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Traité INF : la Russie assure jouer la "transparence" en présentant son missile controversé

La Russie a assuré jouer "la transparence" mercredi en présentant un système de missiles controversé qui a poussé les Etats-Unis à vouloir se retirer d'un traité nucléaire datant de la Guerre froide, une ouverture inédite car Moscou a toujours démenti violer ce traité.

Devant un parterre de journalistes réunis au parc Patriote, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, des hauts responsables de l'armée russe ont décrit en détail le système de missiles 9M729, insistant sur le fait qu'il avait une portée maximale de "480 km" et respectait donc le traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), qui fixe la limite à 500 km.

"Le rayon d'action du missile a été confirmé au cours d'exercices stratégiques" en 2017, a soutenu le général Mikhaïl Matveïevski, ajoutant que cette présentation était la preuve de la "transparence volontaire" dont faisait preuve la Russie.

Sous l'oeil des photographes et des caméras, le missile en question a été dévoilé dans une grande salle du parc Patriote, un parc d'attractions consacré à l'histoire et aux équipements de l'armée russe.

Le traité INF, signé entre l'URSS et Washington en 1987, abolit l'usage des missiles terrestres d'une portée de 500 à 5.500 km. Il avait mis un terme à la crise des euromissiles déclenchée dans les années 1980 par le déploiement des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires ciblant les capitales occidentales.

En octobre, le président américain Donald Trump avait annoncé son intention de retirer son pays de cet accord, au motif que Moscou ne le respectait pas. Au cœur du conflit : le 9M729, capable de transporter une arme nucléaire et qui, assurent les Etats-Unis et l'Otan, est d'une portée supérieure à 500 km.

La Russie dément depuis le début ces accusations "sans fondement", reprochant en retour à Washington de violer le traité, mais c'est la première fois que Moscou donne plus d'informations publiques sur les missiles incriminés par les Américains.

- Ultimatum -

Présent à cette conférence de presse, le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a affirmé que le traité INF devait être "préservé" et que c'était aux Etats-Unis de "prendre cette décision".

Selon la Russie, 21 responsables militaires étrangers, mais aucun venant de pays membres de l'Otan, ont assisté à la présentation. Li Xiaofeng, un attaché militaire chinois, a dit à l'AFP avoir apprécié que la Russie montre le 9M729 ainsi qu'une version antérieure, le 9M728.

"Je crois aux caractéristiques concrètes. Et pour l'instant nous n'en avons vu aucune venant des Etats-Unis", a-t-il affirmé, ajoutant n'avoir "aucune preuve" d'une violation du traité par la Russie.

Le mois dernier, Washington a adressé à Moscou un ultimatum, lui donnant 60 jours pour se conformer au traité INF sous peine d'enclencher début février la procédure de retrait qui est censée durer six mois.

Pour sa part, la Russie a déjà affirmé avoir proposé aux Américains une "série de mesures concrètes" sur les missiles 9M729 qui permettraient, selon elle, d'"écarter toute suspicion sur la non-conformité à ce traité".

Mais Vladimir Poutine est aussi passé aux menaces, mettant en garde contre un retour à la course aux armements et promettant que la Russie mettrait au point de nouveaux missiles en cas d'annulation du traité INF.

Il a aussi proposé à de nouveaux pays d'intégrer le traité INF, une allusion à la Chine qui met au point des missiles nucléaires bannis par le traité, ce qui inquiète beaucoup Washington, mais cette proposition a peu de chances d'être suivie d'effets.

La semaine dernière, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, en écho à la position européenne qui souhaite que le traité soit préservé, a appelé Moscou à détruire ces missiles afin de préserver un traité qui touche "aux intérêts sécuritaires fondamentaux" de Berlin et de l'Europe.

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