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Ukraine, trois mois de guerre: "Au mois d'août, va se jouer le tournant" pour le Donbass

Cela fait trois mois aujourd'hui que la Russie à lancé son offensive en Ukraine et elle est bien déterminée à atteindre ses objectifs, notamment à l'Est du pays, dans la région du Donbass où les combats sont toujours très intenses.

La guerre en Ukraine est entrée ce mardi dans son troisième mois et en dépit de la résistance acharnée des forces de Kiev, les troupes russes sont en passe de conquérir toute la région de Lougansk, dans le Donbass, le bassin minier de l'est du pays où se concentrent les principaux combats depuis plusieurs semaines. De hauts responsables russes ont admis mardi que le conflit allait durer, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou prévenant que "l'opération militaire spéciale" en Ukraine se poursuivrait "jusqu'à la réalisation de tous les objectifs".

Nicolas Gosset est chercheur à l'institut royal supérieur de défense. Il était l'invité de la rédaction du RTL INFO 19H pour apporter son éclairage sur le conflit: "Ce qu'on voit ces dernières semaines, c'est une intensification et une concentration de l'effort russe d'abord sur la partie nord du Donbass, mais aussi de plus en plus sur la partie sud de Donetsk", a-t-il analysé.

Pour Nicolas Gosset, les forces armées russes parviennent peu à peu "par grignotage, à quasiment dominer la région nord. (…) On voit que c'est au moment du mois d'août que va probablement se jouer le tournant dans la conquête du Donbass par la Russie."

Les intentions de Poutine restent floues 

La chute des villes de l'est de l'Ukraine reste à l'heure actuelle hypothétique. "Les objectifs de Vladimir Poutine apparaissent encore aujourd'hui come très incertains. Au début, on avait cette tentative de renversement de l'Ukraine. Aujourd'hui, le focus est sur le Donbass. Rien ne dit que si la Russie arriverait à conquérir le Donbass s'arrêterait là. On peut considérer un Vladimir Poutine 'bombant' sur sa victoire et continuant plus loin, à l'automne, à l'hiver. Tout va dépendre du succès éventuel de la Russie dans le Donbass", conclut l'expert.



Voici un point de la situation au 90e jour:

L'Est

Après avoir éloigné les forces russes des deux plus grandes villes du pays, la capitale Kiev fin mars et début avril, puis Kharkiv (nord-est) en mai, les Ukrainiens reconnaissent depuis quelques jours des "difficultés" dans le bassin houiller Donbass, formé par les provinces de Lougansk et de Donetsk.

Moscou concentre précisément sa puissance de feu sur le réduit ukrainien de la région de Lougansk, essayant de cerner les villes de Severodonetsk et de Lyssytchansk.

Le ministère ukrainien de la Défense a aussi évoqué d'intenses combats en cours à proximité de là, dans les environs des localités de Popasna et de Bakhmout.

La chute de Bakhmout, dans la province de Donetsk, donnerait aux Russes le contrôle d'un carrefour qui sert actuellement de centre de commandement impromptu pour une grande partie de l'effort de guerre ukrainien.

"La plus grande activité hostile" est observée "près de Lyssytchansk et de Severodonetsk" que les Russes cherchent à "encercler", selon l'état-major ukrainien.

"Aujourd'hui, nous constatons que le nombre des bombardements à Severodonetsk a augmenté (...). Ils détruisent simplement toute la ville", a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk Serguiï Gaïdaï.

"La capture de la poche de Severodonetsk verrait tout l'oblast de Lougansk placé sous occupation russe", résume le ministère britannique de la Défense, précisant que ces combats ne sont "qu'une partie de la campagne russe pour prendre le contrôle de tout le Donbass".

Le Sud

Le front méridional semble quant à lui stable, bien que les Ukrainiens y revendiquent des gains territoriaux. Le commandement sud a fait état, dans la nuit de lundi à mardi, d'une "avancée" de ses divisions "à travers la région de Mykolaïv en direction de la région de Kherson", contrôlée par les Russes qui y ont introduit leur monnaie, le rouble. Il a accusé les "occupants" d'avoir tué des civils cherchant à fuir en voiture.

Les forces ukrainiennes pilonnent désormais les positions russes avec des systèmes d'artillerie occidentaux tout nouvellement acheminés, notamment des obusiers américains, a expliqué à l'AFP un porte-parole de l'armée ukrainienne.

Par ailleurs, le Danemark s'est engagé à fournir des missiles Harpoon à l'Ukraine, qui tente de contrer le blocus imposé par la marine russe au port d'Odessa, vital pour les exportations de blé.

Selon l'Institut des études de la guerre (ISW), les Russes se préparent dans le sud pour des opérations prolongées et pour faire face aux contre- offensives ukrainiennes.

Dizaines de milliers de morts

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent de 20.000 morts. Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à plus de 29.200 hommes, 204 avions et près de 1.300 chars depuis le début de l'invasion le 24 février.

Le Kremlin a admis des "pertes importantes". Des sources occidentales évoquent quelque 12.000 soldats russes tués, une bonne source militaire française a confirmé à l'AFP un chiffre estimé de l'ordre de 15.000.

Ces pertes sur trois mois avoisinent celles enregistrées en neuf ans par l'Armée soviétique en Afghanistan, souligne le ministère britannique de la Défense. Le président Zelensky a déclaré mi-avril qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10.000 blessés.

Aucune statistique indépendante n'est disponible.

Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de huit millions d'Ukrainiens étaient déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). S'y ajoutent 6,5 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié - 3,4 millions - en Pologne.

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