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Sa fille et son mari djihadiste sont morts, Evelyne, blessée en Syrie, veut rentrer en Belgique

Child Focus a dénoncé le sort des enfants détenus avec leur mère dans des camps en Syrie. Deux décès seraient survenus suite aux mauvaises conditions de vie dans ces camps où s’entasseraient plus de 70.000 djihadistes dont 9000 étrangers. Parmi eux, une quarantaine d’enfants et une quinzaine de femmes belges. La maman de l’une de ces djihadistes sorties du dernier réduit du groupe terroriste Etat islamique nous a contactés  pour nous faire part de son désespoir.

70.000 femmes et enfants de djihadistes s’entassent dans un camp en Syrie. Ils sont sortis des ruines de l'Etat islamique dont le dernier bastion est tombé il y a peu. Parmi la quarantaine d’enfants et la quinzaine de femmes belges, il y a Evelyne, 29 ans. Elle est grièvement blessée. Sa petite fille est morte. L’homme qui l’avait endoctrinée, épousée et emmenée en Syrie a été tué. Evelyne a lancé un SOS à sa famille.
Photo d'Evelyne (©RTLinfo)

La maman d’Evelyne par téléphone indique: "Quand je lui téléphone, elle en profite pour demander si elle pourrait partir de là, être soignée et purger sa peine. Elle me dit être prête pour faire ça." La maman et le frère d’Evelyne se sentent impuissants. Ils ont peur. C’est pour cela qu’ils ne souhaitent pas dévoiler leur identité. Les autorités belges ne leurs laissent entrevoir aucune issue. Jean-Baptiste, prénom d’emprunt, est le frère d’Evelyne. Il témoigne: "Je comprends tout à fait. Ce sont des personnes qui sont sans doute dangereuses pour la société ou du moins l'état d'esprit dans lequel elles étaient en partant. D'après ce que ma maman dit, ma sœur aurait changé d'état d'esprit, elle aurait compris les erreurs faites.  Elle est prête à payer sa dette à la société et aller en prison. En tant que frère, c'est mon devoir de l'aider."


"Nous comprenons la peur des gens"

Dans le camp de Aïn Issa, deux Belges originaires d’Anvers, interviewées par un journaliste kurde, plaident leur cause mais sans exprimer de regrets. Tatiana Wielandt, djihadiste belge détenue en Syrie, indique: "Nous comprenons la peur des gens, leurs impressions négatives." Assise à ses côtés, Bouchra Abouallah, également djihadiste belge détenue en Syrie, ajoute: "Nous ne sommes pas un danger pour la Belgique et je voudrais que les gens le comprennent."


Tatiana et Bouchra (©RTLinfo)

Triste record

La Belgique est le pays qui proportionnellement a fourni le plus grand nombre de djihadistes au groupe terroriste Etat islamique, soit près de 500. Leur retour embarrasse les autorités. Le gouvernement n’autorise que le rapatriement des enfants de moins de dix ans. Alain Grignard est maître de conférence à l'Université de Liège: "C'est une question qui est difficile. Les enfants, il faut les sortir de là car ce sont des enfants. Il y a des gens qui ont choisi l'option de les transférer de Syrie en Irak pour qu'ils y soient jugés. On a proposé un tribunal international, mais ça pose beaucoup de problème. Tout le monde est dans l'embarras. Le problème n'est pas réglé."

Les adultes sortis des ruines de Baghouz (dernier bastion de l'EI tombé il y a peu) ont suivi l'EI jusqu’au bout. Par faiblesse ou par conviction. Leurs enfants en paient le prix. En l’absence de prise en charge, d’identification, d’enquête, de jugement, ces camps  pourraient se transformer demain en école du djihad pour la prochaine génération.

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