Accueil Actu

Trump s'en prend à TikTok et WeChat, Pékin crie à la "répression"

Donald Trump a pris des mesures radicales à l'encontre des joyaux du numérique chinois WeChat et TikTok, enclenchant un compte à rebours d'un mois et demi avant de leur interdire toute transaction avec un partenaire américain.

TikTok a réagi vendredi en menaçant d'engager des poursuites judiciaires contre la décision américaine, tandis que Pékin dénonçait "une répression politique".

Le président des Etats-Unis a signé jeudi un décret interdisant, d'ici 45 jours, toute transaction "des personnes sous juridiction américaine" avec ByteDance, la maison-mère de TikTok.

Il évoque une "urgence nationale" au sujet de l'application de vidéos légères qu'il accuse, sans preuve, d'espionner ses utilisateurs américains pour le compte de Pékin, dans un contexte de tensions commerciales et politiques avec la Chine.

"TikTok capture automatiquement de larges pans d'information sur ses utilisateurs (...), permettant potentiellement à la Chine de pister des employés du gouvernement, de réunir des dossiers personnels à des fins de chantage et de pratiquer l'espionnage industriel", justifie le décret.

Le président a signé un décret du même ordre contre la plateforme WeChat, qui appartient au géant chinois Tencent et est omniprésente dans la vie des Chinois (messagerie, paiements à distance, réservations...). A la Bourse de Hong Kong, l'action Tencent a plongé de plus de 5% vendredi.

Le document officiel mentionne les mêmes griefs. Les applications mobiles chinoises "menacent la sécurité nationale, la politique étrangère et l'économie des Etats-Unis".

Les décrets ne précisent pas les conséquences pratiques. Mais l'interdiction de toute transaction avec les deux entreprises pourrait obliger Google et Apple à retirer les deux réseaux de leurs magasins d'applis, empêchant, de fait, de les utiliser aux Etats-Unis.

- "Perdre le contact" -

Une hypothèse qui suscite déjà l'inquiétude de nombreux usagers de WeChat, qu'ils utilisent pour communiquer avec leurs proches de part et d'autre du Pacifique.

"La répercussion la plus importante, c'est que des gens vont perdre le contact" avec leurs amis et leur famille en Chine ou aux Etats-Unis, déclare à l'AFP Lu Yifan, un Chinois qui a étudié dans une université américaine.

"On se retrouve sans outil de communication alternatif", dit-il, car de nombreuses applications de messagerie comme WhatsApp ou Facebook Messenger sont inaccessibles dans le pays asiatique, censure oblige.

Les Etats-Unis "mènent une manipulation et une répression politiques arbitraires, ce qui ne pourra déboucher que sur leur propre déclin moral et sur une atteinte à leur image", a dénoncé vendredi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin.

Donald Trump a accepté lundi la possibilité qu'un groupe américain rachète TikTok, mais avant le 15 septembre, sous peine de bannir la plateforme.

Il a, au passage, exigé qu'une "proportion importante" du prix de la transaction soit versé à l'Etat, sous prétexte que son gouvernement rendait l'acquisition possible. Un concept qui a suscité de vives critiques et un certain embarras dans son entourage.

Le groupe informatique Microsoft, qui semble accepter ces conditions, est en discussion avec ByteDance pour négocier une acquisition à marche forcée.

Mercredi, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait prévenu que les Etats-Unis souhaitaient bannir des téléphones américains non seulement TikTok mais aussi d'autres applications chinoises jugées à risque.

- "Société libre" -

WeChat récupère aussi "les données des visiteurs chinois aux Etats-Unis", note le décret à son encontre, "ce qui permet au Parti communiste chinois d'espionner des citoyens chinois qui profitent peut-être des avantages d'une société libre pour la première fois de leur vie".

Tencent est en train d'examiner en détail le décret de Donald Trump, a indiqué vendredi à l'AFP un porte-parole de l'entreprise.

ByteDance et TikTok, de leur côté, se mobilisent depuis le début des menaces d'interdiction.

La plateforme internationale, qui compte un milliard d'utilisateurs, a annoncé jeudi l'ouverture prochaine en Irlande de son premier centre de données en Europe.

Jusqu'à présent, toutes les données étaient stockées aux Etats-Unis et à Singapour.

TikTok, qui a déjà des équipes en Irlande, a assuré que les nouvelles installations allaient créer des centaines d'emplois et accélérer les temps de chargement des vidéos.

Si Microsoft parvient à ses fins, ces serveurs lui reviendront.

Le groupe américain voulait, au départ, racheter uniquement les activités de TikTok aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et Nouvelle-Zélande. Mais il souhaite désormais acquérir l'ensemble des activités mondiales de l'appli, d'après le Financial Times.

Le quotidien britannique évoque la complexité administrative qu'il y aurait à scinder un réseau social.

bur-juj-ehl-bar/oaa

À lire aussi

Sélectionné pour vous