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Crise iranienne: Rohani ignore les appels à rencontrer Trump à l'ONU

Fin du suspense: malgré une intense frénésie diplomatique à l'ONU, le président iranien Hassan Rohani a dit "non" mercredi à toute rencontre avec son homologue américain Donald Trump cette semaine à New York.

"Notre réponse à toute négociation tant qu'il y aura des sanctions est négative", a lancé Hassan Rohani à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies.

"Les photos souvenir sont la dernière étape d'une négociation, pas la première", a-t-il martelé, alors que Donald Trump, toujours en quête d'un grand coup diplomatique à un an de l'élection présidentielle américaine, s'était montré disposé à rencontrer le dirigeant iranien.

C'est donc l'échec, à ce stade, de la médiation menée par Emmanuel Macron et d'autres dirigeants européens ou asiatiques. Le président français avait lancé fin août au sommet du G7 à Biarritz l'idée d'une telle entrevue historique pour faire baisser les tensions entre les Etats-Unis et l'Iran, qui se sont encore aggravées depuis les attaques du 14 septembre contre des installations pétrolières en Arabie saoudite, imputées à Téhéran par les Occidentaux.

Un tel face-à-face aurait été le premier à ce niveau depuis la révolution islamique de 1979 et la rupture des relations américano-iraniennes.

"Pour que des pourparlers puissent être engagés, il faut respecter les accords", a encore pointé le président Rohani, faisant porter la responsabilité du blocage au milliardaire républicain qui a claqué la porte en 2018 du pacte international de 2015 sur le nucléaire iranien et réintroduit de lourdes sanctions contre Téhéran.

Or plutôt qu'alléger les sanctions, comme le réclame Téhéran et comme l'espéraient les Européens, l'hôte de la Maison Blanche a fait l'inverse.

Il a promis, mardi, à cette même tribune planétaire, de les "durcir" tant "que l'attitude menaçante de l'Iran continuera".

Et le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo est passé à l'acte sans attendre, annonçant mercredi des sanctions contre des sociétés chinoises accusées de "transporter sciemment du pétrole depuis l'Iran" en "violation" de l'embargo américain.

- "Nouvel accord" -

Mardi soir, le chef de l'Etat français, qui a multiplié pendant deux jours les va-et-vient entre ses homologues américain et iranien, avait pourtant estimé que "les conditions d'une reprise rapide des négociations" avaient "été créées".

"Il appartient maintenant à l'Iran et aux Etats-Unis d'Amérique de se saisir de ces conditions", par une "rencontre" Trump-Rohani ou par un processus plus "progressif", avait lancé Emmanuel Macron.

Le soufflé diplomatique est finalement retombé.

Mais malgré l'impasse qui perdure, les positions semblent avoir un peu évolué au cours du rendez-vous mondial.

Selon Emmanuel Macron, les deux protagonistes de la crise ont une "intention commune d'avancer".

"Toutes les parties veulent des discussions, c'est un signal positif", a aussi estimé le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas.

De fait, Mike Pompeo, pourtant réputé être un "faucon" sur le dossier iranien, a redit que Washington voulait "une solution pacifique" à la crise.

"J'espère que nous aurons la possibilité de négocier avec eux" pour un nouvel accord "garantissant qu'ils n'obtiennent jamais l'arme nucléaire, qu'ils ne sèment pas la terreur avec leurs missiles balistiques", a-t-il ajouté.

Cette idée d'un "nouvel accord" plus global fait son chemin, approuvée désormais par les Européens qui ont longtemps défendu bec et ongles celui de 2015, dont la République islamique a commencé à se désengager progressivement sous la pression des sanctions américaines.

Hassan Rohani s'est d'ailleurs montré disposé, en cas d'allègement des sanctions, à négocier "d'autres" accords sur "beaucoup de sujets".

Paris, Berlin et Londres ont aussi durci le ton à l'égard de Téhéran en lui imputant mardi la "responsabilité" des attaques en Arabie saoudite.

"Certains disent qu'ils se sont alignés sur les Etats-Unis, je pense qu'ils ont simplement ouvert les yeux", a ironisé Mike Pompeo, qui a estimé avoir fait "de vrais progrès au cours des derniers jours pour obtenir l'unité de la communauté internationale" face à l'Iran.

Donald Trump n'a lui pas dit un seul mot sur le dossier le plus brûlant de la politique étrangère américaine lors de sa conférence de presse finale mercredi.

Le 45e président des Etats-Unis était, il est vrai, happé par une autre crise: la procédure de destitution engagée par l'opposition démocrate qui lui reproche d'avoir demandé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky d'enquêter sur Joe Biden, son potentiel rival dans le scrutin de 2020.

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