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Trump prêt à limiter les importations d'acier et d'aluminium

Le président américain Donald Trump a signalé jeudi son inclination à prendre des mesures de rétorsions massives contre les importateurs d'acier et d'aluminium, dont la Chine, au risque de provoquer une guerre commerciale.

Pour l'heure, la date de l'annonce de ces décisions demeurait incertaine.

"Nos industries de l'acier et de l'aluminium (et bien d'autres) sont décimées par des décennies de commerce inéquitable et une mauvaise politique avec les pays dans le monde", a twitté le président américain.

"Nous ne devons plus laisser notre pays, nos entreprises et nos travailleurs être victimes" du commerce, a-t-il ajouté, martelant la nécessité d'"un commerce libre et équitable".

Il a posté ce tweet alors que Liu He, conseiller économique du président chinois, est en visite à Washington. Il devait rencontrer des responsables de la Maison Blanche mais pas M. Trump, ont indiqué à l'AFP des responsables américains.

Parallèlement, le président américain a jusqu'au 11 avril pour le secteur de l'acier et jusqu'au 19 avril pour l'aluminium pour se prononcer sur d'éventuelles sanctions imposées aux importateurs étrangers accusés d'avoir vendu à prix cassés leurs produits et d'avoir été subventionnés.

- Calendrier incertain -

Le Wall Street Journal a affirmé que Donald Trump pourrait dévoiler ses intentions dès jeudi mais le Washington Post faisait état d'intenses et difficiles discussions avec ses conseillers "sur la nature et la forme" que prendraient ces taxations contraignant le président à "reporter" sa décision sans toutefois l'annuler.

"L'administration Trump a convoqué à la dernière minute les responsables du secteur de l'acier et de l'aluminium pour une réunion à la Maison Blanche jeudi, leur disant qu'une annonce pourrait être faite sur les mesures destinées à réduire les importations d'acier et d'aluminium au nom de la protection de la sécurité nationale", avait indiqué plus tôt le WSJ, citant des sources proches du dossier.

Des industriels étaient en effet conviés à une réunion à la mi-journée, a confirmé la Maison Blanche.

L'administration Trump avait dévoilé mi-février trois scénarios pour taxer les importations d'aluminium et d'acier, mettant en avant la nécessité de préserver la sécurité nationale et les emplois aux Etats-Unis.

La première option consisterait à taxer l'ensemble des importations de ces deux secteurs jugés stratégiques, la deuxième propose une taxation encore plus lourde envers certains pays et la troisième verrait la mise en place de quotas, avait expliqué le ministre du Commerce Wilbur Ross.

Dans le détail, une taxe d'au moins 24% est envisagée sur toutes les importations d'acier quel que soit le pays d'origine; ou une taxe d'au moins 53% sur celles provenant de douze pays dont la Chine, la Russie, le Brésil, la Corée du Sud et la Turquie; ou un quota équivalent à 63% des importations provenant de chaque pays sur la base des quantités de 2017.

Les propositions pour l'aluminium sont similaires avec une taxation générale d'au moins 7,7%, ou d'au moins 23,6% sur celles provenant de Chine, Hong-Kong, Russie, Venezuela et Vietnam. L'option du quota serait de 86,7% des importations sur la base de celles de 2017.

- Chine et UE prêts à riposter -

Les Etats-Unis sont les plus gros importateurs d'acier au monde. Leurs importations sont près de quatre fois supérieures à leurs exportations, a déploré M. Ross, accusant aussi la Chine de produire "chaque mois en moyenne la quasi-totalité des besoins annuels des Etats-Unis".

Selon le WSJ, qui cite une source interne aux discussions, M. Trump serait favorable à l'imposition d'importantes taxes à l'échelle mondiale qui épargneraient toutefois certains pays.

Toute décision, en particulier à l'encontre de la Chine, pourrait être perçue comme une déclaration de guerre commerciale.

La Chine, deuxième partenaire commercial des Etats-Unis, a maintes fois prévenu qu'elle ne resterait pas les bras croisés.

Ce pays est loin d'être le principal fournisseur d'acier des Etats-Unis, comptant pour moins de 2% des importations totales. Celles-ci proviennent principalement du Canada (16%), du Brésil (13%) et de la Corée du Sud (10%).

De leurs côtés, les 28 pays de l'Union Européenne (UE) sont prêts à riposter si les Etats-Unis décidaient de les frapper par des mesures commerciales restrictives.

"Si le président américain Donald Trump frappe dur, nous allons prendre des contre-mesures", a prévenu mardi la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström.

Enfin, Paris comme Berlin ont retoqué l'argument avancé par les Américains de défense de leur sécurité nationale, l'industrie de défense américaine utilisant des "proportions marginales d'acier et d'aluminium" importés.

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