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Trump le showman accusé de s'approprier la fête nationale du 4 juillet

Des chars d'assaut exposés dans le centre de Washington, dans une effervescence inhabituelle: la capitale américaine préparait activement mercredi la fête nationale du 4 juillet, dont l'ordonnancement a été bouleversé par Donald Trump, certains déplorant déjà la coût et la politisation de l'événement.

Le président américain apparaîtra au centre des célébrations, avec une allocution sous forme d'"hommage à l'Amérique" sur les célèbres marches du Lincoln Memorial, d'où Martin Luther King prononça son discours historique "I have a dream" en 1963.

Mercredi, sous un soleil radieux, une tribune et une grande scène étaient en cours d'installation au pied de ce monument à la gloire d'Abraham Lincoln, 16e président et défenseur de l'unité du pays pendant la guerre civile.

"C'est incroyable", s'exclame Laura Major, 62 ans, venue repérer les lieux avec son mari. "C'est exactement comme ça que j'aurais imaginé que Trump ferait, il fait tout en grand", s'enthousiasme-t-elle, arborant des boucles d'oreilles et un bandana aux couleurs du drapeau américain.

Mais l'intervention d'un président qui divise autant le pays lors d'une journée traditionnellement apolitique suscite la controverse, tout comme l'arrivée dans la capitale fédérale de plusieurs chars, par rail et camions-plateau. Des blindés étaient déjà exposés mercredi tout près du Lincoln Memorial.

Pas un problème, pour Laura Major: "Nous sommes une famille de militaires, nous venons du Texas (...) Cela fait partie de ce qui est nécessaire à notre liberté aux Etats-Unis", argumente-t-elle.

"Je me pose des questions sur le coût du transport de tout cela", confie au contraire Claudia Hubner, 49 ans, venue depuis le New Jersey pour passer la semaine dans la capitale avec sa famille. "Est-il vraiment nécessaire de dépenser cet argent alors que nous avons tant d'autres problèmes?"

Le budget de l'événement est dénoncé par l'opposition démocrate. "Quel gâchis d'argent!" s'est exclamé le candidat à la Maison Blanche Julian Castro, en dénonçant une parade "fondamentalement centrée" sur le président pour lui "booster l'égo".

Mais le coût sera mineur, a assuré mercredi Donald Trump: "Ce sont nos avions, nous avons les pilotes, l'aéroport est juste à côté, on a juste besoin de carburant. Les chars et tout le reste sont à nous".

- En campagne -

Le 4-Juillet marque le Jour de l'indépendance, Independence Day, lorsqu'en 1776 treize colonies britanniques proclamèrent leur séparation de la couronne britannique et fondèrent les Etats-Unis d'Amérique.

C'est habituellement une journée de trêve qui voit les Américains "brandir le drapeau sans entrer dans les discussions politiques", note l'expert des médias Richard Hanley. A Washington, des groupes de musique jouent, des fanfares défilent et on tire un grand feu d'artifices.

Mais cette année, Donald Trump parlera à 18h30 (22h30 GMT) à l'extrémité du National Mall, l'immense esplanade où se dressent musées et monuments officiels, et où des milliers de personnes sont attendues.

En ce début de campagne pour la présidentielle de 2020, l'initiative du président, qui vient officiellement d'annoncer sa candidature à un nouveau mandat, fait grincer des dents.

Plusieurs élus démocrates du Congrès l'ont mis en garde contre la tentation d'un "meeting de campagne partisan et télévisé sur le Mall".

La tradition du 4-Juillet américain est très différente de celle du 14 juillet français.

Invité par Emmanuel Macron il y a deux ans pour le défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées, Donald Trump avait été impressionné par son déroulement coloré, solennel et minutieusement réglé. "Il va falloir que nous fassions mieux", s'était-il exclamé.

L'idée initiale d'une parade militaire américaine pour le Veterans Day (journée des anciens combattants) en novembre avait été abandonnée à cause d'un coût de 100 millions de dollars. Les célébrations de jeudi n'auront pas le même niveau d'ambition.

- Opposants présents -

Ce 4-Juillet "sera le spectacle d'une vie", a insisté mercredi le locataire de la Maison Blanche.

Air Force One, le Boeing 747 modifié des présidents américains, devrait survoler Washington, tout comme plusieurs avions de guerre F-35, les plus modernes au monde. Les Blue Angels, une patrouille d'acrobaties aériennes, effectuera une démonstration. Enfin, un nouvel exemplaire de Marine One, l'hélicoptère présidentiel, devrait prendre les airs.

Mais les opposants à Donald Trump seront aussi de la partie.

L'organisation de gauche Code Pink déploiera --au sol-- le "Baby Trump", personnage gonflable représentant un bébé colérique à l'effigie du président américain.

"Trump a volé (le 4-Juillet) pour en fait la journée nationale du président Trump", a affirmé mercredi à l'AFP Anne Wright, membre de l'organisation.

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