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Taïwan un peu plus seul après la décision des Kiribati de reconnaître Pékin

Taïwan s'est insurgé vendredi contre l'attitude de la Chine après la décision du petit archipel des Kiribati de reconnaître Pékin, qui vient isoler un peu plus Taipei sur la scène internationale.

Cette décision constitue un nouveau coup diplomatique de la Chine populaire, à quelques jours des célébrations du 70ème anniversaire de sa fondation. D'autant que le gouvernement chinois était déjà parvenu lundi à obtenir la reconnaissance des Îles Salomon.

Ce renversement d'alliance signifie que Taïwan n'est plus reconnu que par 15 Etats. Et les Kiribati sont le septième à changer leur fusil d'épaule depuis l'élection en 2016 à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen, dont le parti défend une ligne intransigeante vis-à-vis de Pékin.

Lors d'une conférence de presse organisée à la hâte, Mme Tsai a estimé que les Kiribati commettaient une "erreur", ajoutant que l'archipel de 100.000 habitants avait "abandonné un ami sincère et choisi d'être une pièce du jeu d'échecs chinois".

La Chine continentale et Taïwan sont dirigés par des régimes rivaux depuis 1949 et la fuite sur l'île des nationalistes de Tchang Kaï-chek après leur défaite face aux troupes communistes de Mao Tsé Toung.

Pékin voit toujours Taïwan comme partie intégrante de son territoire susceptible d'être reprise par la force.

- "Influencer la présidentielle" -

Les deux rives du détroit de Formose se considèrent, chacune, comme la véritable "Chine", ne laissant la possibilité aux autres pays du monde que d'en soutenir une seule.

Au fur et à mesure de la montée en puissance de la Chine continentale, la plupart des pays, comme la France ou les Etats-Unis, ont décidé de ne plus reconnaître Taïwan et d'envoyer une ambassade à Pékin.

Il y a quelques années, seule une vingtaine de capitales demeuraient encore loyales envers Taïwan, pour la plupart des Nations pauvres d'Amérique latine et du Pacifique. Le seul Etat européen est le Vatican.

Mais malgré tout, Pékin a redoublé d'efforts après l'élection de Mme Tsai pour isoler davantage l'île. Notamment parce que son Parti progressiste démocratique (PPD) refuse de reconnaître le principe selon lequel Taïwan fait partie d'une "Chine unique".

Mme Tsai avait succédé à Ma Ying-jeou, issu du Kuomintang (KMT), dont la politique de rapprochement avec Pékin initiée en 2008 avait culminé par sa poignée de main historique en 2015 avec le président chinois Xi Jinping.

Mme Tsai a dit s'attendre à ce que l'activisme de Pékin s'intensifie à l'approche de la présidentielle taïwanaise en janvier.

"La Chine n'a qu'un seul but: influencer le résultat de la présidentielle", a-t-elle accusé.

- "Voulons-nous des ajustements?" -

Le chef de la diplomatie taïwanaise Joseph Wu a annoncé que son pays rappellerait immédiatement ses diplomates en poste dans le petit archipel du Sud du Pacifique. Il a accusé Pékin d'avoir fait des promesses d'aide et d'investissements pour "appâter les Kiribati".

De son côté, Pékin a dit "apprécier hautement" la décision des Kiribati.

Depuis l'élection de Mme Tsai, Pékin a coupé les communications officielles avec Taipei, renforcé ses exercices militaires et durci les pressions économiques sur l'île.

Sur le plan diplomatique, la Chine a arraché à Taïwan sept alliés en trois ans: Sao Tome et Principe, le Burkina Faso, Panama, le Salvador et la République dominicaine, et pour finir, cette semaine, les Salomon et les Kiribati.

Mme Tsai a décrit le scrutin de janvier comme un "combat pour la liberté et la démocratie", en se posant en femme à poigne capable de défendre l'île face à l'agressivité de la Chine continentale.

Son principal adversaire Han Kuo-yu, issu du KMT, est favorable à une reprise du dialogue avec Pékin.

"Le timing est un facteur", a déclaré à l'AFP Alexander Huang, professeur de relations internationales à l'Université Tamkang de Taipei, en citant le 70ème anniversaire de la fondation de la Chine populaire le 1er octobre, et la présidentielle taïwanaise.

Appelés aux urnes, "les Taïwanais vont devoir réfléchir sérieusement aux relations entre les deux rives du Détroit", a-t-il expliqué.

"Voulons-nous en poursuivre avec cette hostilité avec la Chine? Ou voulons-nous des ajustements?"

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