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Turquie : libération conditionnelle d'une députée kurde en grève de la faim

Une députée kurde observant depuis 79 jours une grève de la faim qui a entraîné une grave détérioration de son état de santé a été remise en liberté conditionnelle vendredi dans le sud-est de la Turquie.

La décision de faire sortir de prison Leyla Güven, détenue depuis janvier 2018, a été prise par un tribunal de Diyarbakir, la principale ville de cette région dont la population est en majorité kurde.

Cette mesure a été assortie d'une interdiction de quitter le territoire. Son procès a été ajourné au 29 mai.

Quelques heures après cette décision, la députée du Parti démocratique des peuples (HDP), le principal parti prokurde en Turquie, a été libérée de la prison de Diyarbakir et conduite vers son domicile à bord d'une ambulance, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Mme Güven, 55 ans, n'était pas présente à l'audience à laquelle ont assisté des représentants de plusieurs partis européens de gauche pour exprimer leur solidarité avec l'élue kurde.

Celle-ci avait entamé une grève de la faim en prison le 8 novembre afin de dénoncer les conditions de détention d'Abdullah Öcalan, le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes de Turquie), qui purge une peine de prison à vie sur une île proche d'Istanbul après avoir été capturé par la Turquie en 1999.

- "Poursuivre la grève" -

La codirigeante du HDP, Pervin Buldan, a rendu visite à Leyla Güven après sa remise en liberté, affirmant qu'elle allait "poursuivre sa grève de la faim chez elle".

Sur des photos de la rencontre, on peut voir la députée, affaiblie et portant un masque hygiénique, la tête appuyée sur l'épaule de Mme Buldan.

Selon le HDP, des médecins doivent l'examiner vendredi et rendre public un rapport sur son état de santé.

"Nous, on est là, ici aujourd'hui, pour exprimer notre solidarité avec Leyla Güven, notre solidarité avec le HDP, pour soutenir et appuyer sa revendication qui est la libération de tous les prisonniers politiques en Turquie et la rupture de l'isolement que subit Öcalan", a déclaré à l'AFP devant le tribunal Danielle Simonnet, une personnalité de La France Insoumise (gauche radicale).

Le HDP avait affirmé le 10 janvier que sont état de santé s'était à un tel point dégradé que sa vie était "en danger".

Selon ce parti, Leyla Güven a perdu "quelque 15 kilos" depuis qu'elle a cessé de s'alimenter et "ne peut plus marcher seule".

Le HDP affirme que des dizaines de "prisonniers politiques" ont observé des grèves de la faim dans les prisons turques pour protester contre "le maintien à l'isolement" de M. Öcalan sur l'île d'Imrali.

Leyla Güven a été arrêtée en janvier 2018 après avoir critiqué l'offensive militaire turque alors en cours dans l'enclave en majorité kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie.

Après la décision du tribunal, des partisans du HDP se sont rassemblés devant la prison de Diyarbakir pour attendre sa sortie.

"Les autorités ont attendu qu'elle soit à l'article de la mort pour la libérer. L'Etat n'aurait pas dû la traiter de la sorte", a déclaré à l'AFP l'un d'eux, Ramazan Yakar.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d'être la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, est détenu depuis novembre 2016. Il est accusé de diriger une "organisation terroriste", de "propagande terroriste" et d'"incitation à commettre des crimes".

Ce parti a été frappé de plein fouet par les purges qui ont suivi la tentative de putsch de juillet 2016 et plusieurs de ses députés ont été arrêtés.

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