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Syrie : plusieurs pays de l'UE veulent que les criminels de guerre soient jugés

L'entreprise risque d'être longue et difficile. Mais un groupe de pays européens, dont la France, veulent que soient jugés les criminels de guerre syriens, dans tous les camps, condition à leurs yeux pour la paix et la réconciliation dans ce pays déchiré par sept années d'un conflit dévastateur.

La France avait convié cette semaine à Bruxelles l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas, le Danemark et la Belgique à une réunion consacrée à la lutte contre "l'impunité" en Syrie.

Des responsables gouvernementaux de ces sept pays se sont retrouvés discrètement mercredi en marge de la conférence des donateurs de Bruxelles II organisée par l'UE et l'ONU.

"Nous serons intraitables", a promis le secrétaire d'Etat français aux affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne lors de la réunion. "Nous devons faire le serment à Bruxelles que pas un seul responsable ne puisse échapper à la justice", a-t-il insisté devant ses homologues.

"Une paix durable ne sera possible que si les auteurs de ces crimes sont punis", a renchéri le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.

"Il n'y aura pas de paix à long terme sans punition et sans réconciliation", a abondé la secrétaire d'Etat suédoise aux Affaires étrangères Annika Söder.

"La voie est ardue", a toutefois reconnu Heiko Maas. Pour le moment, "nous rassemblons des preuves et nous poursuivrons plus tard", a-t-il souligné.

Selon des sources diplomatiques, sont visés les criminels de guerre ayant agi dans tous les camps du conflit, du régime comme des groupes jihadistes.

"Les défis sont énormes", a confirmé Jean-Baptiste Lemoyne. "Les accès à la Syrie sont fermés, les preuves sont détruites, les témoins disparaissent", a-t-il déploré.

Le régime syrien et ses alliés russes et iraniens tentent par tous les moyens de faire obstacle à la collecte de preuves, selon ses détracteurs.

Les "Casques blancs", membres de l'organisation humanitaire de protection civile en Syrie, sont accusés par Moscou de manipuler les preuves et les faits.

- Contre l'impunité -

"Ils ont été créés et ils n'existent que grâce aux financements occidentaux. Ils fournissent des faux", a ainsi soutenu l'ambassadeur de Russie auprès de l'UE Vladimir Chizov, qui représentait son pays à la conférence des donateurs, dans un entretien accordé au site d'informations européen Euractiv.

"Nous formons des Syriens à rassembler des preuves, à documenter les tortures et les viols", a expliqué la secrétaire d'Etat britannique au Développement Penny Mordaunt. "Nous devons assurer que la voix des Syriens est entendue, car ces courageux risquent leurs vies", a-t-elle plaidé.

"Nous devons du respect à ceux qui collectent les preuves. Ils nous permettent d'être prêts quand il faudra punir les responsables de crimes", a renchéri la ministre danoise de la Coopération Ulla Tornaes.

"Toutes les normes internationales ont été violées en Syrie. Ce pays est devenu l'exemple flagrant des effets de l’impunité", s'est insurgé le vice-Premier ministre belge Alexandre de Croo. "Le veto et les actions de blocage renforcent la culture de l'impunité et légitiment les violences", a-t-il argué.

Un "Mécanisme international, impartial et indépendant" a été mis en place par l'ONU en décembre 2016 pour "élaborer des stratégies de collecte de preuves pour remédier au fait qu'il n'a pas accès au territoire syrien". Une juge française, Catherine Marchi-Uhel le dirige. Elle a confié gérer un volume "sans précédent" d'informations.

Connu sous son acronyme, le M3I est financé par des contributions nationales. Pour 2018, le budget est estimé à environ 14 millions de dollars (11,3 millions d'euros). Pour le moment, 11,5 millions de dollars ont été promis, dont 7 ont été versés, selon la juge française.

Les Européens ont tenté de saisir la Cour pénale internationale (CPI), mais la Chine et la Russie ont mis leur véto au projet de résolution, a regretté le secrétaire d'Etat français. "Ils ont refusé la justice aux Syriens", a accusé M. Lemoyne.

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