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Tsipras et Erdogan souhaitent maintenir le dialogue entre leurs deux pays

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont affirmé mardi vouloir maintenir le dialogue entre leurs deux pays, au premier jour d'une visite en Turquie du chef du gouvernement grec destinée à apaiser les tensions entre les deux membres de l'Otan.

"Nous pensons que tous les problèmes avec la Grèce peuvent être résolus pacifiquement", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse conjointe, soulignant que tous les problèmes pouvaient être résolus "par le dialogue".

Un message repris par M. Tsipras qui s'est dit heureux que les "canaux de communication restent ouverts" avec Ankara et a appelé à "constuire une relation basée sur le respect du droit international et la compréhension réciproque".

Le chef du gouvernement grec a entamé mardi une visite de deux jours en Turquie, qui visait surtout à diffuser les tensions, nombreuses, entre les deux pays membres de l'Otan.

L'ordre du jour de cette réunion était "chargé", a expliqué la veille le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin : les tensions en mer Egée et en mer Méditerranée, la question chypriote, les flux migratoires et plus généralement les relations entre la Turquie et la Grèce, toutes deux membres de l'Otan, étaient au menu.

Mais aussi la question de huit soldats turcs qui se sont réfugiés en Grèce et auxquels l'asile a été accordé, au grand dam de la Turquie qui les accuse d'avoir pris part au putsch manqué de juillet 2016 et réclame leur extradition.

M. Erdogan a répété mardi espérer "plus de coopération" de la part de la Grèce à ce sujet.

"La Grèce respecte les décisions de la justice, c'est un principe constitutionnel", a insisté M. Tsipras, dont la dernière visite en Turquie date de 2015, tout en déclarant qu'"en Grèce les putschistes ne sont pas bienvenus".

Le ton était donc plus apaisé que lorsque M. Erdogan s'était rendu en Grèce en décembre 2017, une première pour un président turc en 65 ans. Il avait alors surpris en demandant la révision du traité de Lausanne de 1923, qui fixe notamment les frontières entre la Grèce et la Turquie.

- "Désescalade" -

Cette visite survient symboliquement quelques jours après le 23e anniversaire d'une grave crise diplomatique concernant des îlots, appelés Imia par la Grèce et Kardak par la Turquie, au coeur de tensions bilatérales récurrentes. En 1996, elles avaient failli dégénérer en conflit armé.

Elle survient également 20 ans après le début du processus de rapprochement entre Athènes et Ankara. A l'issue de plusieurs décennies de rapports houleux, la Grèce avait envoyé en 1999 une aide à la Turquie, frappée par un séisme.

Parmi les différends en cours figure la question de l'exploration gazière au large de Chypre, une île divisée depuis que l'armée turque en a envahi en 1974 le tiers nord en réaction à un coup d'Etat qui visait à la rattacher au territoire grec.

La découverte ces dernières années de gigantesques gisements de gaz en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit de Chypre, qui rêve de devenir un grand producteur d'énergie.

Mais Ankara réclame la suspension de toute exploration, tant qu'une solution ne sera pas trouvée à la division de l'île, autre sujet de dissensions avec Athènes.

Par ailleurs, la Turquie et la Grèce sont en désaccord sur le tracé de leur frontière en mer Egée, où des incidents maritimes ou aériens ont régulièrement lieu.

Là aussi, les deux dirigeants ont décidé de procéder à une "désescalade de la tension (...) et à des mesures constructives", selon M. Tsipras.

Autre sujet brûlant abordé entre les deux dirigeants: la question migratoire.

Le pacte entre la Turquie, qui accueille plus de 3,5 millions de réfugiés syriens, et l'Union européenne signé en mars 2016 a considérablement limité l'arrivée à partir des côtes turques de demandeurs du droit d'asile.

Mais des centaines de personnes continuent de débarquer chaque jour sur les îles grecques. Environ 5.000 l'ont fait entre septembre et décembre, accroissant la pression sur des camps de réfugiés déjà bondés.

Le nombre des traversées à la frontière terrestre entre les deux pays a lui aussi augmenté, passant de 5.400 en 2017 à 14.000 en 2018, selon Athènes.

Mercredi, M. Tsipras devait se rendre à Istanbul pour y rencontrer notamment le patriarche orthodoxe Bartholomée.

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