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Un libraire prodémocratie de Hong Kong lève 90.000 euros pour sa librairie à Taïwan

Un libraire de Hong Kong, réfugié à Taïwan après avoir été détenu en Chine continentale pour avoir vendu des ouvrages critiquant le régime, a annoncé vendredi avoir collecté plus de 90.000 euros en moins d'une journée pour financer l'ouverture d'une librairie à Taïwan.

Lam Wing-kee s'était enfui à Taïwan pour éviter d'être livré à Pékin alors que le territoire étudiait un changement de ses règles d'extradition, annonce qui a provoqué des mois de manifestations massives dans les rues du haut-lieu de la finance internationale.

L'homme de 64 ans était l'un des cinq libraires de Hong Kong "disparus" fin 2015 après avoir vendu des ouvrages critiques envers Pékin. Ils avaient été emprisonnés en Chine où ils avaient fait des "aveux" télévisés.

Tous travaillaient pour Mighty Current, une maison d'édition spécialisée dans les titres salaces sur la vie privée des dirigeants chinois et les intrigues politiques au sommet du pouvoir. Leur disparition avait été vivement condamnée par la communauté internationale et avait semé la panique à Hong Kong.

M. Lam a lancé une campagne de financement participatif en ligne jeudi soir pour ouvrir une librairie à Taïwan.

Vendredi soir, plus de 1.600 personnes avaient fait des promesses de don s'élevant à plus de 3,11 millions de dollars taïwanais (90.3000 EUR), dépassant en moins d'une journée son objectif annoncé de 80.000 euros (2,8 millions TWD).

"Merci à toutes les personnes qui m'ont soutenu (...) merci de m'avoir donné du courage pour accomplir mon projet", a déclaré M. Lam dans une publication sur la page Facebook de son projet.

Lam Wing-kee a ajouté qu'il comptait choisir un emplacement et ouvrir sa librairie d'ici la mi-2020.

M. Lam avait lancé l'alerte sur le sort des libraires disparus.

Après huit mois d'emprisonnement, il avait été autorisé à revenir en juin 2016 à Hong Kong à condition de récupérer un disque dur contenant la liste des clients de la librairie et de rentrer en Chine continentale.

Au lieu de quoi il avait convoqué une conférence de presse pour livrer des révélations explosives sur ce qui lui était arrivé quand il s'était rendu en Chine, comment les policiers chinois lui avaient bandé les yeux et l'avaient interrogé pendant des mois.

M. Lam avait fui à Taïwan, qui n'a pas d'accord d'extradition avec la Chine, après l'annonce cette année par le gouvernement de Hong Kong d'un projet permettant de livrer des personnes à la Chine continentale.

M. Lam ayant contrevenu aux conditions de sa libération sous caution, il est techniquement recherché par la Chine.

Taïwan rechignait ces dernières décennies à accueillir ceux qui fuient l'autre rive du détroit de Formose de peur de compliquer encore les relations avec Pékin ou provoquer un afflux massif.

- Visas humanitaires -

La législation taïwanaise ne reconnaît pas le droit d'asile mais Taïwan a dans certaines occasions octroyé des visas humanitaires ou à long terme à des dissidents.

La présidente de Taïwan Tsai Ing-wen a promis le 19 juillet d'aider des manifestants de Hong Kong en quête d'un refuge, irritant Pékin qui a demandé au gouvernement de l'île de ne pas "s'ingérer" dans les affaires du territoire semi-autonome.

Les relations entre Taïwan et Pékin sont glaciales depuis l'arrivée à la présidence en 2016 de Mme Tsai, qui se représente en janvier.

Mme Tsai et son Parti progressiste démocratique (PPD) refusent de reconnaître le principe selon lequel Taïwan fait partie d'une "Chine unique".

Le projet de loi controversé sur les extraditions, qui devait permettre d'envoyer des suspects en Chine, a été le déclencheur en juin de la mobilisation sans précédent dans l'ex-colonie britannique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.

Mercredi, la cheffe pro-Pékin de l'exécutif hongkongais Carrie Lam a soudainement annoncé renoncer au texte, après avoir refusé de totalement l'enterrer pendant des mois.

Mais cette décision surprise d'accéder à l'une des demandes clés du mouvement a été considérée comme une réponse trop faible et trop tardive par les manifestants qui continuent d'organiser des rassemblements pour exiger des réformes démocratiques et dénoncer la responsabilité de la police dans les violences.

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