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Turquie: reprise du procès Cumhuriyet qui dénonce l'"oppression"

Le procès de 17 collaborateurs du quotidien d'opposition turc Cumhuriyet qui risquent jusqu'à 43 ans de prison a repris vendredi, le journal appelant à "mettre fin à l'oppression" alors que son patron et son rédacteur en chef sont écroués depuis près de 500 jours.

La sixième audience du procès a débuté en fin de matinée à Silivri, près d'Istanbul après un rassemblement devant le tribunal organisé par des soutiens de ce journal farouchement critique du président Recep Tayyip Erdogan, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le patron du journal Cumhuriyet, Akin Atalay, et son rédacteur en chef Murat Sabuncu, tous deux incarcérés depuis 495 jours, ainsi que le journaliste d'investigation Ahmet Sik, écroué depuis 434 jours, figurent parmi les 17 collaborateurs du journal jugés au cours de ce procès.

D'autres grands noms des médias en Turquie sont au banc des accusés, comme le chroniqueur francophone Kadri Gürsel et le caricaturiste Musa Kart, qui comparaissent libres après avoir été libérés l'année dernière après plusieurs mois de détention.

"Qu'on mette fin à cette oppression", titrait vendredi Cumhuriyet, dont les collaborateurs sont accusés d'"activités terroristes" dans cette affaire qui cristallise les inquiétudes liées à la liberté de la presse sous la présidence de M. Erdogan.

Ils risquent jusqu'à 43 ans de prison pour des accusations d'aide à trois groupes classés "terroristes" par Ankara : le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation d'extrême gauche appelée DHKP-C, et le mouvement du prédicateur Fethullah Gulen.

Ce dernier, qui vit en exil aux Etats-Unis, est désigné par Ankara comme l'instigateur de la tentative de putsch du 15 juillet 2016, mais nie toute implication.

Cumhuriyet rejette ces accusations et soutient que ce procès vise à réduire au silence l'un des derniers journaux indépendants du pays.

Ce procès suscite l'inquiétude des partenaires occidentaux de la Turquie, où les autorités ont multiplié les arrestations de journalistes après le putsch manqué.

Jeudi, 25 journalistes accusés d'être liés à la tentative de putsch ont ainsi été condamnés à des peines allant jusqu'à sept ans et demi de prison.

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par l'ONG Reporters sans frontières (RSF).

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