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Tirs devant la mosquée de Brest : la thèse de l'attentat écartée

L'auteur présumé des coups de feu qui ont fait deux blessés dont l'imam jeudi devant la mosquée Sunna de Brest, serait un "déséquilibré", sans motivation terroriste, qui semble s'être suicidé, selon les premiers éléments de l'enquête.

"Les éléments recueillis à l'heure qu'il est ne permettent pas de considérer qu'il s'agit d'un attentat", a assuré vendredi à l'AFP le procureur de la République à Brest, Jean-Philippe Récappé, soulignant que la section antiterroriste du parquet de Paris ne s'était pas saisie de l'affaire.

C'est la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Rennes qui est chargée de l'enquête.

Jeudi, Abdallah Zekri, délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) et président de l'observatoire national contre l'islamophobie avait évoqué auprès de l'AFP un "lâche attentat perpétré contre l'imam de la mosquée de Brest Rachid Eljay".

Et vendredi, le Conseil des mosquées du Rhône a dénoncé "l'absence de réaction de la classe politique et le silence méprisant des médias". Les responsables musulmans se disent préoccupés "face à la recrudescence des actes anti-musulmans qui démontre qu'un seuil critique a été franchi".

Peu après 16H00 jeudi, des coups de feu ont été tirés devant la mosquée Sunna de Brest, un bâtiment d'un étage situé dans le nord-est de la ville, blessant deux personnes dont l'imam Rachid Eljay, qui avait fait parler de lui en 2015 en raison de prêches controversés avant d'adopter un discours plus modéré.

L'auteur présumé des faits, qui s'est enfui à bord d'une Clio grise, rapidement retrouvée vide, a été découvert mort quelques heures plus tard dans une zone boisée et isolée de Guipavas, aux portes de Brest.

Son décès est, semble-t-il, consécutif "à un tir par arme à feu sous le menton", a indiqué lors d'une conférence de presse vendredi M. Récappé, après avoir assuré dans la matinée à l'AFP que "tout laiss(ait) à penser qu'il s'agiss(ait) d'un suicide". Une arme de poing a été retrouvée dans l'une de ses mains et une autre non loin de son corps, dont l'autopsie était en cours vendredi.

"Rien ne permet de dire qu'il y a d'autres personnes impliquées", a noté M. Récappé, ajoutant que l'auteur présumé avait adressé à l'imam de Lille un message, accompagné de la photocopie de sa carte d'identité, justifiant son acte. L'imam de Lille a ensuite fait un courriel à l'imam de Brest, "mais la police n'était pas au courant", a assuré le procureur, précisant qu'il restait cependant à déterminer quand ces messages, "très surprenants", avaient été échangés.

- Un "déséquilibré" -

"Il m'a ordonné d'égorger l'imam Rachid Eljay", est-il écrit dans ce message accompagné d'une lettre manuscrite de deux pages, à propos des consignes que lui aurait données un des hommes cagoulés présents dans une camionnette noire dans laquelle il aurait été brièvement retenu. "Je suis obliger de le tuer, si je ne le fais pas ils tueront ma famille", poursuit l'auteur du texte diffusé également sur les réseaux sociaux, vraisemblablement par son auteur, peut-être même après les faits. "Juste avant de me sortir de la camionnette, ils m'ont implanté une espèce de puce dans le bras".

Le procureur a assuré qu' "aucun signe particulier de radicalisation" du jeune homme n'avait été trouvé. Selon une source proche de l'enquête, il s'agirait d'"un déséquilibré".

Originaire de Normandie, mais résidant dans la région de Lyon, l'homme de 21 ans, séjournait depuis le 17 juin dans un camping près de Brest. Il n'était pas connu des services de police, ni de justice, ni comme appartenant à un groupuscule quelconque, a assuré M. Récappé.

L'homme s'est présenté sur le parvis de la mosquée un peu avant 16H00 disant à l'imam vouloir faire un selfie avec lui. Il est reparti "vers sa voiture et en est revenu en ayant un blouson sur le bras, et sous ce blouson il dissimulait une arme de poing", a détaillé M. Récappé, assurant que neuf douilles de calibre 9 mm avaient été retrouvées sur place. Les coups de feu ont eu lieu vers 16H20.

Les deux victimes ont été "sérieusement blessés", mais "à ce jour aucun pronostic vital n'est engagé", a-t-il assuré.

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