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Syrie: six civils tués dans des tirs du régime ayant touché un hôpital près d'Idleb

Au moins six civils ont péri dimanche dans des frappes du régime syrien ayant touché un hôpital de la localité d'Atareb, dans le nord-ouest de la Syrie, malgré le cessez-le-feu en vigueur dans la région, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Les forces du régime ont lancé six obus sur la localité d'Atareb" située dans la province d'Alep, en bordure du gouvernorat d'Idleb, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

La moitié de la région d'Idleb et des segments adjacents --dont Atareb-- dans les provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié échappent encore au régime de Bachar al-Assad et sont contrôlés par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, et des groupes rebelles, dont certains pro-turcs.

Les frappes ont touché "la cour et l'entrée de l'hôpital (...) situé à l'intérieur d'une grotte, tuant six civils, parmi lesquels un enfant et un employé de l'hôpital", selon l'OSDH. Onze autres personnes ont été blessées, y compris des membres du personnel de santé.

Plus tard dans la journée, l'aviation russe, qui soutient le régime syrien, a mené des raids contre une usine à gaz et ses environs à proximité de la ville de Sarmada, dans la banlieue d'Idleb, a ajouté l'ONG, qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Un haut responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Mark Cutts, a qualifié l'attaque contre l'hôpital d'"alarmante", tandis que le Comité international de secours (IRC) l'a condamnée, précisant qu'il s'agissait de la cinquième contre des installations médicales en Syrie depuis le début de l'année.

"Les établissements de santé sont protégés par le droit international et devraient constituer des refuges sûrs en temps de crise", a déploré Rehana Zawar, directrice de l'IRC pour le nord-ouest de la Syrie.

- Colère et consternation -

A Atareb, la colère et la consternation étaient palpables dimanche.

Des funérailles ont été organisées en plein air. La foule a prié devant les corps de trois victimes enroulés dans des couvertures et exposés sur deux tables.

De son côté, l'agence officielle Sana a fait état dans l'après-midi de deux morts civils et de plusieurs blessés, y compris des enfants, dans la chute d'obus tirés par "des organisations terroristes soutenues par l'occupation turque" sur un quartier de la ville d'Alep, contrôlée par le régime.

Les tirs n'ont pas été revendiqués.

La région d'Idleb abrite environ trois millions d'habitants, dont les deux tiers ont été déplacés d'autres régions reconquises par le régime.

En mars 2020, une trêve précaire y est entrée en vigueur -- après une offensive de trois mois ayant déplacé plus au nord près d'un million de personnes, selon l'ONU. Cette trêve est parrainée par la Russie et la Turquie, qui soutient des groupes rebelles.

Malgré des violations répétées, y compris des frappes aériennes russes, le cessez-le-feu a été maintenu.

Par le passé, les forces du régime, soutenues par Moscou, ont maintes fois visé des hôpitaux de cet ultime grand bastion jihadiste et rebelle, poussant les autorités locales à aménager des hôpitaux dans des souterrains ou dans des grottes.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 337 attaques contre des infrastructures médicales ont eu lieu dans le nord-ouest de la Syrie entre 2016 et 2019.

Selon l'ONU, 70% des médecins et infirmiers ont fui la Syrie au cours des dix années de guerre, tandis que seule la moitié des installations médicales sont encore opérationnelles.

Déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie par le régime de Damas, la guerre en Syrie a fait plus de 388.000 morts et des millions de déplacés.

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