a massé des renforts au nord de Khan Cheikhoun, en prévision de sa progression vers Maaret al-Noomane", a indiqué l'OSDH, faisant état de raids aériens du pouvoir et russes contre les villages autour de Maaret al-Noomane.

- Discussions russo-turques -

Le pouvoir a également conquis plusieurs localités dans le nord de la province Hama.

La bataille "n'a duré que quelques heures, en raison de l'importante force de feu qui a précédé l'opération terrestre", a indiqué sous couvert de l'anonymat un officier de l'armée rencontré par l'AFP.

Dans le secteur de Morek, dans le nord de Hama, l'équipe de l'AFP a pu observer à moins d'un km le principal poste d'observation de l'armée turque, encerclé par les forces gouvernementales, mais sans voir les militaires turcs.

Le poste est protégé par de hauts murs en béton, des barbelés et des caméras de surveillance. Un petit drapeau turc y est hissé.

Frontalière de la province d'Idleb, la Turquie, qui appuie des rebelles désormais affaiblis, dispose depuis près de deux ans de douze postes d'observation à Idleb et Hama.

L'encerclement du poste turc a accentué les tensions.

"C'est une affaire internationale, ça ne nous regarde pas", a toutefois déclaré à l'AFP l'officier syrien interrogé par l'AFP. "On est passé à côté du poste turc de Morek, les soldats turcs ne s'en sont pas pris à nous, ni nous à eux. On les a clairement vus et eux aussi".

Alors que la Turquie et la Russie jouent un rôle de premier plan dans le conflit qui déchire la Syrie depuis 2011, le président turc Recep Tayyip Erdogan se rendra mardi à Moscou pour rencontrer son homologue Vladimir Poutine.

Et le 16 septembre un sommet à Ankara réunira les présidents de Russie, de Turquie et d'Iran, un autre allié de Damas.

- Autoroute clé -

"Le poste turc de Morek est encerclé, et l'armée syrienne sera capable d'éliminer ces postes turcs et d'éliminer les terroristes", a asséné Bouthaina Chaabane, conseillère de M. Assad.

La Turquie a affirmé qu'elle n'abandonnerait pas ce poste.

Maaret al-Noomane et Khan Cheikhoun sont situées sur une autoroute reliant la capitale à la grande ville du nord, Alep, toutes deux tenues par le pouvoir.

Selon des experts, Damas cherche à prendre l'intégralité du secteur d'Idleb par lequel passe cette autoroute vitale reliant Alep à la frontière sud avec la Jordanie, via Hama et Homs (centre).

Depuis fin avril, les bombardements du pouvoir et de l'allié russe ont tué environ 900 civils dans la région d'Idleb, selon l'OSDH. Et plus de 400.000 personnes ont été déplacées, d'après l'ONU.

Le régime a reconquis près de 60% du pays, grâce à l'appui militaire de ses alliés, Moscou et Téhéran en tête. Outre des régions du nord-ouest syrien, de vastes secteurs de l'Est, contrôlés par les Kurdes syriens soutenus par Washington, lui échappent encore.

Déclenchée par la répression par le pouvoir de manifestations prodémocratie, la guerre a fait plus de 370.000 morts.

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