Accueil Actu

Syrie: Trump sonne le début de la fin, mais sans date de retrait

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi le début de la fin de leur mission antijihadistes en Syrie, mais le président Donald Trump semble avoir cédé pour l'instant aux pressions de ses conseillers et de ses alliés, renonçant à un retrait rapide des troupes américaines.

"La mission militaire visant à éradiquer" le groupe Etat islamique (EI) "touche à sa fin", a déclaré la Maison Blanche.

L'organisation jihadiste est "presque complètement détruite" mais les Etats-Unis et leurs partenaires restent déterminés "à éliminer la petite présence de l'EI en Syrie qui (...) n'a pas encore été éradiquée", a-t-elle ajouté, sans jamais évoquer un éventuel départ des GI's et encore moins un calendrier pour un futur retrait.

Ce bref communiqué, présenté par l'administration comme une "décision" prise mardi lors d'une réunion à la Maison Blanche, ne semble pas bouleverser la stratégie américaine.

Mais une communication était devenue nécessaire depuis que Donald Trump avait semé le trouble en exprimant à plusieurs reprises ces derniers jours son souhait de retrait rapide des quelque 2.000 soldats américains déployés en Syrie, essentiellement des forces spéciales présentes pour combattre l'EI et entraîner les forces locales dans les zones reprises aux jihadistes.

"Nous avons largement réussi face à l'EI" et, "parfois, il est temps de rentrer à la maison. Et nous pensons à ça très sérieusement", a-t-il lancé mardi.

"Je veux ramener nos troupes à la maison", a-t-il insisté, retrouvant, comme souvent ces derniers temps, les accents de sa campagne victorieuse sur le slogan "America First", "l'Amérique d'abord", pour dénoncer des investissements coûteux et peu fructueux au Moyen-Orient au détriment des priorités du contribuable américain.

Un retrait reste "l'objectif" mais il est conditionné à la défaite totale de l'EI et à une "transition" pour que les "forces locales", que les Etats-Unis vont continuer à entraîner, assurent la sécurité et évitent toute "ré-émergence" des jihadistes, a assuré devant les journalistes la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders.

Le président "ne va pas fixer un calendrier arbitraire", a-t-elle ajouté.

M. Trump a promis de prendre sa décision en coordination avec les alliés des Etats-Unis.

- "Jusqu'au bout" -

Des alliés qui ont été surpris par ses propos, selon des diplomates européens qui insistent sur le fait que le combat contre le groupe jihadiste n'est pas terminé.

Tout comme de nombreux responsables américains, qui semblaient eux-mêmes en quête de réponses depuis la première déclaration présidentielle le 29 mars en faveur d'un départ rapide.

Les responsables du dossier au sein de l'administration américaine ont d'ailleurs publiquement plaidé mardi pour une présence plus durable en Syrie tant que sa "stabilisation" n'est pas achevée.

Et lors d'une conversation téléphonique, Donald Trump et son homologue français Emmanuel Macron ont affiché mercredi leur détermination "à poursuivre leurs actions au sein de la coalition internationale" antijihadiste en Irak et en Syrie, afin de combattre l'EI "jusqu'au bout" et de "progresser vers une transition politique inclusive", selon un compte-rendu de l'Elysée.

Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne se sont parallèlement engagés mercredi à faire "rendre des comptes" au régime du président syrien Bachar al-Assad pour l'attaque au gaz sarin contre la ville rebelle syrienne de Khan Cheikhoun qui a fait au moins 83 morts il y a un an jour pour jour.

De nombreux observateurs américains ont aussi mis en garde contre un retrait précipité qui laisserait la voie libre en Syrie aux alliés du régime al-Assad, à savoir la Russie, grande rivale des Etats-Unis, et l'Iran, véritable bête noire de l'administration Trump.

Un tel départ nuirait aussi aux partenaires kurdes de Washington dans la lutte antijihadistes, au moment où la Turquie, pourtant autre allié des Américains, mène une offensive contre eux en les accusant de visées "terroristes".

Lors d'un sommet mercredi à Ankara, les présidents russe Vladimir Poutine et iranien Hassan Rohani, réunis par leur homologue turc Recep Tayyip Erdogan, se sont engagés de leur côté, et en l'absence des Occidentaux, à coopérer en vue de parvenir à un "cessez-le-feu durable" en Syrie.

En présentant la stratégie américaine pour la Syrie en janvier, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson avait semblé inscrire la présence américaine dans la durée en l'étendant à d'autres motifs, notamment la nécessité de contrer l'influence iranienne et d'aider à chasser Bachar al-Assad.

Mais il a depuis été limogé et Donald Trump semble déterminé à ce que les riches pays arabes prennent une plus grande part du fardeau syrien afin d'envisager un désengagement américain. Le président veut "qu'ils fassent davantage", a insisté Sarah Sanders.

À lire aussi

Sélectionné pour vous