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Tweet polémique sur Hong Kong: la NBA embarrassée, tollé aux Etats-Unis

A coup d'excuses, le basket américain a tenté lundi de calmer la situation avec la Chine après un tweet de soutien aux manifestants de Hong Kong posté par le directeur général de la franchise texane des Houston Rockets, une attitude très critiquée aux Etats-Unis.

Le tweet de Daryl Morey, appelant vendredi dernier à soutenir les manifestations pro-démocratie à Hong Kong, a fait des dégâts: les réactions indignées se sont multipliées en Chine, la chaîne d'Etat chinoise CCTV a annoncé qu'elle ne retransmettrait plus les matches des Rockets et plusieurs sponsors ont menacé de rompre les ponts avec le club texan.

"Nous nous excusons. Nous aimons la Chine. Nous aimons jouer là-bas", a déclaré la star des Houston Rockets James Harden lors d'une conférence de presse à Tokyo, tentant de jouer l'apaisement.

- "Regrettable" -

Dans un communiqué, la NBA a reconnu que le point de vue de M. Morey avait "offensé tant de nos amis et fans en Chine, ce qui est regrettable". Une version chinoise du communiqué, postée sur Weibo (le Twitter chinois), allait même plus loin en assurant que la NBA était "profondément déçue par les remarques inappropriées" du dirigeant des Rockets.

"Je n'avais pas l'intention d'offenser les fans des Rockets ni mes amis en Chine avec mon tweet", a rétropédalé lundi M. Morey. "J'ai simplement exprimé une pensée, basée sur une interprétation d'une situation compliquée. J'ai eu beaucoup d'occasions depuis ce tweet d'entendre d'autres points de vue".

Il a aussi insisté sur le fait que ses tweets ne représentaient "en aucun cas" le point de vue de son équipe, très populaire en Chine, ni de la NBA.

Le propriétaire des Brooklyn Nets Joseph Tsai, milliardaire canado-taïwanais cofondateur du géant chinois de l'e-commerce Alibaba, a expliqué dans un message pourquoi le tweet était, selon lui, intolérable pour le gouvernement de Pékin et les Chinois.

"Les dégâts provoqués par cet incident mettront du temps à s'effacer", a estimé l'actionnaire principal des Nets, qui affronteront les Los Angeles Lakers en exhibition jeudi à Shanghai, puis deux jours plus tard à Shenzhen (sud de la Chine).

Derrière ces excuses, il y a des enjeux financiers considérables pour la ligue américaine et ses franchises.

En 2017-18, 640 millions de personnes en Chine ont regardé des images de la saison NBA. Par comparaison, la finale de cette saison-là n'a été vue, en moyenne, que par 17,7 millions d'Américains.

La NBA a récemment reconduit pour 5 ans, jusqu'en 2025, un accord de diffusion en streaming avec le géant chinois Tencent, qui porterait sur 1,5 milliard de dollars au total, selon le Wall Street Journal.

"L'impact économique est déjà clair", a commenté le patron de la NBA, Adam Silver, lundi auprès de l'agence japonaise Kyodo News au sujet de la crise. "Ce tweet a déjà eu des conséquences assez dramatiques".

Cependant, il a dans le même temps défendu le fait que M. Morey puisse exprimer son opinion.

"Je tiens à préciser que Daryl Morey est soutenu quant à son droit d'exercer sa liberté d'expression. Il existe des valeurs qui font partie de cette ligue depuis ses débuts, et qui incluent la liberté d'expression", a-t-il ajouté.

- "Honteux rétropédalage" -

Ces dernières remarques font suite aux excuses de la NBA, qui n'ont pas fait l'unanimité aux Etats-Unis et ont été dénoncées par plusieurs élus au Congrès.

"La Chine essaye d'utiliser la puissance de son marché pour faire taire les critiques", a réagi lundi la candidate à la primaire démocrate et sénatrice Elizabeth Warren. "En réponse, la NBA choisit son portefeuille plutôt que ses principes".

Dans la foulée, plusieurs parlementaires ont appelé à l'annulation des deux matches amicaux prévus cette semaine en Chine entre Lakers et Nets.

"Nous valons mieux que ça, les droits humains ne devraient pas être à vendre et la NBA ne devrait pas soutenir la censure communiste chinoise", a tweeté l'ex-sénateur républicain Ted Cruz, évoquant un "honteux rétropédalage".

Les Rockets jouissent d'une forte popularité en Chine depuis le recrutement en 2002 du pivot chinois Yao Ming, qui est resté jusqu'à la fin de sa carrière en 2011 à Houston.

Région semi-autonome située au sud de la Chine, Hong Kong traverse depuis quatre mois sa pire crise politique, avec des manifestations quasi-quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés ainsi que la mainmise grandissante du gouvernement chinois sur sa gestion.

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