Accueil Actu

Maldives: l'opposant en exil Nasheed se présentera à la présidentielle

L'ex-président des Maldives Mohamed Nasheed, actuellement en exil, a annoncé vendredi à l'AFP qu'il se présentera à l'élection présidentielle, au lendemain d'une décision surprise de la Cour suprême cassant sa condamnation à 13 ans de prison pour terrorisme.

La plus haute instance judiciaire de cet archipel de l'océan Indien a estimé jeudi que les condamnations de hauts responsables politiques d'opposition, survenues dans le cadre de la campagne de répression du pouvoir en place, étaient d'une "nature contestable et politiquement motivée". Elle a annulé ces jugements et ordonné de nouveaux procès.

Cette intervention de la Cour suprême représente un revers majeur pour le président Abdulla Yameen et ouvre la voie au retour sur le territoire et à une candidature à la présidentielle de son grand rival Nasheed, qu'il avait battu dans des circonstances controversées en 2013.

"Je peux me présenter et me présenterai", a déclaré vendredi à l'AFP celui qui avait été en 2008 le premier président démocratiquement élu du pays, avant d'être acculé à la démission en 2012.

Mohamed Nasheed avait précédemment signalé sa volonté de se présenter à la présidentielle prévue pour cette année. Mais il était jusqu'ici dans l'impossibilité juridique de le faire en raison de sa condamnation en 2015 - considérée par l'ONU comme politiquement motivée.

Incarcéré, ce champion de la lutte contre le réchauffement climatique était parti en 2016 à la faveur d'une permission médicale au Royaume-Uni où il avait obtenu l'asile. Il est depuis basé à Londres.

"Nous devons établir des procédures réglementaires pour des élections ouvertes, libres et justes sous observation internationale", a-t-il dit au Sri Lanka, où il rencontrait ces jours-ci des dissidents maldiviens.

La tension régnait vendredi aux Maldives, après des heurts dans la nuit entre opposition et police. Les forces de l'ordre ont recouru à des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants.

La situation était calme dans l'après-midi dans la capitale Malé. La police a empêché le rassemblement de quelques dizaines de personnes sur la principale place de la ville, selon des témoins.

"Si la situation dégénère, le gouvernement pourrait déclarer l'état d'urgence", a déclaré une source militaire à l'AFP sous couvert d'anonymat.

Signe de fébrilité: le gouvernement a limogé le chef de la police jeudi, au motif que M. Yameen n'était pas parvenu à le joindre.

La police avait auparavant assuré qu'elle mettrait en œuvre la décision de la Cour impliquant la libération des huit opposants emprisonnés - à une date toutefois non précisée - sur les neuf personnes concernées au total, y compris M. Nasheed.

Les Nations unies ont appelé au respect de cette décision de justice et à relâcher les dissidents incarcérés.

- Alliances contre-nature -

La répression menée contre l'opposition par le président Yameen ces dernières années, malgré les protestations et pressions internationales, a terni l'image paradisiaque de ce haut-lieu du tourisme de luxe.

Dans l'une de ces intrigues dont la politique maldivienne a le secret, Mohamed Nasheed est allié dans sa reconquête du pouvoir à son ancien ennemi juré Maumoon Abdul Gayoom, qui a dirigé l'île d'une poigne de fer pendant 30 ans (1978-2008). L'ex-autocrate se trouve être le demi-frère de l'actuel président Abdulla Yameen, avec lequel il s'est récemment brouillé.

Dans son ordonnance de jeudi, la Cour suprême a aussi rétabli dans leurs fonctions douze parlementaires exclus pour avoir fait défection du parti au pouvoir, basculement qui fait perdre la majorité parlementaire au gouvernement.

"Le verdict de la Cour suprême met en réalité fin au règne autoritaire du président Yameen", a estimé l'opposition dans un communiqué appelant à sa démission.

Un porte-parole de M. Yameen a assuré que la Cour avait pris sa décision sans procéder à l'audition des arguments du gouvernement.

Parmi les opposants dont la condamnation a été cassée figure l'ancien vice-président Ahmed Adeeb, accusé d'avoir fomenté une tentative d'assassinat contre le président et condamné en 2016 à 15 ans de prison.

À lire aussi

Sélectionné pour vous