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Brésil: Lula promet de revenir au pouvoir, malgré sa tournée dans le sud hostile

Caravane électorale de Lula touchée par des tirs, jets d'oeufs, routes bloquées et meeting du député de l'ultra-droite Jair Bolsonaro: le sud du Brésil a vécu une journée sous tension, mais Lula n'en a pas moins réaffirmé sa volonté de revenir au pouvoir.

La présence policière a été renforcée à Curitiba, la capitale de l'Etat du Parana.

Les tirs, qui ont touché deux des trois bus de la caravane de l'ex-président de gauche, proviennent d'au moins deux armes, selon le commissaire Fabiano Oliveira, de Laranjeiras do Sul, cité par les médias locaux. Lula, président de 2003 à 2010, se trouvait dans le troisième véhicule qui n'a pas été visé, a indiqué le Parti des travailleurs (PT).

Les auteurs "avaient l'intention d'atteindre des personnes qui se trouvaient à l'intérieur" des autocars, a affirmé la présidente du Parti des Travailleurs (PT), Gleisi Hoffmann.

"Il y a eu tentative d'homicide" et "nous sommes en train de déterminer s'il y a eu tentative d'atteindre le président Lula", a-t-elle ajouté. "Personne n'a été blessé", a précisé le sénateur Lindbergh Farias, du PT.

C'est "une honte que cela soit arrivé, car cela crée un climat d'instabilité dans le pays", a réagi le président conservateur Michel Temer à la radio Bandnews de Vitoria (sud-est).

Loin de ses bastions traditionnels du Nord, pauvre, la caravane de Lula achève à Curitiba une campagne d'une dizaine de jours dans le Sud, prospère et agricole, marquée par l'hostilité de manifestants. Si Lula peut se prévaloir de 56% des intentions de vote dans le Nord-est, son soutien dans le Brésil méridional tombe à 23%.

- Cartons d'oeufs -

Il se bat en justice pour rester éligible à l'élection présidentielle d'octobre malgré une condamnation à plus de 12 ans de prison pour corruption par un tribunal de... Curitiba chargé de l'enquête tentaculaire "Lavage express".

A 35% dans les intentions de vote, Luiz Inacio Lula da Silva devance largement son suivant immédiat Jair Boslonaro (17%). Mais rien n'indique qu'il va réussir à échapper à la prison ni à l'inéligibilité avant la présidentielle. La Cour suprême pourrait dès le 4 avril décider qu'il ne peut plus rester libre.

Boslonaro, grand nostalgique de la dictature militaire (1964-1985), doit tenir un meeting politique à une centaine de kilomètres de Curitiba.

"Je veux une police (...) qui pour défendre le peuple tire pour tuer", a-t-il déclaré. Un peu plus loin, des supporteurs de Bolsonaro préparaient des cartons d'oeufs destinés à la caravane de Lula, a constaté l'AFP.

Routes bloquées, pantins gonflables figurant Lula en uniforme de prisonnier, graffitis, manifestations, et même jets de pierre et d'oeufs ont émaillé le passage de la caravane de Lula dans 17 villes de Rio Grande do Sul, Santa Catarina et du Parana.

- "Risques d'affrontements" -

Les protestataires n'étaient pas forcément très nombreux, mais ils n'ont pas laissé de répit à la caravane de l'ancien chef de l'Etat.

Outre les partisans de Bolsonaro, le Movimiento Brasil Libre (Mouvement du Brésil libre - MBL, droite) a prévu de se retrouver dans le Parc Barigui, à moins d'un km de la place Santos Andrade où s'achèvera la caravane du Parti des Travailleurs (PT, gauche), conduite par son "pré-candidat" Lula.

En soirée, devant quelque 3.000 personnes, selon la police --15.000 selon les organisateurs-- Lula a ironisé sur les pétards et fusées qui interrompaient fréquemment son discours, de même que des concerts de casseroles intermittents.

"Gardez les pétards pour le 1er janvier, pour ma prise de fonction !", a-t-il lancé, en référence à la date d'entrée en fonction du prochain président.

Dans ce climat de fortes tensions, la présence policière a été renforcée.

"Il y a des risques d'affrontements", a déclaré le politologue Paulo Mora, qui voit une radicalisation dans un Brésil déboussolé, à sept mois d'un scrutin présidentiel qui s'annonce indécis comme jamais.

"Si, alors que la campagne officielle n'a pas encore commencé, on en est déjà à la phase du lancement d'oeufs et de pierres, le risque est que l'élection échappe à tout contrôle", une crainte "renforcée par la pléthore de candidats qui contraste avec le manque d'idées et de programmes", a jugé de son côté Eliane Cantanhede, experte du quotidien Estadao.

Dilma Rousseff, qui avait succédé à Lula avant d'être destituée en 2016 pour maquillage des comptes publics, a exprimé la crainte d'un "bain de sang" pendant la campagne électorale.

"D'après ce qu'on voit des hostilités entre les mouvements dans le Sud, si Lula n'est pas emprisonné, la campagne va être marquée par la violence", prédit Paulo Mora.

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