Accueil Actu

Macron se justifie sur la Syrie et ne voit pas de "coagulation" des mécontentements

Emmanuel Macron a justifié dimanche les frappes menées en Syrie et réfuté l'idée d'une "coagulation" des mécontentements en France, au cours d'une interview télévisée conduite dans une atmosphère parfois électrique.

Durant plus de deux heures, le président a été soumis à un flot de questions, dont certaines ressemblaient aux interpellations d'un débat et non d'un entretien, de Jean-Jacques Bourdin (BFMTV et RMC) et Edwy Plenel (Mediapart).

Ce ton inédit pour un entretien télévisé était à l'opposé de celui de jeudi sur TF1, qui marquait le début de l'offensive médiatique lancée par Emmanuel Macron pour marquer le premier anniversaire de son arrivée à l’Élysée.

"J'entends toutes les colères", a-t-il affirmé, en citant celle des cheminots, en grève en pointillé depuis début avril. "C'est une colère que je comprends, que je respecte mais qui est liée à une décision que nous prenons, que j'assume, une réforme que nous mènerons jusqu'au bout", a-t-il développé.

Il a rappelé que s'il avait "dès le jour de (son) investiture" évoqué le besoin de "réconcilier le pays", ça ne se ferait "pas du jour au lendemain".

"Je ressens comme vous les injustices", a insisté Emmanuel Macron face aux questions insistantes des deux interviewers sur les réformes économiques et sociales prises depuis un an, pour lesquelles il est qualifié de "président des riches" par ses opposants.

- Pas de nouveaux impôts -

Il a ainsi défendu la suppression partielle de l'ISF afin de "garder les talents, les attirer et réinvestir dans notre économie".

La fiscalité n'augmentera durant le quinquennat et "il n'y aura pas de création d'un nouvel impôt local, ni d'un impôt national", a assuré le chef de l’État.

Il a également affirmé qu'il n'y aurait "pas d'économies sur l'hôpital dans ce quinquennat" et qu'il annoncerait "début mai" des décisions pour tenter de répondre à la crise des services d'urgences.

Concernant la SNCF, Emmanuel Macron a confirmé que l’État reprendrait "progressivement" une partie de la dette de la SNCF "à partir du 1er janvier 2020" quand le groupe serait réformé, sans toutefois avancer de montant. Cette dette devrait alors atteindre une cinquantaine de milliards d'euros.

Pour l'hôte de l’Élysée, les étudiants sont "souvent minoritaires" parmi ceux qui bloquent les universités pour contester la réforme de l'accès à l'enseignement supérieur. Il a dénoncé des violences "inadmissibles".

Alors que de nouveaux heurts se sont déroulés dimanche à Notre-Dame-des-Landes, Emmanuel Macron a en outre jugé que la "colère" des opposants à l'expulsion de la Zad n'était "pas légitime", et que "tout ce qui devra être évacué le sera".

- "Pas la guerre" à Assad -

Pendant près d'une demi-heure, le président a justifié les frappes menées menées dans la nuit de vendredi à samedi contre des sites de production d'armes chimiques du régime de Bachar al-Assad, en affirmant que "c'est la communauté internationale qui est intervenue". Il a toutefois affirmé que la France n'avait "pas déclaré la guerre au régime de Bachar al-Assad".

Le président a expliqué qu'il voulait désormais "convaincre" les Russes et les Turcs de venir à la table des négociations, insistant sur le fait qu'il voulait "parler avec tout le monde" sur le dossier syrien.

Il a affirmé que Paris avait réussi à convaincre le président américain Donald Trump de "rester dans la durée" en Syrie alors qu'il avait récemment manifesté son intention de désengager ses troupes du pays.

Durant tout l'entretien, Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel ont débuté leurs questions par "Emmanuel Macron" et non "Monsieur le président", marquant ainsi une rupture avec les usages des entretiens présidentiels des dernières décennies.

Qualifiant l'exercice d'"inédit", Emmanuel Macron a parfois reproché aux deux journalistes des "amalgames" ou des "bêtises" dans leurs questions. S'adressant à Edwy Plenel, il n'a pas hésité à faire allusion aux démêlées de Mediapart avec le fisc. "C'est totalement mesquin", a répondu le journaliste.

Sur les réseaux sociaux, les internautes étaient partagés face au ton de l'interview. Certains applaudissaient, comme Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique: "Enfin une vraie interview présidentielle. Il y aura un avant et un après".

Mais Christian Estrosi, le maire de Nice, y a vu "une caricature d’interview". Car "en cherchant à abaisser la fonction présidentielle, les journalistes abaissent en réalité la fonction de journaliste".

"Incroyable entretien de presse. On n'écoute plus les réponses, on attend les questions", a tweeté Jean-Luc Mélenchon (LFI).

À lire aussi

Sélectionné pour vous