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Un haut fonctionnaire japonais accusé de harcèlement sexuel échappe à une enquête

Le ministre japonais des Finances Taro Aso a décidé de ne pas enquêter ni d'envisager de sanctions à l'encontre d'un haut fonctionnaire de son ministère accusé d'avoir harcelé sexuellement plusieurs femmes journalistes, estimant que celui-ci s'était montré "suffisamment repentant".

L'hebdomadaire Shukan Shincho a rapporté cette semaine que le vice-ministre administratif des Finances Junichi Fukuda avait harcelé une journaliste dans un bar, demandant de pouvoir toucher ses seins et l'embrasser.

Le magazine ajoute que plusieurs autres femmes journalistes avaient dit avoir été harcelées par M. Fukuda, qui aurait demandé de les embrasser et de les emmener dans un hôtel.

Ces allégations interviennent alors que le gouvernement est confronté à un double scandale de favoritisme qui a sérieusement écorné la cote de popularité jusque-là élevée du Premier ministre Shinzo Abe et suscité des appels de l'opposition à une démission de MM. Abe et Aso.

Tandis que M. Fukuda nie ces accusations, le ministre des Finances a de son côté dit jeudi avoir lancé un avertissement au fonctionnaire au sujet de sa conduite en précisant ne pas avoir l'intention d'enquêter plus avant ou de le sanctionner.

"Je lui ai dit d'agir avec un sens des bienséances, étant donné le climat actuel", a déclaré M. Aso devant le Parlement, dans une apparente allusion à l'attention dont fait déjà l'objet le gouvernement du fait du scandale de favoritisme.

"Comme j'ai eu l'impression qu'il était suffisamment repentant, je n'ai pas l'intention d'enquêter plus loin", a-t-il ajouté, estimant inutile de punir M. Fukuda et qu'un "avertissement oral suffisait".

Vendredi, le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga a refusé tout commentaire sur le sujet, disant simplement être d'accord avec "les déclarations du ministre Aso" devant le Parlement.

Après des révélations sur la falsification de documents concernant la vente d'un terrain de l'Etat à un prix très inférieur à sa valeur de marché, des sondages de mars ont montré une chute du taux de soutien à M. Abe à des plus bas depuis les législatives d'octobre qui lui avaient donné une large victoire pour un nouveau mandat. M. Abe a nié toute implication dans cette affaire.

Le Japon est un des pays où la représentation des femmes en politique est la plus faible et est marqué par un sexisme profondément ancré.

Selon un sondage réalisé par le gouvernement en 2017, seulement 2,8% des victimes de viols ont dit en avoir parlé à la police, tandis que 58,9% n'en avaient parlé à personne, pas même à des amis ou à des membres de leur famille. Le mouvement #MeToo, qui a renforcé la prise de conscience du problème du harcèlement sexuel à l'échelle mondiale a reçu au Japon, à l'exception de quelques voix, un accueil quasi muet.

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