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Turquie: libération d'un journaliste germano-turc emprisonné

La justice turque a décidé vendredi de remettre en liberté un journaliste germano-turc emprisonné pour "terrorisme" depuis un an, levant un obstacle majeur sur la voie d'une amélioration des relations très tendues du pays avec l'Allemagne.

Selon l'agence étatique turque Anadolu, le journaliste a été remis en liberté conditionnelle après avoir accepté un acte d'accusation réclamant jusqu'à 18 ans de prison contre lui. L'agence n'a pas précisé dans l'immédiat quelles étaient les accusations portées contre M. Yücel.

"Nous pouvons confirmer que M. Deniz Yücel a été remis en liberté, nous sommes soulagés et contents", avait auparavant indiqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Rainer Breul, lors d'un point de presse à Berlin.

Le porte-parole avait précisé que le chef de la diplomatie allemande, Sigmar Gabriel, "s'est beaucoup investi dans les derniers jours et les dernières heures pour contribuer à une solution" en liaison avec son homologue turc.

"Une décision de remise en liberté a finalement été rendue concernant mon client", a assuré de son côté sur Twitter l'avocat du journaliste, Veysel Ok.

- 'Enfin' -

L'employeur du journaliste s'est aussi réjoui de la nouvelle. "Enfin! le correspondant de Die Welt, en prison depuis plus d'un an, va être libre", a indiqué le journal sur son site internet.

La veille, la chancelière Angela Merkel avait fait pression sur son homologue turc Binali Yildirim à Berlin, prévenant que les relations bilatérales ne pourraient s'améliorer sans avancée sur ce dossier.

"J'ai souligné pour la énième fois le caractère urgent de ce cas" qui a "terni nos relations et continue à le faire", avait dit Angela Merkel. La veille de sa venue en Allemagne, le chef du gouvernement turc avait dit "espérer" une libération prochaine du journaliste, dans une interview à un média allemand, laissant ainsi entendre que le dossier était en train de se régler.

Les autorités allemandes n'ont cessé de réclamer depuis un an la libération de ce journaliste, interpellé pour des "activités terroristes" dans le cadre des purges en Turquie qui ont suivi le putsch manqué contre le président Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016.

Placé en détention provisoire, Deniz Yücel, 44 ans, n'a toujours pas reçu son acte d'accusation. Plusieurs actions de solidarité ont eu lieu cette semaine en Allemagne à l'occasion du premier anniversaire de sa mise en détention.

D'autres militants des droits de l'Homme, germano-turcs ou allemands, ont été récemment remis en liberté par les autorités turques après des arrestations similaires, contribuant à détendre un peu les relations entre les deux pays.

- 'Nazisme' -

Elles ont connu une phase de brouille inédite pendant un an et demi, liée principalement aux critiques de Berlin contre les dérives autoritaires en Turquie et aux accusations d'Ankara en retour de laxisme des autorités allemandes à l'égard des Kurdes installés sur son territoire. Les tensions ont atteint leur pic l'an dernier lorsque le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan est allé jusqu'à accuser les dirigeants allemands de pratiques dignes du "nazisme".

Les médias allemands se sont interrogés sur l'existence d'une possible "monnaie d'échange" payée par Berlin pour des remises en liberté de ses ressortissants ou bi-nationaux sous forme par exemple de livraisons d'armes à la Turquie, partenaire de l'Allemagne au sein de l'Otan.

"Je peux exclure qu'il y ait eu un quelconque deal" à propos du journaliste de Die Welt, a assuré vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Les relations bilatérales, traditionnellement fortes en raison de la présence de 3 millions de Turcs en Allemagne, ne vont pour autant pas passer immédiatement au beau fixe. La détention de Deniz Yücel ne constituait "pas le seul sujet de dissonance" entre les deux pays, a prévenu le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Angela Merkel a averti jeudi son homologue turc par exemple qu'aucune extension de l'Union douanière entre la Turquie et l'UE - souhaitée par Ankara - n'était envisageable sans amélioration de l'Etat de droit dans le pays.

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