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Tuerie de la préfecture: Castaner admet des "failles", l'épouse de l'assaillant libérée

Sous le feu des critiques depuis la tuerie de la préfecture de police, Christophe Castaner a admis des "failles" dans le suivi de l'assaillant, qui avait montré des signes de "radicalisation" en 2015 et dont l'épouse a été libérée dimanche après trois jours de garde à vue.

Arrêtée jeudi après l'attaque meurtrière perpétrée par son mari Mickaël Harpon, cette femme de 38 ans a été relâchée dans la soirée sans être poursuivie à ce stade, a-t-on appris de source judiciaire.

Les enquêteurs cherchaient d'éventuels éléments incriminants chez cette mère de deux enfants qui s'était inquiétée "du comportement inhabituel et agité" de son époux la veille de l'attaque et avait échangé avec lui 33 SMS le matin des faits.

Selon les premiers enseignements de l'enquête, cet informaticien de 45 ans, qui a poignardé à mort quatre fonctionnaires avant d'être abattu, a pu adhérer à l'islam radical et fréquenter des personnes proches des milieux salafistes alors qu'il était employé dans la prestigieuse Direction du service de renseignement de la préfecture(DRPP), chargée précisément de détecter la radicalisation .

"Évidemment, il y a eu des failles", a reconnu le ministre de l'Intérieur dimanche sur TF1, estimant que le principal "dysfonctionnement" remontait à juillet 2015. M. Harpon, converti à l'islam depuis une dizaine d'années, avait justifié devant des collègues l'attentat de Charlie Hebdo.

Selon M. Castaner, un policier en charge de la radicalisation avait alors rencontré des collègues de M. Harpon, qui auraient décidé de ne pas faire remonter de signalement administratif. "Le dysfonctionnement se fait à ce moment-là", a affirmé le ministre.

Selon un rapport interne de la patronne de la DRPP daté de samedi et révélé par France Inter, il aurait précisément déclaré: "C'est bien fait", suscitant l'inquiétude de collègues. Ces "signes de radicalisation" n'avaient toutefois pas été suivis d'autres alertes significatives, selon ce document adressé à M. Castaner.

Les agents chargés des signalements de la radicalisation auraient ainsi régulièrement pris des nouvelles du comportement de l'informaticien auprès de ses collègues et de son chef, selon qui il n'y avait "aucun souci avec M. Harpon". Deux fonctionnaires ont affirmé d'ailleurs n'avoir à leur niveau, rien "détecté de suspect" dans son attitude, selon ce rapport.

Ce document de quatre pages fait apparaître la complexité du profil de l'assaillant, un employé "bien noté" qui avait cessé de faire la bise à une collègue mais ne manifestait "aucune animosité envers les femmes". En février 2019, il avait fait part de certaines "frustrations" liées à ses troubles auditifs "lourds" -- qui semblaient freiner sa carrière.

- Castaner entendu mardi -

Critiqué pour avoir déclaré après la tuerie que M. Harpon "n'avait jamais présenté de difficultés comportementales" ni "le moindre signe d'alerte", M. Castaner a tenté de se justifier dimanche.

"Je suis affirmatif dans le fait qu'aucun signe n'était apparu dans le dossier administratif de l'individu qui laisse penser qu'il puisse être radicalisé. Je vous le redis et je le dis hélas car si un signe était apparu, peut-être aurions nous pu éviter cela", a estimé le ministre, rejetant les appels à sa démission lancés notamment à droite et à l'extrême droite.

"La question (de ma démission, NDLR) se pose-t-elle? Non", a tranché M. Castaner, qui a reçu le soutien du Premier ministre Edouard Philippe dans les colonnes du JDD, où il a également annoncé deux missions sur la radicalisation des agents chargés de la lutte antiterroriste.

Plusieurs fois fragilisé depuis son arrivée place Beauvau à l'automne 2018, le ministre est toutefois loin d'en avoir fini avec la controverse: il devra s'expliquer mardi à huis clos devant la délégation parlementaire au renseignement, a indiqué son président Christian Cambon à l'AFP.

En attendant, les enquêteurs cherchent à éclaircir notamment la nature des informations auxquelles l'assaillant a pu avoir accès à la préfecture, où il travaillait depuis 2003 et où il bénéficiait d'une habilitation secret defense.

"Nous ne savons pas les informations auxquelles il a eu accès", a déclaré dimanche sur BFMTV le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nuñez, qui a écarté "à ce stade" l'hypothèse selon laquelle il aurait fait partie d'une cellule jihadiste.

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